Mont Blanc du Tacul (4248m), par l’Aiguille du Midi

Difficulté :
Alpinisme PD
Dénivelé :
1020m
Durée :
1 jour

Le Tacul est un superbe sommet satellite du Mont Blanc, qui mérite largement une ascension à lui tout seul. Gravir ses raides pentes à quarante cinq degrés, au-dessus des deux gigantesques rimayes qui rayent sa face Nord est un pur bonheur ! Le cheminement se déroule au plus près de séracs aux dimensions invraisemblables. La féerie qui s'en dégage en ferait presque oubliée la dangerosité des lieux... L'arrivée à l'épaule avec la vue sur le Mont Maudit fera vite oublier les efforts effectués pour y accéder. Et si comme lors de notre passage, le court final en mixte est en glace vive, nul doute que l'impression d'avoir réalisé une grande course en sera décuplée ! – Auteurs : et

Accès

De Chamonix, prendre le téléphérique de l’Aiguille du Midi.

Précisions sur la difficulté

  • Course d’alpinisme coté PD.
  • Cette course est très exposée aux chutes de séracs.
  • Course glaciaire évoluant entre 3500m et 4248m, une bonne acclimatation est préférable.
  • Deux gigantesques rimayes entrecoupent l’itinéraire, en fonction des années celles-ci peuvent êtres plus ou moins délicates à franchir.
  • Pentes de neige à quarante cinq degrés.
  • Ressaut final en II+. Possibilité de contourné ce ressaut par la gauche mais le passage est très exposé, de plus il est possible que celui-ci soit en glace vive.
  • Itinéraire évoluant au fil des années en fonction de l’évolution du glacier.

Les infos essentielles

  • Carte IGN : TOP 25 - 3630 OT Chamonix massif du Mont Blanc
  • Altitude minimale : départ de l’Aiguille du Midi à 3842m et descente au Col du Midi à 3532m. Les 310m de descente devront être remontés au retour.
  • Dénivelé cumulé : 1026 mètres
  • Altitude maximale : 4248 mètres
  • Distance (A/R) : environ 8 km
  • Balisage : aucun balisage
  • Horaires : Comptez 4 heures de l’Aiguille du Midi au Tacul, et environ 3 heures pour le retour.
  • Prévoir de partir tôt afin de profiter d’une bonne qualité de neige.
  • Il est possible de faire le sommet dans la journée au départ de Chamonix en prenant les premières bennes, ou bien de monter la veille et de dormir au refuge des Cosmiques. Celui-ci permet de gagner environ trente minutes.
  • Matériel à prévoir : casque, baudrier, corde, broches à glace, matériel de sécurité sur glacier et piolet (un piolet technique est préférable à un piolet de marche).
  • Attention : le tracé sur la carte est approximatif, car il très difficile de retranscrire à main levée un cheminement complexe entre les séracs. De plus celui-ci est susceptible d’évoluer légèrement en fonction des années.
Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

Attention : en ce début d’été 2022, la descente par l’arête de l’Aiguille du Midi ainsi que les rimayes du Tacul commencent déjà à être délicates.

Le parcours en détails :

De l’Aiguille du Midi emprunter l’arête permettant de la quitter (plus ou moins délicate en fonction des années). Arrivé au bout de celle-ci, effectuer un demi tour et s’orienter en direction du Col du Midi. Passer plus ou moins à égale distance entre la station et le point IGN 3550, tout en franchissant au mieux une première rimaye.

Traverser le plateau glaciaire relativement plat en direction de la face Nord du Tacul.

Grimper la pente de neige à droite du Triangle du Tacul, en ne restant pas trop en dessous de la barre de séracs qui nous domine.

La pente au début assez douce conduit au plus près d’énormes séracs sur la droite, avant de se redresser sérieusement jusqu’à la première gigantesque rimaye coupant entièrement la face en deux.

D’énormes séracs ainsi qu’un impressionnant mur se dresse face à nous. Les coulées d’avalanches résiduelles ont comblé une partie de la rimaye sur la gauche. Cependant la marche pour passer au dessus est haute et très près du vide, de plus celle-ci est vivement déclive.

La beauté envoutante du lieux ne doit pas en faire oublier sa grande exposition.

L’itinéraire s’oriente ensuite légèrement vers la droite sur une pente un peu plus douce, avant de reprendre à nouveau tout droit dans le raide vers une nouvelle zone de séracs un peu plus haut.

Passer entre deux gros séracs et atteindre la seconde rimaye, celle-ci est plus aisée que la première. Juste au dessus de la rimaye la déclivité qui suit est la plus prononcée de la course, il conviendra donc de rester très vigilant (un piolet technique sera très appréciable pour franchir ce passage).

Ensuite la pente s’adoucit à nouveau avant de rejoindre l’Epaule.

De l’Epaule la vue sur le Mont Maudit est exceptionnelle !

De l’Epaule abandonner la trace qui poursuit vers le Mont Maudit, et partir sur la gauche le long d’une belle croupe se dirigeant vers le sommet du Tacul.

Ne surtout pas se désencorder, car malgré son apparence débonnaire cette croupe est crevassée. Un pont de neige a céder sous mon poids !

Arriver devant un ressaut rocheux en II+ juste avant le sommet.

Deux possibilités :

  • Gravir ce ressaut suivit d’un second assez facilement, si celui-ci n’est pas recouvert d’un plaquage de glace, et arriver au sommet.
  • Contourner ce ressaut par la gauche par une raide pente très exposée, et remonter sur la droite entre les deux passages rocheux. Franchir le petit pas facile, et contourner encore une fois par la gauche le second ressaut par une pente exposée avant d’arriver au sommet .Ce contournement s’avère délicat si la pente est en glace vive.

