La Grande Ruine - Pointe Brevoort (3765m), Arête Sud

Difficulté :
Alpinisme AD
Dénivelé :
2200m
Durée :
2 jours

Une belle escalade plutôt sympathique qui mène directement au sommet de la Grande Ruine. Très bonne approche pour l'initiation aux grandes voies rocheuses. Approche en "terrain Oisans" un peu sauvage. – Auteur :

Accès

Accès de Grenoble :

  • Prendre la direction du Bourg-d’Oisans, puis direction Briançon ( D 1091), après Villar-d’Arêne quitter la D1091 sur la droite en direction du Pied du Col.

Accès de Briançon :

  • Prendre la direction de Grenoble, passer le col du Lautaret, peu avant le village de Villar-d’Arêne, prendre sur la gauche la direction du hameau du Pied du col.

Le départ se situe l’été en contrebas de ce même hameau, où il faut emprunter la piste carrossable (non déneigée l’hiver) qui démarre après le gîte du Pas de l’âne (Pont d’Arsine), le parking se situant au fond de la vallée vers 1660 mètres d’altitude.

Les infos essentielles

Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

Renseignements pratiques

Montée au refuge Adèle Planchard

  • D+ 1600m environ (1500+100 de chtites montées et descentes).
  • 6h00.

Un beau parcours, exigeant si l’on est chargé. À prendre avec patience et intérêt pour les changements de paysages.

Une longue montée dans un vallon magnifique qui offre des vues sur les faces nord des sommets de la rive du glacier Blanc (Agneaux, roche Paillon, Pointe Louise, Roche Faurio) et sur la pointe Nérot et le Pic Gaspard de l’autre côté du vallon. Admirer le couloir du col de la Roche Faurio et celui de la brèche de Tombe Murée.

Après un ressaut initial de 300m D+ (pas d’Ana Falque), on arrive sur un vaste et magnifique replat sous le refuge de l’Alpe. On poursuit un agréable sentier, parfois au milieu des vaches. Puis ce sont les sources de la Romanche, un endroit particulier.

Ensuite, le sentier devient plus alpin avec une partie en balcon puis des remontées rocheuses parfois câblées. Il finit ses 500 derniers mètres dans de la caillasse, et des névés en début de saison.
En prenant de l’altitude, la barre et le dôme des Écrins feront leur apparition pour donner au décor la dimension haute montagne à laquelle on va accéder.

Arête sud de la Pointe Brevoort

  • Dénivelé + : 700m environ. Avec le franchissement du col des Neiges.

Difficulté globale

  • AD+
  • Arête rocheuse de 300m en 3+ / 4 avec un pas de 4+
  • Vu sa dimension assez modeste, on peut tirer quelques longueurs. Sinon c’est un itinéraire qui se gravit en corde tendue. Prendre entre 25 et 30 m et poser des points tout en avançant simultanément.
  • Matos d’assurance pour le rocher (le plus possible si on marche en corde tendue). Corde 50m. Crampons et piolet.

L’arête n’est quasiment pas équipée, j’ai vu 3 pitons dans la voie mais le terrain se prête bien à la pose de protections. Le rocher est très bon le plus souvent et bon en général.
L’approche peut être le moment le plus problématique de l’ensemble du parcours avec le passage des deux cols et l’accès à la première longueur.
Descente en terrain haute montagne avec rappel et glacier.

Approche : 1 à 2h00 selon les conditions

Du Refuge Adèle Planchard, gagner le Col de Casse Déserte par le Col des Neiges. Le Col des Neiges peut se franchir à deux endroits différents, il est judicieux de se renseigner auprès du gardien sur le meilleur passage. Le passage du bas est souvent le bon. On y accède en parcourant le glacier supérieur des Agneaux et on tire à gauche pour gagner le col (vague dépression) par une section mixte (voir vidéo). Le versant ouest de cet endroit permet de rejoindre le glacier de la Casse Déserte en traversée rocheuse (1 spit sur la muraille à droite - voir vidéo).

On tire droit vers le bas du couloir du col de la Casse Déserte, facile à remonter s’il est en neige (70 m à 40/45°), parfois glacé et plus difficile à négocier si la neige a disparu. Si le couloir est déneigé, il est en éboulis terreux/boueux, avec un ressaut étroit au milieu. Il est alors possible d’éviter le fond du couloir en montant les rochers en rive gauche (plus exposé).

