Témoignages: Vos frayeurs en rando?

Le 4 mai 2016 à 01h58

Nous somme tous (en particulier les plus expérimentés d’entre nous) sensés connaître les différents dangers liés à nos pérégrinations en montagne, et prendre les précautions qui s’imposent... Cependant, l’habitude, l’excès de confiance, la méconnaissance des conditions, ou parfois un concours de circonstances nous conduisent, rarement mais parfois pourtant, à nous retrouver dans des situations délicates ou même dangereuses... C’est d’ailleurs ces situations, souvent plus que nos connaissances, qui nous mettent "du plomb dans le cerveau" et nous incitent à la prudence...

Je pense que ces expériences devraient être partagées, histoire que chacun d’entre nous puissions apprendre via des exemples concrets, et nous inciter à des précautions motivés par des "ça peut arriver" illustrés par des exemples concrets plutôt qu’un savoir demeurant abstrait, donc éloigné...

Réponses

  • par Le 4 mai 2016 à 01h58

    Bon, je commence...

    Un beau mois d’août, mais instabilité et des orages annoncés... Cependant, un ciel bleu matinal m’incite à faire une petite sortie avant l’arrivée des nuages...

    Destination Sommand et la Haute Pointe, une courte rando facile, 400m de dénivelé, 2h30 aller-retour... Suffisamment court pour "voir arriver", d’autant plus que de nombreux chalets jalonnent l’itinéraire...

    Arrivé au col de Chavan. Grosse brume et quelques nuages, mais rien de bien méchant, si ce n’est une petite strate nuageuse au dessus du sommet masquant le soleil... Sommet 30min plus tard... La strate s’était un peu étendue, mais le plus curieux était le fort vent chaud qui montait le long de la face... Bon, on ira caser la croûte de l’autre côté de la crête, mais bizarrement, le fort vent chaud montait aussi de ce côté là !

    Soudain, je réalise que cette "strate nuageuse" qui s’étendait et s’assombrissait à vue d’oeil était en fait la base plate d’un gros nuage en train de gonfler... Au loin, un éclair tombe sur le Bargy, qui semblait pourtant à l’écart des nuages...

    10 secondes pour remballer le casse-croûte, et on dégringole de la montagne... Le troupeau de moutons du coin me suit dans la débandade... De retour au col de Chavan, un gros coup de tabac s’abat sur Chavasse et Chalune tout proches... On trouvera refuge aux chalets sous le col... Gros orage "son et lumière", torrents d’eau...

    Leçon du jour : Un orage ça vient vite et on ne le voit pas arriver... On le sait mais on se fait encore surprendre... Même si le sommet est à 30min, c’est peut-être 30min de trop...

  • par Le 4 mai 2016 à 07h00

    Lors d’une sortie à la Pointe de Ressachaux, arrivé au sommet je décide de rejoindre le col du Pic à Talon par les Tranchants.
    Je commençais tout juste à expérimenter le terrain à chamois en montagne et était plein de la confiance qu’ont les jeunes adultes.
    A un moment donné je suis une trace de moutons qui m’envoie côté Est de l’arête, bonne trace, intelligente et sûre. J’arrive face à un gros rocher que je dois contourner un peu en dévers (les pieds plus loins que les mains) et une fois bien engagé et bien agrippé à lui je le sens bouger prêt à tomber.
    Grand moment de flottement entre "est-ce que j’ai le temps de ma lancer ?", "deviens de l’hélium" ou "si jamais, comment je pourrais m’arrêter ?".
    Du coup j’ai fait le plus vite possible, le rocher a tenu et ça m’a appris la prudence.

  • par Le 4 mai 2016 à 09h00

    Pas de très grosse frayeur à signaler pour ma part, juste quelques prises de conscience après-coup, lors du regard arrière. Entre le Petit et le Grand Taillefer, souvenir ému de cette crête effilée sur laquelle toute erreur serait fort dommageable. A la montée du Petit Vallon à Bramans, montée dans une roche-confettis, instable et friable, qui menace de partir en avalanche à chaque pas... tout cela pour ne pas renoncer à 50m du sommet... Parfois, la frayeur est souvent causée par une envie irrépressible d’atteindre un objectif, alors que le renoncement serait plus approprié. Mais la sagesse n’est pas forcément compagne du randonneur.

  • par Le 4 mai 2016 à 09h38

    Samoens - Sixt, montée au pas du Boret. Le sentier facile et exposé par excellence...

