Randonner avec des enfants - Quelques notions « universelles » (Chapitre 1)

Randonner avec des enfants - Quelques notions « universelles » (Chapitre 1)

Quand est-ce qu’on arrive ? J’aime pas marcher ! J’ai mal aux pieds ! C’est nul ! Je m’ennuie ! Les enfants n’aiment pas spontanément marcher, l’effort physique en tant que tel ne les intéresse pas, s’extasier devant un paysage ne les intéresse pas, alors pourquoi leur faire découvrir les plaisirs de la randonnée ? Et surtout, comment ?

Introduction

Voici quelques conseils qui ont été expérimentés sur 3 garçons nés en 2002, 2005 et 2007. Ces enfants n’ont pas la chance de vivre au quotidien dans un milieu montagnard car ils vivent 95 % du temps dans le Nord, prés de Lille. Ces randonnées se sont donc principalement déroulées en été, dans le Parc National de la Vanoise… mais ces quelques retours d’expériences peuvent sans aucun doute s’appliquer à d’autres massifs !

Randonner ce n’est pas simplement marcher, c’est avant tout une activité qui permet d’allier à la pratique d’un sport « doux », la découverte d’un milieu, de sa faune, de sa flore, et la découverte de soi-même, de ses capacités et de ses limites.

“Randonner doit lui permettre d’apprendre sur lui-même, d’apprendre sur les autres”

Un enfant ne connaît naturellement ni ses capacités, ni ses limites. Il est, par contre, ouvert à toutes les découvertes. Randonner doit lui permettre d’apprendre sur lui-même, d’apprendre sur les autres, sur le monde qui l’entoure. Randonner doit vous permettre de lui faire gagner en autonomie et, surtout, de lui faire prendre du plaisir à travers toutes ces découvertes !

Voici quelques notions universelles qui vous permettront de bien appréhender le fait que les enfants ne sont pas des adultes en miniature. Leur physiologie leur est propre et nous devons, en tant qu’adultes, nous y adapter à défaut de mettre en danger leur santé.

L’enfant et l’effort

Les capacités en fonction de l’âge

Chaque tranche d’âge a ses spécificités :

  • Jusque 3 ans, un enfant doit avoir la possibilité d’être porté (par un porte bébé par ex) par un adulte lorsqu’il est fatigué et une randonnée ne doit pas excéder 2 heures sur terrain plat ou peu accidenté.
  • De 3 à 5 ans, un enfant est tout à fait capable de marcher 2 ou 3 heures sur un terrain légèrement accidenté et avec un dénivelé n’excédant pas +- 500 mètres. Afin de motiver votre enfant, donnez lui des objectifs intermédiaires tels que la découverte d’un chalet d’alpage, un troupeau, un lac, etc.
  • De 6 à 9 ans, des randonnées à la journée et des dénivelés de l’ordre de 800 à 1000 mètres commencent à être envisageables. Cela vous ouvre de nombreuses possibilités telles que les nuits en refuge !
  • Au-delà de 10 ans, l’enfant n’est toujours pas un adulte mais il est envisageable de lui proposer des randonnées de plusieurs jours et, pourquoi pas, de découvrir l’alpinisme  ! Attention toutefois à lui réserver de belles plages de repos qui lui permettront de ne pas perdre la motivation !

Le rythme de marche

En randonnée, qui plus est en montagne et pour un enfant, gérer son effort est une nécessité. Mais pour un enfant, gérer son effort ne veut rien dire : il court jusqu’à perdre haleine, ensuite, s’estimant fatigué, il se pose quelques minutes pour repartir de plus belle ! Il est donc important d’instaurer un rythme régulier et adapté à vos enfants lors de toute randonnée.

Pour cela, il est important qu’un adulte prenne la tête de la randonnée… tout du moins lors de certains passages « clefs » tels qu’une forte montée, un sentier escarpé, etc. N’oubliez pas qu’une randonnée doit permettre à vos enfants de gagner en autonomie.

Randonner avec des enfants

L’enfant et l’altitude

L’altitude induit plusieurs phénomènes qu’il est bon de connaître :

  • Le froid et les fortes variations de températures
  • Les variations rapides de pression atmosphérique
  • Le soleil
  • Le mal des montagnes (MAM)

Si vous partez pour une randonnée en montagne, et donc en altitude, voici quelques conseils :

Le froid

Les enfants se refroidissent vite, surtout aux extrémités (tête, mains et pieds). Veillez donc à bien les protéger, sans toutefois leur mettre 20cm de laine de roche sur le dos ! Un départ matinal ? Couvrez-les ! Un passage à un col ? Couvrez-les ! Un peu de fatigue ? Couvrez-les !... n’oubliez pas de leur ôter le pull lorsque le soleil revient !

Les variations de pressions atmosphériques

Cet aspect est surtout à connaître si vous empruntez un téléphérique ou si vous effectuez une montée rapide en voiture. La différence de pression entre oreille interne et oreille externe peut engendrer des douleurs voire des saignements… n’hésitez donc pas à monter « par paliers » en voiture ou à éviter l’usage du téléphérique en cas de rhume ou de problème ORL de vos enfants.

Pour les plus jeunes (0-3 ans), lors des montées en voiture, l’utilisation de la tétine est une solution qui fonctionne, pour les autres dites leur régulièrement d’avaler leur salive.

Le soleil

Quel délice de sentir les rayons du soleil réchauffer notre peau !!! Oui mais… l’exposition aux rayons du soleil sans protection est dangereuse, qui plus est en altitude car ceux-ci sont moins filtrés !

Sachez également que les spécificités de la peau (moins pigmentée) et des yeux (larges pupilles) des enfants leur font recevoir jusqu’à 50 fois plus d’UVA qu’un adulte ! Alors pas de petite solution : chapeau sur la tête, manches et jambes longues dès que possible, lunettes de soleil et crème solaire avec un indice minimum de 50 (arrête 98 % des UV érythémateux).

L’enfant et le MAM (Mal des montagne)

Le MAM (Mal Aigu des Montagnes) est l’un des risques majeurs en montagne, et ce quel que soit l’âge. Les premiers symptômes peuvent se produire à partir de 1500 mètres : maux de têtes, nausées, fatigue générale, vertiges, troubles de l’équilibre, somnolence.

Ces symptômes peuvent commencer à apparaître au bout de quelques heures en altitude et peuvent se traduire par un simple mal de tête ou, au pire, par un grave œdème pulmonaire pouvant être fatal en cas de non-traitement ! Si vos enfants, ou vous-mêmes, présentez l’un de ces symptômes, ne paniquez pas et redescendez au pus vite !

Les seuils de risques pour vos enfants :

  • Jusqu’à 1500 mètres : pas de risque
  • De 1500 mètres à 2500 mètres : peu de risque. Précautions classiques de protection contre le froid et le soleil.
  • De 2500 à 3500 mètres : premiers risques de MAM. Une acclimatation est nécessaire : environ 300 mètres de dénivelé positif par jour.
  • De 3500 à 4500 mètres : risque fort de MAM. Ne pas monter à ces altitudes avec des enfants de moins de 12 ans, sans négliger l’acclimatation.
  • De 4500 à 5500 mètres : risque omniprésent de MAM. Ces altitudes ne conviennent qu’à des adolescents de plus de 15 ans préparés et acclimatés.
  • Au-delà de 5500 mètres : domaine de la très haute montagne que vos enfants ne verront qu’en photos !

Auteur : Antoine Pollet