Arête sud : 3 à 4h00

Du Col de Casse Déserte, on traverse directement vers le nord pour rejoindre le pied des murailles formant un petit cirque. C’est facile mais un brin sauvage (voir vidéo). Les crampons sont utiles si risque de glace ou de terrain gelé. On s’encorde alors pour s’engager dans l’escalade.
La première longueur vise une brèche séparant le gendarme au sommet carré qui ferme le cirque à gauche (à gauche de la brèche), et un gendarme "bifide" à droite. Remonter une petite cheminée (4 malcommode) puis revenir à droite au pied d’un petit mur raide (4b, 1 piton) que l’on gravit pour gagner la petite brèche sur l’éperon W.

Traverser la brèche et suivre sur le versant W une vire facile contournant un gendarme "bifide" pour rejoindre une autre brèche vers l’arête S proprement dite. Il est aussi possible de remonter l’éperon jusqu’au sommet du gendarme "bifide", et d’atteindre la 2e brèche par un rappel de 15m (sangles).

  • Variante : on peut aussi atteindre l’arête S au niveau d’une petite brèche à droite du gendarme "bifide" : remonter une fissure versant W, puis gagner le sommet du gendarme. Descendre dans la 2e brèche par un rappel de 15m.

La suite se fait en suivant l’arête jusqu’au sommet, soit par son fil, soit légèrement sur son flanc droit.

L’arête est plus difficile au début avec des ressauts raides mais prisus (de 3+ à 4), dont une section étroite avec un passage de 4c (1 piton au pied).

Après une petite descente, un gendarme de 5m se contourne par la droite car sa descente n’est pas triviale. En revanche le gendarme suivant est intéressant à gravir et à désescalader. La fin de l’arête est plus facile (plutôt 3 à 3+).

Descendre par la voie normale 1h00

Suivre l’arête SE (neige ou sentier) jusqu’à la naissance d’un petit couloir SE terreux. Descendre le couloir sur 20m, puis traverser vers le N pour prendre pied sur le glacier.

Deux ou trois rappels en place sont possibles. Une corde de 50m suffit en général pour rejoindre le glacier. Regarder où sont les traces, s’il y en a pour voir le cheminement. Attention au rocher très "grippant pour la corde. Descendre le glacier jusqu’au refuge.

  • Les photos ne sont pas terribles car elles proviennent des caméras.
  • matériel testé : crampons Fakir II (Singing Rock) ; casque Titan (Camp) ; Freney (Asolo) ; coinceur Ballnut (Camp) ; nouveau sac Peuterey integral 35 +10 (Millet)

Notre ascension du 19 juillet 2016

Cette arête sud de la pointe Brevoort est une course très sympathique et pourtant je ne peux qu’écrire ce compte rendu qu’avec une petite boule au ventre. Nous avons en effet été au cœur de ce qui arrive parfois en terrain engagé, c’est à dire un accident dans des conditions de réchappe difficile.
Ce que nous avons vécu me fait prendre conscience que le massif des Écrins est sauvage, ce qui va aussi avec une grande difficulté de joindre les secours en cas de problème, il ne faut pas l’oublier.

Alors que je progresse sur l’arête, j’entends soudain les appels d’un des alpinistes avec lesquels nous avons partagé hier notre repas. Des gars très sympas qui nous ont d’ailleurs offert le verre de l’amitié. Son appel ne me semble pas angoissé et je me demande même s’il ne me salue pas alors que je débouche au soleil.
Je vois néanmoins qu’il me fait le signal de détresse et je demande s’il faut appeler les secours.

P.O. qui est 15 mètres en dessous croit que je m’adresse à lui et cela brouille ma compréhension de ce qui se passe 300m plus loin.
Heureusement nous avons les talkies et je peux lui dire qu’une cordée a des problèmes sur le sommet en face.

Deuxième demande, réponse affirmative, le mec a besoin de secours. Je ne comprends pas complètement ce qu’il me dit mais le message est passé.

Je pose deux points et je regarde mon tel. Aucun signal. PO essaye en bas et pareil. j’essaye d’envoyer des SMS. Passe pas... Je me dis que la seule solution est de grimper jusqu’à capter un signal...