    Le paysage est magnifique, montée tranquille l’appareil photo dans une main, les bâtons de rando négligemment tenus dans l’autre... Trop négligemment d’ailleurs, car l’un d’eux décide d’aller me faire un croche-pied... J’en serais quitte pour une petite frayeur.

  • par Le 4 mai 2016 à 09h59

    La seule vraie grosse frayeur que j’ai eu c’est sur une course d’alpinisme.
    Une chute de sérac au dessus de nous...là où nous passions un quart d’heure plus tôt, mais assez puissant pour nous expédier des tonnes de neige et de caillasses dans un fracas étourdissant.
    Nous étions sur le bas de la moraine, encore encordés, et chacun partant dans sa direction nous nous sommes neutralisés... au final on s’est jeté à terre sous la protection heureuse de quelques gros blocs.
    En finalité ça ne tient pas à grand chose, mais je me suis souvent persuadé qu’en tant d’années de pratique de la montagne, c’est plus ou moins inévitable que ça arrive un jour.
    L’émotion passée, je me suis dis que j’ai plus de chance de me faire buter à vélo ou sur un passage clouté.
    Je pense que la la prudence est le cimetière des rêves. Qu’il faut connaître les risques, parfois renoncer, mais l’essentiel pour moi c’est de garder l’esprit aventureux quelque soit le terrain.
    J’ai une trouille excessive des orages, et je ne fais jamais d’impair sur ce point.
    Comme je l’avais déjà écris, ce qui fait le charme de nos pérégrinations, c’est que l’imprévu peut advenir.
    C’est peut-être aussi ça le prix de la liberté.
    Merci Pascal pour cette thérapie de type "montagnards anonymes"

  • par Le 4 mai 2016 à 16h27

    Excellente question Pascal.
    Pour ma part deux frayeurs mais radicalement différentes.
    La première, la pente de neige se dérobe sous mes skis dans la descente du col de la Grande Casse versant Champagny. Heureusement la plaque était de très faible épaisseur donc j’ai juste été entrainé sur quelques mètres.
    La deuxième lors d’une promenade dans les alpages en Maurienne avec ma petite dans le dos. Une vache d’un coup me fonce dessus sans raison particulière. J’ai eu le temps de l’éviter et de monter dans des rochers mais on n’est pas très leste avec 15kg dans le dos...depuis j’ai une forme d’appréhension à proximité d’un troupeau.

  • par Le 4 mai 2016 à 18h25

    Houla ! En 40 ans de montagne, j’en ai eu des tas. Une parmi d’autres...
    Ascension de la Roche de la Muzelle par le refuge homonyme. Descente par le vallon de Lanchatra. Dans le vallon, une portion de sentier en corniche au-dessus du torrent qui coulait 20 mètres en contrebas.
    Sur le sentier 3 pierres plates d’environ 30cm x 30, chacune.
    Nous étions 3. Le premier met le pied sur la pierre du milieu, rien ne bouge. Le second met le pied sur la pierre du milieu, rien ne bouge. Je met le pied sur la pierre du milieu, les 3 pierres partent dans le torrent. Je me suis rattrapé par miracle.

  • par Le 4 mai 2016 à 18h49

    En général, je renonce dès que j’arrive au stade "frayeur". Exemple : montée à la Grande Sassière, je n’étais pas bien ni physiquement ni moralement, et après le grand replat, il y a un passage un peu technique. J’ai été pris d’une peur un peu déraisonnable sans doute de tomber, j’ai fait demi-tour.

    J’ai une peur bleue des orages, que j’ai toujours su éviter pour le moment.

    Autre frayeur, petite balade tranquille de printemps au Crêt de la goutte, montée bien facile et sans trop faire attention, et hop, un pas plus loin je suis 1m50 plus bas, pont de neige derrière un gros rocher ayant lâché...

  • par Le 4 mai 2016 à 18h51

    Falaise du Trélod en escalade, chute de pierre j’avais l’impression qu’elles me frôlaient les oreilles lorsque j’y pense je les entends encore rebondir ! J’étais mauvaise ! j’ai tout arrêté.

  • par Le 5 mai 2016 à 01h52

    Un matin d’août, col de Bostan, montée en direction du Pas du Taureau. Trace sur un névé débonnaire recouvrant le sentier sous-jaçant, longeant la base d’une falaise sur une courte distance... Soudain, un bruit sourd derrière moi. Un énorme parpaing était tombé de la falaise et avait creusé un cratère dans la neige, à 10m derrière moi. Aucun autre bruit entendu que celui de l’impact, aucune chance de l’entendre arriver...

    D’ou l’intérêt du casque dès qu’on longe les falaises même dans les balades débonnaires, même si dans ce cas précis, cela n’aurait guère aidé vu la taille de la pierre...

