Pointe de Léché (3172m), arête sud (2e partie de "Cavalier d’Argentine")

Difficulté :
Alpinisme AD
Dénivelé :
1132m
Durée :
1 jour

La Pointe de Léché est une antécime discrète de l’arête du Chaix qui, du col de la Dent Parrachée, descend au refuge homonyme (cote 3172 sur IGN). Cette pointe réserve sur sa face sud, de belles parois de quartzite parcourues par des voies modernes, dont la sortie se fait sur une belle arête inclinée, de 6 longueurs ne dépassant pas le 4c, sur un rocher excellent et bien prisu. C'est la 2e partie de la voie "Cavalier d’Argentine". L’arête est bien protégée, de manière discrète et là où il le faut (spit), les relais étant pour la plupart équipés. Ce parcours d’arête est un beau voyage, sur un fil tendu entre ciel et terre, sous l’œil bienveillant de l’imposante Dent Parrachée, dans un cadre alpin remarquable. Sauvagerie et solitude assurées au milieu des edelweiss, un vrai bonheur ! – Auteur :

Accès

Atteindre Modane par l’A43 ou la D1006.
Au rond-point, après la gare (juste avant le supermarché "Casino"), prendre la D215 pour aller à Aussois.

À Aussois, prendre la D108, route des Barrages, jusqu’au parking sous les voûtes du barrage de Plan d’Amont.

Prendre le sentier du refuge de la Dent Parrachée, départ de la course.

Les infos essentielles

Cartographie : IGN 3534OT

Difficulté : AD (six longueurs dont une en 4c).

Dénivelée : 1130m (476m jusqu’au refuge de la dent Parrachée, 656m du refuge à la pointe de Léché, cote 3172m).

Horaires :
Du Plan d’Amont au refuge de de la Dent Parrachée 2h
Du refuge à l’attaque de la voie (2900m) 1h/1h30
Parcours de l’arête 2h à 3h
Descente de la Pointe de Léché au barrage de Plan d’Amont 2h à 2h30
Total 7h à 9h

Matériel : Corde 45m (longueurs de 40m en moyenne), 6 dégaines, 4 sangles, quelques coinceurs (moyens), bonnes chaussures pour la descente du sommet.

Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

Course d’arête peu connue et peu engagée, dans un cadre exceptionnel, au départ du refuge de la Dent Parrachée ou du refuge de la Fournache.

  • Cartographie : IGN 3534OT
  • Difficulté : AD (six longueurs dont une en 4c).
  • Dénivelée : 1130m (476m jusqu’au refuge de la dent Parrachée, 656m du refuge à la pointe de Léché, cote 3172m).
  • Horaires :
  • Du Plan d’Amont au refuge de de la Dent Parrachée 2h
  • Du refuge à l’attaque de la voie (2900m) 1h/1h30
  • Parcours de l’arête 2h à 3h
  • Descente de la Pointe de Léché au barrage de Plan d’Amont 2h à 2h30
  • Total 7h à 9h
  • Matériel : Corde 45m (longueurs de 40m en moyenne), 6 dégaines, 4 sangles, quelques coinceurs (moyens), bonnes chaussures pour la descente du sommet.

Ascension

  • Approche

Depuis le parking du barrage du plan d’Amont, remonter la piste rive droite du lac jusqu’au pont de la Séteria 2208m. Partir à droite en direction du refuge de la Dent Parrachée (panneau indicateur) en passant devant le refuge de la Fournache.

Du refuge de la Dent parrachée partir droit dans les pentes raides au dessus du refuge (grand cairn), sente qui mène dans le vallon de la Fournache (départ de la Dent Parrachée).

À la cote 2650, laisser le sentier qui file dans le vallon de la Fournache et partir à gauche (sens de la marche) sur la croupe arrondie puis l’arête de Chaix.

Remonter ces croupes herbeuses jusqu’à 2850m, au pied du ressaut rocheux de la pointe de Léché (parterre d’edelweiss !).

Traverser alors à droite au travers de barres inclinées (passage facile et évident cairné de loin en loin) jusque sous le pilier de départ de la voie bien visible (un cairn, un spit et une sangle).

Ce passage est habituellement habité par des bouquetins (étagnes) et leurs petits.
Equipement au niveau du cairn.