La vue du sommet est exceptionnelle et vertigineuse !

Retour : revenir prudemment par le même itinéraire.

Attention : cette description est susceptible de différer légèrement en fonction des années et de l’évolution du glacier.

Le récit de notre sortie :

De retour des Rouies avec un ami nous partons pour la vallée de Chamonix, où nous trouvons un superbe lieu de bivouac au-dessus des Houches. Bien qu’encore un peu indécis sur notre projet du lendemain, nous réservons deux places pour la benne de six heures vingt.

Le coucher de soleil sur le massif du Mont-Blanc est grandiose, et notre regard se porte particulièrement vers les magnifiques séracs du Tacul. C’est décidé, demain nous gravirons ce beau sommet !

Réveil à cinq heures moins le quart, et en route pour le téléphérique de l’Aiguille du Midi. Nous arrivons en haut de celle-ci un peu avant sept heures.

La belle arête permettant de la quitter et de rejoindre le Glacier du Géant est déjà en glace sur son passage le plus raide. La descente vers le Col du Midi, avec la face Nord du Tacul en ligne de mire dans la lumière matinale est superbe !

Le début de l’ascension n’est pas encore vraiment raide, mais la déclivité va rapidement s’accentuer. Derrière nous dans la vallée, la chaine des Fiz paraît bien petite...

Nous arrivons au niveau de la première et gigantesque rimaye, celle-ci coupe entièrement la face en deux, et est haute de plusieurs mètres. Heureusement les avalanches résiduelles l’ont presque comblé par endroit. Mais elle reste quand même bien ouverte et la marche pour la franchir est haute et exposée.

Nous faisons ensuite une pause photos au plus près des séracs. Le soleil commençant tout juste à les éclairer, le contraste entre ombre et lumière est exceptionnel !

Le cheminement nous conduit jusqu’à la seconde rimaye, les pentes au-dessus sont très prononcées et même si la trace est bonne, je suis content de ne pas avoir un simple piolet de marche.

Une fois cet abrupt passage franchit, le Mont Maudit apparaît derrière l’Épaule. Ce plateau glaciaire est d’une pureté absolue !

Nous poursuivons ensuite sur la belle croupe conduisant à la cime du Tacul. Nous contournons le premier ressaut par une pente de glace vivement déclive et très exposée avec la plus grande prudence... Celle-ci nous conduit au second passage rocheux que nous franchissons aisément, avant un second contournement à nouveau verglacé et toujours bien exposé.

Le sommet avec son énorme corniche stratifiée s’offre enfin à nous, le panorama est extraordinaire !

Nous poursuivons jusqu’à l’antécime par la belle crête de neige, celle-ci permet d’avoir une vision intégrale sur l’Arête Kuffner parcourue quelques années auparavant. Quel bon souvenir !

Nous redescendons ensuite sans trop tarder, en restant très vigilant lors du passage en glace.

Alors que nous marchons tranquillement en direction de l’Épaule, j’entends un énorme craquement et me retrouve instantanément assis par terre les pieds dans le vide... Un pont de neige vient de céder, par chance seules mes jambes sont passées à travers. Heureusement car je ne vois même pas le fond de la crevasse...

De retour à l’arête de l’Aiguille du Midi, des brumes remontant de la face Nord ajoutent une touche de mystère à ce lieu exceptionnel.

. Randonnée réalisée le 14 juillet 2022

. Dernière modification : 8 mars 2024 (Avertissements et Droits d'auteur)

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Afficher les commentaires précédents (3).
  • Superbes photos Sylvain !

    Le 22 juillet 2022 à 10h16
  • Hello, superbes photos of course !
    Passer au travers d’un pont est toujours un grand moment 🙂.
    Belle course bravo !
    A+
    Patrick

    Le 22 juillet 2022 à 11h26
  • Haha, ça change de la caillasse du Dévoluy !
    Notre premier sommet glaciaire à la Vallée de Chamonix, le lendemain, on est monté au Refuge du Goûter pour faire le Mt Blanc, en 1994.
    Superbes photos et bravo à vous deux pour cette belle course !!
    A+

    Le 22 juillet 2022 à 11h29
  • Hello, merci à tous les trois pour vos retours !
    Effectivement Patrick, toujours un grand moment... Mais finalement une petite piqûre de rappel sans conséquences de temps en temps n est pas plus mal, car nous sommes nombreux à évoluer sans être encorder sur des glaciers à l apparence débonnaire.
    Salut Rabah, oui ça change mais je crois pouvoir affirmer sans trop m avancer que toi et moi apprécions beaucoup la caillasse 😅 ! 94, des souvenirs qui commencent à dater... Pour moi aussi d’ailleurs, mon dernier Mt Blanc remonte à 2011...
    A+

    Le 22 juillet 2022 à 14h08
  • Ça avait été ma première vraie course d’alpi sur glacier il y a presque une quarantaine d’années...

    A l’époque, fin juillet, cela avait été juste une longue montée sur une trace de neige sans aucune difficulté, louvoyant à peine pour éviter quelques discrètes crevasses. La lame du piolet n’avait servi que assurer l’ascension du bastion sommital. Et pour descendre, on filait tout droit dans la pente.

    Les temps changent...

    Le 23 juillet 2022 à 00h53
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