Heureusement pour tout le monde, P.O. a l’idée de faire un scan et finit par capter un réseau italien. Il fait le 112 et tombe évidemment sur un italien. La galère... Le mec ne parle même pas un brin d’anglais et est incapable de nous aider. P.O. rappelle trois fois et ça n’aboutit pas, il est mis en attente musicale. Heureusement que nous n’avons pas compris la gravité de la situation car je pense que nous aurions crisé.

Finalement, pendant que je me gèle en essayant des SOS sur les différentes fréquences des talkies, P.O. laisse tomber l’italien et envoie des SMS à des copains grâce au réseau trouvé. Plusieurs messages sont reçus sans que nous le sachions et les indications d’appeler le refuge et le PGHM sont suivis par nos amis (bravo et merci). P.O qui tente encore d’appeler reçoit un SMS disant que le nécessaire a été fait.

Nous sommes soulagés et je crie au gars en face que les secours sont prévenus. Il me répond simplement "merci". Je ne suis pas spécialement inquiet mais je ne vois pas le premier de cordée dans la paroi. Content que l’on ait réussi dans ces conditions difficiles, j’ai tout de même un peu de mal à me reconcentrer sur l’escalade et fais relais à l’endroit même.
Nous finissons l’arête en joli rocher, maintenant réchauffé par le soleil.
La Meije brille devant nous et les Écrins derrière. Nous sommes dans le temple du massif.

Les rotations d’hélico sont insistantes et l’on voit bien que plusieurs secouristes sont déposés dans la paroi. C’est inquiétant.

Ce n’est qu’arrivés au refuge que nous sommes informés de la gravité de l’accident. Coup de bambou. Les gardiens sont aussi remués mais le pronostic vital n’est pas engagé et notre collègue s’en sortira malgré plusieurs fractures et traumatismes. Courage ! je pense à lui et je remercie P.O. qui a trouvé une solution pas évidente dans ces conditions. Une ou deux heures plus tard et ce n’était pas la même histoire. Bravo au PGHM de l’Isère et à celui de Briançon qui ont réussi là un sauvetage difficile, vital et urgent. Peut-on également remercier qui ou quoi que ce soit pour les conditions ? Heureusement qu’elles étaient bonnes...

Un fil de discussion a été développé sur C2C. On y trouve des réflexions et des idées très utiles en cas de problème de ce genre dans les massifs sauvages (préenregistrement des tel du PGHM, le 114, une balise, booster la recherche en cherchant la 2G...)

. Dernière modification : 21 octobre 2022 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

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Afficher les commentaires précédents (8).
  • Malgré l’incident bravo à l’équipe Paul, Téo. C’est magnifique.

    Le 23 juillet 2016 à 08h59
  • Thank you Britanicus !. Le copain c’est P.O. (Pierre-Olivier)

    Le 23 juillet 2016 à 20h18
  • Oui je le reconnais car je suis régulièrement tes vidéos. J’aime bien voir ça.

    Le 23 juillet 2016 à 20h23
  • MONSTRUEUX ! Et toujours des vidéos superbes d’endroits qui me font rêver mais où mon (petit) niveau d’escalade m’interdit l’accès...

    Le 24 juillet 2016 à 00h56
  • Merci Grip 😉
    Un bon niveau d’escalade n’est pas forcément nécessaire. C’est d’avantage l’expérience du terrain montagne et du terrain d’aventure (pose des protections)..

    Le 24 juillet 2016 à 07h40
  • Bravo Paul, c’est impressionnant ! Petite question : la voie normale elle, est bien classée en alpinisme F ?

    Le 24 juillet 2016 à 10h06
  • Elle est cotée F, Cyril. Mais si le sommet était en Vanoise, la cotation serait bien plus sévère. MDR.

    Le 24 juillet 2016 à 13h03
  • Alain ! tu n’es pas sérieux ?! lol

    Le 24 juillet 2016 à 13h37
  • Oh mais si !

    Le 24 juillet 2016 à 13h40
  • Hello Cyril et Alain. Le topo de la voie normale est développé par David sur Altitude rando. La fin de l’itinéraire c’est déjà de l’alpi mixte d’altitude dans un cadre vraiment sauvage. A faire. Mais le plus gros morceau reste la montée au refuge avec crampons et piolets. On peut cependant les louer au refuge pour avoir un sac léger à la montée et à la descente. Pas con...

    Le 24 juillet 2016 à 21h21
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