  • Escalade de l’arête Sud (Cavalier d’Argentine)

L1 : 40m au-dessus du cairn, 4c, 4 spits, relais sur chaîne (longueur raide, rocher excellent et bien prisu).

L2 : 35m, sur le fil de l’arête qui se couche, 4b, 3 spits, béquets pour sangle, relais sur deux points (sangle à poser).

L3 : 40m sur le fil de l’arête peu incliné maintenant, 3c, 3 spits, relais au-dessus d’une petite brèche (seul passage en rocher délité).

L4 : 40m sur le fil de l’arête, début en 4b très beau passage, puis 3b, 3 spits, relais sur deux points (sangle à poser).

L5 : 30m, sur le fil de l’arête qui s’élargit sur la fin, 3c au début, 2 spits, relais sur sangle et béquet.

Puis 2 longueurs "rando" sur une croupe rocheuse large et arrondie, passage de petites dalles couchées, quelques pas de blocs facile, un ou deux spits (à faire les anneaux à la main).

On vient alors buter contre le ressaut terminal, début de L6.

L6 : 25m, 4b, droite dans le ressaut juqu’à une vire que l’on suit sur la droite (passage dans une boîte aux lettres), sortie sur le sommet du ressaut.

On remonte alors sur la croupe arrondie en rochers brisés jusqu’au sommet en 15mn, marqué par un gros cairn.

Descente

Du sommet de la pointe de Léché, partir dans les raides pentes d’éboulis face nord (sente et petit cairn), puis viser les croupes herbeuses remontées le matin le long et en contrebas de l’arête sud que l’on vient de grimper (pentes raides dans des éboulis, des névés peuvent subsister tardivement sous le sommet).
Retrouver les croupes herbeuses vers 2850m puis le chemin de montée qui ramène au refuge de la Dent Parrachée puis à Plan d’Amont.

Récit de l’ascension, le 11 Août 2009

C’est une course comme je les aime.

Peu connue, sauvage, dans le sublime vallon de la Fournache, entourée des immenses pointes de l’Échelle, de la Dent Parrachée, de la Pointe de Labby… Un coin que j’adore, où je reviens toujours sans me lasser.

J’avais repéré ces voies nouvelles lors de notre dernier passage au refuge de la Parrachée l’année passée, et j’en ai trouvé un topo détaillé sur internet.

Tout ce contrefort de la Dent Parrachée m’intrigue depuis longtemps.

Nous avons tourné autour lors de notre ascension à la Dent, ou il y a longtemps de cela lors de mon passage à la Pointe de la Gorma, ou au col du Moine. Mais qu’y a-t-il là-haut ?

Cette arête récemment équipée est une aubaine, en plus la voie n’est pas difficile. Nous espérons une de ces journées chaudes et lumineuses d’été, où les brises de pentes nous rafraîchissent, loin et au-dessus des vallées, seuls à vivre intensément les instants de grimpe que nous sommes venus chercher.

Et pour une fois ce fut le cas, mais comme chaque fois en montagne il y a de l’imprévu, et là aussi ce fut le cas !

En cette après-midi du 10 août, nous décidons de monter au refuge de la Dent Parrachée.

Cette montée, nous ne la connaissons que trop bien, et Jérôme décide de passer par la rive gauche des barrages, histoire de changer un peu.

Fin d’après-midi d’août, il faut chaud et lourd. Nous remontons une piste d’alpagistes raide et poussiéreuse sous un soleil de plomb, jusqu’au téléski de Plan Sec (sous le refuge du même nom).

De là part à flanc de montagne un superbe sentier horizontal qui surplombe le lac de Plan d’Amont.

D’abord au milieu des pins cembros, qui dégagent leurs essences fortes, presque enivrantes !, puis au travers d’alpages aux herbes hautes et les chalets de la Randolière. En 1h15 nous retrouvons le refuge de la Fournache.

Le temps se couvre, les inévitables lourds cumulus de fin de journée commencent à envahir le ciel, s’accrochent aux hauts sommets. La bise devient fraîche, voire froide. Rapidement tout est noir, ou gris, bas et lourd.

Les premières gouttent commencent à tomber, et comme à chaque fois qu’on monte au refuge de la Parrachée, c’est au pas de charge que l’on finit les 200 derniers mètres de dénivelée pour éviter l’averse !