  • par Le 5 mai 2016 à 11h11

    Aux dents de lanfon, montée pénible du petit couloir en terre et gravillons pourris mais sans problème, mais à la descente, avec un angle de vue totalement différent, je ne vois pas le sentier qui quitte le couloir et continue à le descendre sur une quinzaine de mètres, jusqu’à me retrouver presque suspendu au dessus de petites barres, et impossible de remonter sur ce terrain pourri. il m’en coutera une traversée horizontale avec quelques pas dangereux pour retrouver le chemin environ 10 mètres sur le côté, et surtout rétrospectivement une grosse frayeur. Moralité : ne plus jamais partir seul dans un endroit peu évident que l’on ne connait pas, et bien repérer à la montée les passages paumatoires du retour.

  • par Le 5 mai 2016 à 12h17

    Salut Manu,
    Je te trouve un peu dur avec toi à vouloir t’infliger des leçons de morale !
    Il faut en être économe car d’autres le font mieux que nous ! (prélats, médias, politiques etc...)
    En réalité tu viens peut-être de découvrir qu’en montant... la vision du terrain n’est pas la même qu’en descendant !
    Rien n’empêche de progresser avec d’autres, mais rien ne vaut le solo pour aiguiser ses sens !

    C’est vrai qu’on a tous des histoires de cailloux qui fusent à deux pas ou qui se dérobent sous nos pieds, mais le coup de la vache... ça c’est quelque chose !
    Il faudra éviter les promenades en Camargue David car les vachettes ont le tempérament de Galipette après une chute de pierre 🙂

    Gardez la pêche !

  • par Le 5 mai 2016 à 12h59

    @michel, non je ne m’inflige rien de tel ! et heureusement ! je souhaitais juste exprimer le fait que cela peut rappeler que même après des dizaines et des dizaines de randos dures et techniques, le danger n’est pas toujours là où on le croit, et que la faute qui me semble la plus dangereuse n’est pas la témérité ou l’inexpérience, mais peut-être simplement le manque d’attention ou l’excès de confiance. Bien sûr que je continue les solos en haute altitude, mais avec plus de précautions sans doute.

  • par Le 6 mai 2016 à 17h32

    La descente de Chamousset sous l’orage de grêle a été bien épique, pour ma part !
    Quelques passages où j’avoue bien avoir serré les fesses notamment lors de ma traversée des arêtes entre la pointe des Arces et des Arlicots dans le final très exposé. C’était mes débuts en terrain d’aventure, le piolet m’a bien sauvé la mise ce coup là ! J’ai pris conscience une fois au sommet, comme dit Michel, qu’au final ça ne tient pas à grand chose.
    Egalement sur la crête qui borde le vallon au dessus du col de la Saume, dévers très raide, pas de piolet, je m’agrippais tant bien que mal à la broussaille. Le final de la Tête de Vachères était pas mal non plus, mais j’avais le piolet pour bien m’assurer !

  • par Le 7 mai 2016 à 20h31

    Comme beaucoup, le bruit de pierres qui déboulent dans un raide couloir à traverser juste avant mon passage, j’y vais, j’y vais pas ? Je prête l’oreille...ça semble se calmer. Juste le temps de traverser et d’autres pierres tombent... OUF. En fait un petit groupe de chamois traversait en amont du couloir au même moment.

    Et comme beaucoup aussi, une autre frayeur avec un patou dans les Bauges (pas tibulaire mais presque !). Bien que resté très à l’écart du troupeau de chèvres, il s’est élancé vers moi avec visiblement plus envie de me croquer que d’avoir des caresses !!! (Enfin c’est ce que j’ai pu percevoir dans ses aboiements) J’ai suivi la consigne vue sur un panneau peu avant, j’ai crié d’un ton ferme "File aux chèvres" à plusieurs reprises..Il a fini par s’éloigner mais en se retournant à plusieurs reprises toujours en aboyant, histoire de me faire comprendre que je ne devais pas trop m’attarder dans le secteur !

  • par Le 8 mai 2016 à 12h45

    Plusieurs fois dans ma jeunesse, le caillou qui se descelle et reste dans la main durant une petite escalade facile, avec le classique noeud à l’estomac quand ça se produit...

    Maintenant, fini de jouer les chamois, je franchis tout passage technique en "appui 3 points" en testant systématiquement les prises douteuses avant de m’y appuyer. Le vitesse de progression en prend un coup, mais vaut mieux cela que de risquer de ne pas arriver du tout...

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