Le Râteau Sommet ouest (3769m), arête ouest

Difficulté :
Alpinisme PD
Dénivelé :
580m
Durée :
1 jour

Grand et célèbre sommet de l'Oisans s'il en en est ! Le Râteau, sommet de haute altitude réserve une voie normale de toute beauté, très abordable, variée à souhait au plus près de la Reine Meije. Course mixte en haute altitude, dont l’approche par le téléphérique des glaciers de la Meije permet la réalisation aisément "à la journée". Cette super course mixte peu difficile est très aérienne, c'est un chemin entre terre et ciel, plus près du ciel peut-être ! – Auteur :

Accès

  • Accéder à La Grave soit par Grenoble et la RN91, soit par la vallée de la Guisane (Briançon) et le col du Lautaret
  • Parking devant le téléphérique de la Meije

Précisions sur la difficulté

  • PD, 3c max sur l’arête O, passage à 35° dans le bombement glaciaire sous le col de la Girose
  • Dénivelée : 650m, dont 200m d’escalade

Les infos essentielles

Approche

  • En utilisant le "Téléphérique de la Meije"
  • Attention, la première benne au départ de la Grave est à 8h30, ce qui fait un départ (tardif à mon goût) vers 9h30 au col des Ruillants 3211m.

Horaire

  • Col des Ruillants 3211m - Col de la Girose 3514m : 1h
  • Col de la Girose - départ de l’arête ouest : 0h30
  • Arête ouest - Râteau Sommet ouest : 1h30 à 2h
  • Descente du sommet au col des Ruillants : 1h30 à 2h

Carte IGN TOP25 3436 ET

Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

Matériel
Piolet et crampons, et matériel de sécurité sur glacier. 4 dégaines, 3 sangles, (coinceurs faciles à poser mais pas utiles dans cette voie)

Approche

  • En utilisant le "Téléphérique de la Meije"
  • Attention, la première benne au départ de la Grave est à 8h30, ce qui fait un départ (tardif à mon goût) vers 9h30 au col des Ruillants 3211m.

Descriptif

Du col des Ruillants, remonter sud les pentes modérées du glacier de la Girose jusque vers 3350m.

Remonter alors un bombé glaciaire plus raide sur 100m (35°, quelques crevasses) pour arriver au col de la Girose 3514m. Jolies photos à faire sur Les Bans et la Pilatte au travers des gendarmes du col.

Du col, remonter les pentes modérées qui amènent au départ de l’arête ouest où on laisse piolets et crampons.

Remonter l’arête qui s’effile de plus en plus (passages de blocs, quelques pas d’escalades aériens), jusqu’à une brèche bien marquée 3700m.

Descendre facilement une dizaine de mètres dans la brèche (versant Selle) et trouver un large vire ascendante.

1. Soit suivre cette vire jusqu’à ce qu’elle bute contre le mur sommital que l’on remonte facilement (quelques pas de 3b).

2. Soit (plus sympa), prendre dans les dalles compactes qui dominent la brèche, 70m d’escalade en 3b-3c, 5 pitons, jusqu’à l’arête sommitale. On atteint alors de le Sommet ouest en quelques minutes sur le fil de l’arête du Râteau, aérien mais facile.

Descente par le même itinéraire (en désescalade facile pour la première option, ou trois rappels de 25 m pour l’option "dalles"). De la brèche on suit scrupuleusement le chemin de la montée jusqu’au col des Ruillants.

RÂTEAU SOMMET OUEST - JUILLET 1980 - AOUT 2007

Vingt-sept ans séparent ces deux ascensions, toute une vie ! Toute une vie de montagne, de passion, de partages, d’amitiés. Toute une vie !

Fin Juillet 1980, je viens de passer mon Bac ! Ma sœur "Nano" son Brevet !

Deux jeunes qui feront une rencontre d’un autre temps au sommet, oui d’un autre temps. Le temps d’une vie !

Il fait chaud, et nous venons de passer la brèche qui mène à la facette sud sommitale. Je ne sais pas trop par où monter. Je n’ai pas de topo, à l’époque ce n’était pas si bien détaillé qu’aujourd’hui !

Ah, un topo ? Celui de mon grand-père, un superbe bouquin du TCF de 1932 ! Toute une vie…

Je décide de suivre l’arête qui surmonte directement la brèche et qui mènera forcement au sommet. C’est ce qu’il y a d’écrit sur le topo de 1932.

Le départ est lisse, mes « super guide » toute neuves adhèrent bien. Un béquet, une sangle, le gaz…

Et là, la grande, la belle, Ma Meije droit devant.

Je ne me souviens plus de cette arête que nous avions trouvé « gazeuze » avec Nano.

Sommet, nous sommes seuls.

Et puis non, une cordée déboule à grand pas dans l’escalade de la facette sud.

Deux messieurs. De loin, ils ne font pas « comme d’habitude » ! Et puis ils arrivent au sommet.

Nous entrons dans un autre temps, nous laissons la place à ces deux vieux messieurs, habillés au temps d’autrefois, habits en drap de Bonneval gris, grands chapeaux… On a rencontré le père Gaspard !

Bonjour timide et respectueux de notre part, accueil respectueux et chaleureux de leur part.