Comme quoi d’année en année les choses ne changent pas. C’est presque devenu un jeu de savoir si on arrivera au sec ou mouillé au refuge !

Installation : c’est un rituel, toujours les mêmes gestes, les mêmes envies… La bière ou le thé en arrivant, les nouvelles échangées avec Franck Buisson le gardien « Tiens ? Vous êtes là ? Vous allez où demain ? Comment c’est passé l’hiver ? Bonne saison ?.... » Que du banal ?

Oui peut-être, mais au fond de moi c’est mon univers que je retrouve. Le simple bonheur de revoir des gens connus, d’une année sur l’autre, comme si c’était hier notre dernière rencontre, comme si l’année passée n’avait pas existé…

C’est le même sentiment que je ressens quand nous passons à Avérole et retrouvons Sébastien et Alexandra, comme à Ambin.

En fait ce sont trois refuges, trois vallées que nous fréquentons assidûment, où il y a toujours un sommet à grimper, une pente à skier, des rencontres à faire.

Il pleut, mais pas l’averse !

Une petite pluie fine et froide. Et là c’est l’angoisse ! C’est un coup à détremper le rocher, et pour peu qu’il fasse froid, le verglas va nous interdire la voie demain. On le savait, la météo l’avait annoncé, mais on a décidé quand même de venir.

On a le temps. Demain matin l’approche est courte et comme tout sera mouillé il faudra laisser au soleil le temps de faire son œuvre.

Alors le repas se passe sympa comme d’habitude, au milieu d’un groupe d’ados venu découvrir la montagne. Ils nous ont bien fait rigoler !

11 août au matin. À 7h les brumes se dispersent et le doux soleil apparaît enfin. Tout est trempé. Ce n’est pas bon signe, alors on prend notre temps. 9h, on décide de « se bouger » et au moins de monter au pied de l’arête, pour voir si elle est praticable.

On remonte le chemin du vallon de la Fournache et rapidement on part dans les alpages qui mènent sur une croupe arrondie puis au pied de la pointe. De là elle a un air terriblement sévère, lourde, massive, hautaine et toute noire à contre-jour. On ne distingue aucun détail dans ce contraste de lumière. C’est impressionnant ! Vers 2800m, tout est tellement détrempé qu’on décide d’attendre. Attendre quoi ? Alors on remarque que cette croupe herbeuse est un parterre d’edelweiss. J’en ai rarement vu autant.

J’en cueille bien une au passage, et je m’essaie à en photographier. Que faire ? On hésite.

Finalement on décide d’aller au pied de l’arête. On va devoir traverser quelques dalles impressionnantes et dégoulinantes d’eau. Mais une fois dedans, c’est tout simple et facile. On s’est laissé impressionner par la vision de face ! Un Cairn, début de la voie.

Mauvaise surprise, l’eau de pluie ruisselle sur l’éperon que nous devons gravir. Je vois le premier spit. C’est trempé, voire gelé dans les creux à l’ombre !

Alors on décide encore d’attendre. Le doute s’installe. On s’équipe quand même. Je démarre, sans trop savoir ou on ira.

Je pars sur le flanc droit de l’éperon, côté soleil. C’est presque sec, mais je suis en dehors de la voie et des points de protection. J’atteins finalement tant bien que mal le premier relai.

Le rocher est très bon mais sacrément glissant, j’ai shunté les trois premiers spits, je ne suis pas rassuré ! Jé monte à son tour.

La deuxième longueur démarre raide mais plein soleil, plus de doute, on continue. Le plaisir est là comme je l’imaginais. La douceur ambiante, la solitude, l’immensité du paysage, la profondeur du ciel. Tout y est !

Cette deuxième longueur est un enchantement. Jé suit bien et prend aussi du plaisir. La suite change.

L’arête se couche, devient plus facile mais parfois très aérienne. Les points s’espacent. Quelques ressauts raides ponctuent l’escalade.

Des brumes se forment, remontent les vallons, et viennent nous envelopper.

L’atmosphère change, tout devient opaque, feutré. Plus rien n’existe en dehors de nous deux et la corde qui nous relie. Instants magiques hors du monde.

Combien de temps sommes nous restés sur cette arête ? Le temps m’a paru long. Mais surtout j’ai eu l’impression d’être dans un autre espace, ailleurs, loin !

