Piz Sesvenna (3205m) par S-charl

De la route 27, traversant la Basse-Engadine, prendre la sortie (est) de Scuol.
Suivre S-charl. Une route étroite descend en direction du camping avant de grimper dans la forêt. Elle deviendra une piste (agréable) qui s’enfonce dans une vallée sauvage.
Parking payant à l’entrée du hameau de S-charl.

Un itinéraire assez long (20km : A/R), mais simple jusqu’à la ferme italienne de Praviert.

Un parcours raide ensuite, surtout dans les éboulis parfois instable.
Le final sur l’arête, devient une petite partie d’escalade (assez) facile, bien marqué mais parfois exposé.

Cotation : T3 puis T5, escalade F II (Hikr.org)

Un casque et une corde peuvent être de bons secours.
À éviter par les personnes sujettes au vertige et par mauvais temps.

De S-charl (1790m) au Cruschetta (2296m)

• 6 km
• D+ : 500 m env.

Traverser la petite localité de S-charl puis suivre la direction du Cruschetta (pancarte). Une large piste suit tranquillement le cours d’eau de la Clemgia jusqu’à Plan d’Immez.
Au niveau de cette patte d’oie, continuer à gauche.

On s’élève sous quelques Pins cembro (seul couvert forestier de la journée !) avant l’Alp Plazèr, puis on traverse l’alpage toujours en direction du col frontalier : le Cruschetta.

Du Cruschetta (2296m) à Praviert (2130m)

• 1.5 km
• D- : 166 m env.

On descend en Italie pour trouver une petite ferme perdue dans une vallée : Praviert.
Un panneau en bois nous indique de partir à gauche pour crapahuter sur une sente étroite au milieux des Pins mugo.

De Praviert (2130m) au Piz Sesvenna (3205m)

• 3 km
• D+ : 1075 m env.

On arrive sur une prairie rocailleuse. Ici, le cheminement disparaît. La peinture (blanc-rouge) prend le relais. Se diriger droit-devant vers la face sud du Sesvenna.

À partir de 2650 m, la roche prend possession de toute la zone.

Dans le pierrier raide, repérer attentivement les quelques traces de peintures.
L’aide des mains peut-être nécessaire sur ce sol instable.

Rejoindre une brèche (point 3079) au-dessus du glacier du Sesvenna. On aperçoit ici la croix sommitale. Suivre l’arête vers ce but.

On va escalader à travers des gros blocs rocheux de bonne qualité (PD II), sans aucunes aides métalliques. Le terrain est exposé sur seulement quelques endroits.

Nota : La peinture est bien présente. Mais avec de la patience et une étude du terrain, on trouve toujours le moyen de se frayer un chemin pour éviter les rochers "trop verticaux".

Au sommet du Piz Sesvenna à 3205 m d’altitude, la vue panoramique récompense tous ces efforts. On a la sensation de dominer toute la région, de la Suisse à l’Italie, en passant par l’Autriche.

Parmi les cimes les plus importantes on peut reconnaître le dôme blanc de l’Ortler et au loin la silhouette du seul 4000 des environs : le Piz Bernina.

Du Piz Sesvenna à S-charl (Retour)

• 10,5 km
• D- : 1570 m

Il se fait par le même itinéraire.

La prudence est de mise lors de la désescalade de l’arête puis de la pente d’éboulis jusqu’à retrouver la verdure.

Récit de la sortie :

En planifiant mon séjour dans les Grisons, j’ai pointé sur ce sommet méconnu du Piz Sesenna. J’ai trainé, comme à mon habitude sur les merveilleux site de map.géo.admin.ch et hikr.org, et j’ai découvert ce pic assez sauvage et virtuellement faisable car marqué de pointillés. Je n’ai pas été déçu...

Ce Vendredi 09 août 2019, voila qu’arrive ce fameux jour.

On arrive au parking au fond de cette vallée austère et commençons à marcher au petit matin. La première partie est tranquille ; on remonte facilement le Val S-charl puis le Val Plazèr : peu de pente, des Arolles à foison et tout se passe bien jusqu’au col donnant accès au territoire italien : La Cruschetta (ou S-charljoch, Passo della Crocetta).

Nous descendons quelques peu vers Praviert, avant de commencer les choses sérieuses. Une sente raide et étroite nous mène à une sorte de plateau mêlé de flores et d’éboulis.

Le chemin se perd, laissant place aux quelques peintures rouge et blanche italiennes.

Nous nous reposerons au pied de la face sud, avant d’attaquer le pierrier atroce pour le moral et les jambes. En effet, ça glisse pas mal, et plus on monte, plus cela devient vertigineux.
On croise ici, 2 Italiens descendant de la cime. Ce qui sera la seule rencontre humaine de la journée...

On souffle un bon coup, lorsque l’on arrive sur l’arête dominant le glacier (Vadret da Sesvenna). On aperçoit la croix sommitale, mais les choses ne sont pas encore finies, bien au contraire...

Maintenant vient une belle partie d’escalade pour pouvoir arriver au "sommet de l’année" et 2,3 parties nous on fait douter à vrai dire... Car cette fois-ci, aucunes chaines n’étaient là pour nous secourir !

Mais avec une étude scrupuleuse du terrain, on à finalement réussi à s’extirper des blocs verticaux pour pour gravir la pente finale du "plus dur sommet" jusqu’à maintenant...La Haute Cime des Dents du Midi n’est plus...

Non, sérieusement, c’était assez technique.

Toute cette douleur pour un bref moment au sommet à savourer les hauts points de la région. Notamment le magnifique Ortler et l’expatrié des 4000 qu’est la Bernina.

Prudemment, nous entamons le "chemin" du retour. Nous sommes encore vivants à la sortie de la crête et tout autant à la fin du pierrier...Pfooouaaa, c’était intense aujourd’hui !!!

Pour l’anecdote, mon frère se retrouve dorénavant avec la plante des pieds martyrisée comme aux Dents du Midi, on reste jamais indemne en montagne !

Je décide plus bas, de couper à travers la prairie mixte pour tomber directement sur le col hélvético-italien. Ce qui nous a permis de trouver un Edelweiss solitaire et de jouer (une fois de plus) à saute-moutons sur les blocs rocheux.

On est en fin de journée, on rentre lentement vers le parking. Une dernière rencontre marquera le parcours : une vipère ? une couleuvre ? aucune idée... Voulant rester en vie, je n’ai pas voulu me pencher sur le sujet.