Mais où sommes-nous ? Quand sommes-nous ? Je suis dans le livre d’Henri Ysselin, « La Meije » paru pour le centenaire de l’ascension de Gaspard, que je viens de finir de lire !...

Ce sont deux frangins du Chazellet, respectivement 78 et 83 ans !
Ils ont bourlingué durant leurs carrières et sont revenus au village. Alors ils ont décidé de « refaire » un Râteau.

Je suis ailleurs, admiratif, intimidé. Je ne saurais décrire mes émotions.

De leur part, les éloges pleuvent sur notre jeune cordée et eux aussi sont admiratifs de notre jeune passion de la montagne, nostalgique de notre jeunesse.

Nous écoutons admirativement leurs recommandations de prudence et ils s’en retournent.

Un grand vide, un énorme vide s’ensuit. Mais où suis-je ?

Un grand vide jusqu’au retour dans la vallée où je me souviens de la grosse glace pleine chantilly sur la Terrasse de l’hôtel de la Meijette avec « Nano »… d’où les anciens observaient la Reine Meije.

Que d’émotions, que de souvenirs, rencontre d’ailleurs inoubliable.

Début août 2007, j’ai envie de revivre cette rencontre, ce retour à la grande époque, cette émotion qui me troublent encore aujourd’hui.

C’est avec mes compères Fred, Jérôme et Rémi que je partagerai ces instants magiques auprès de Ma belle, Mon rêve, La Meije.
Le Râteau c’est une façon humble de l’approcher, de la voir et de l’aimer encore plus.

Aujourd’hui, on tente le record d’altitude de Fred. On l’a motivé tout le printemps et motivé il l’est, "très très" !

Montée au col et progressive sur le glacier, et puis le rocher fauve, doux et adhérent.

Sur le caillou Fred retrouve son aisance, et « ça monte » vite, pur plaisir au chaud soleil de l’Oisans dans un panorama exceptionnel.
Cette fois-ci, ce ne sera pas l’arête mais une petite face de 100m environ un peu à droite du sommet ouest. On y aperçoit quelques clous.

Nous n’avons qu’une corde de 25 m à double. Tant pis nous ferons de petites longueurs.

On grimpe pur plaisir, dans un 3/3c ludique. Les gestes s’enchainent naturellement, tout est évident.

On avale les 100m à vitesse grand V. On est ailleurs, seuls, reliés par cette corde qui nous fait partager nos émotions. Nous ne faisons qu’un. La cordée est unique, nous oublions l’alentour.

Et puis l’arête, fine, « gazeuze », que je crois reconnaitre. Quelques pas et nous voici au sommet.

Fred, pari gagné, tu as fais ton « presque » 3800, et en courant !
Instants magiques, de plénitude, de partage, d’amitié.

Une photo avec un grand sourire immortalisera cet instant fort, cette journée d’émotion.

En bas tout petit, le Chazelet. Où sont mes deux vieux messieurs d’il y a 27 ans ?

À cet instant mes pensées les rejoignent, leurs paroles chaleureuses de sagesse et de prudence me reviennent.

Merci, merci pour votre gentillesse, à tous, vous que j’ai rencontrés, vous qui m’avez accompagné.

Le Râteau, montagne d’un autre temps, temps des rencontres, des émotions, aujourd’hui encore…

Et Fred a gagné sa grosse glace à la Chantilly sur la Terrasse de l’hôtel de la Meijette… d’où les anciens observaient la reine Meije.

. Dernière modification : 3 mars 2024 (Avertissements et Droits d'auteur)

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  • hereme

    J’ai été beaucoup plus absorbé par l’envolée littéraire du texte libre 1980 - 2007 que par le descriptif du topo.
    Entre autres l’évocation (et la vision ?) du père Gaspard lui donne un parfum de continuité dans l’histoire auquel tout amateur (au sens propre) de montagne ne peut rester insensible, et lui confère une impression d’éternité.
    Belle tirade.

    Le 27 décembre 2012 à 11h57
  • Un récit très émouvant. Merci Patrick.

    Le 27 décembre 2012 à 13h04
  • Salut,
    Merci pour vos commentaires.
    Le topo n’a pour vocation que de décrire "comment" aller là haut.
    Pour le texte libre, disons que justementc’est un espace de liberté pour exprimer ses émotions !
    Ceci dit le l’arête W du Rateau est pour moi quelques choses d’assez indéfinissable, un "autre chose", un "ailleur"...Et c’est bien ainsi !
    En tout cas merci, sympa !
    Je vous souhaite une très bonne année 2013 et vous souhaite de vivre par la haut des instants aussi incroables !
    A+
    PATRICK

    Le 27 décembre 2012 à 14h31
  • philalapatte

    Merci pour ces beaux commentaires qui donnent l’envie d’y aller.
    je la ferai cet été cette belle course...hélas en solo, mon fils n’étant pas disponible.
    je vous raconterai cette virée solitaire .
    Vive la montagne et les écrins .

    Le 20 décembre 2016 à 20h03
  • Très beau texte, plein d’émotions, ressuscité par François, merci à vous deux !

    Le 3 mars à 15h57
  • je remercie pour le topo, on a fait ce sommet en condition plutôt hivernale en montant en ski de rando, on a pris les coinceurs et on les a utilisé ; Je conseille de les prendre

    Le 16 avril à 09h43
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