L’été reprend ses droits .Les brumes se transforment en cumulus et ces gros moutons blancs vont s’accrocher aux hauts sommets.

Il fait chaud maintenant, les brises de vallée soufflent. Le panorama s’est encore ouvert.

On bute contre le ressaut sommital. L’escalade change encore. Le ressaut est court, 20/30m maximum. Mais il est quasiment vertical et l’escalade devient plus athlétique.

Superbe passage vertical et aérien, astucieux, qui finit dans une boîte aux lettres ! On sort sur une arête détritique face à la maîtresse des lieux, imposante, la Dent Parrachée.

On se décorde et en quelques minutes nous remontons le raide pierrier aérien pour arriver au cairn sommital.

La vue sur la combe de Léché et l’arête du Chaix est sublime. C’est lunaire.
Je n’imaginais pas une telle beauté, je suis impressionné, Jé aussi n’en revient pas.

Nous savourons les instants que nous sommes venus chercher, simples instants de plénitude, heureux de notre réalisation, sans prétention, mais qui n’était pas gagnée d’avance ce matin.

Déjà nous revivons notre escalade.

La descente. C’est une évidence, il faut s’en retourner ! Une sente, quelques cairns dans un très raide pierrier, sur le flanc nord de la pointe nous permet de retrouver la croupe herbeuse de ce matin vers 2800m. Elle se fait bien cette descente. Les bâtons sont une aide précieuse. On rentre serein dans ces alpages ras au refuge. Nous croisons les moutons que nous entendons bêler depuis ce matin. Ils montent avec la chaleur. Nous ne traînons pas, avec les moutons il y a souvent un patou, et on n’a pas vraiment envie de le croiser.

Retour au refuge, bière, discussion sur la voie. Elle est peu courue et nos renseignements intéressent le gardien. Puis viennent les « au revoir », les promesses de venir au printemps, ou l’été prochain.

Il y a encore tellement à faire par là-haut.

. Dernière modification : 26 décembre 2021 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

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Afficher les commentaires précédents (6).
  • Joli récit d’un passionné !

    Le 23 janvier 2012 à 23h40
  • hereme

    La montagne teintée de nuances artistiques et poétiques. A quand le prochain récit ?

    Le 24 janvier 2012 à 17h22
  • Merci sympa.
    Moi j’y suis pour rien, c’est ce qu’on a vécu la haut, une vraie grand journée de bonheur en montagne...
    Allez y c’est super la haut.
    A+
    PAT

    Le 24 janvier 2012 à 19h15
  • Le rocher a l’air bon ! Tu sembles bien connaître le coin, je suis sûr que tu as "Tirelipompom" au Grand Chatelard dans ta liste de topo à rentrer ;)

    Le 24 janvier 2012 à 20h04
  • Oui je connais bien le coin et je ne m’en lasse pas !
    Le rocher est sain.
    La premier partie de "cavalier d’argentine" doit etre sympa aussi, dans le 4c, laus plutot type paroi un peu comme le cheval blanc et pas "arête".
    Tirelipompom ? oui, mais stop à R2 un jour de moins bien ! Donc c’est a finir !
    Par contre oui j’en ai encore une a rentrer dans ce coin, un truc joli comme tout facile et ludique et la aussi pas connu.
    Un de ces jours je l’ecrirais !
    A+
    PAT

    Le 24 janvier 2012 à 20h41
  • Au hasard, l’arête N de l’Aiguille Doran ! Quand tu veux pour une sortie rocher dans le coin, nous sommes sur Méribel.

    Le 24 janvier 2012 à 20h53
  • Aiguille doran faite deux fois, le dierdre au rateau fait aussi, la traversée de la cime des planetes, microlithe, tour de modane....et j’en passe...Oui je les ecrirais si elle n’existe pas sur ce site.
    "Y en a " une qui me resiste c’est la traversée de l’echelle, trois loupé, à chaque fois j’etais HS à la brèche de la coix de la rue !
    Pour une sortie en rocher ? yes, on va déjà laisser passer la saison ski rando !
    A+
    PAT

    Le 25 janvier 2012 à 19h23
  • Dors au refuge du Fond d’Aussois, ce sera plus facile qu’à la journée. A plus

    Le 25 janvier 2012 à 19h42
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