La Corse en ski de randonnée

4 jours de ski en étoile autour de Corte

Pourquoi aller faire du ski de randonnée en Corse alors que nous les Alpins, avons tout ce qu’il faut sur le “continent” 

C’est un peu la question récurrente que nous posèrent tous nos interlocuteurs corses rencontrés au gré de nos pérégrinations, que ce soit dans le haut vallon d’Asco, où lors de l’ascension du mont Renoso, ou encore par Ferdinand, hôtelier affable et prévenant de Corte. Nous pourrions arguer qu’en ces temps de limitations de nos mobilités, la Corse est la plus proche des destinations lointaines– le Kamchatka attendra… – et que la perspective de découvrir cette île en version hivernale, loin du tempo mono balnéaire constitue un réel objet de curiosité. Enfin, il y a une dimension non négligeable et presque mythologique consistant pour l’Ulysse alpin, à vérifier “in situ ” si le ski de randonnée est réellement une activité praticable sur cette île méditerranéenne habituellement grillée par un soleil implacable.

C’est bête à dire, mais j’avoue que je me demandais comment la neige pouvait être présente en abondance et se maintenir durablement, alors que le monte Cinto, (2706 m) le point culminant de la Corse n’est distant que de 28 km à vol d’oiseau des calanques de Scandola. Le monte Renoso, lui est encore plus proche de la mer : en ligne droite, 26 km le sépare de l’étang d’Urbino sur le côte Est près d’Aléria. Avec des vallées aussi courtes et aussi proches du littoral, trouver des champs de neige skiables avec un minimum de dénivelé me paraissait relever de la gageure.

Pour l’usager estival de la Corse que je suis, grand adepte des baignades dans les vasques-piscines naturelles des torrents corses, ce fut l’occasion de réviser mes fondamentaux sur le climat montagnard, indépendamment de la zone climatique où il se situe. Première leçon, on ne débarque pas impunément en Corse en hiver. Quatre heures durant, nous effectuâmes des ronds dans l’eau devant le port de Bastia balayé par un fort vent d’Est– « la dernière fois, nous avons attendu onze heures » nous indiqua un habitué de la ligne – nous laissant amplement le temps d’admirer les reliefs saupoudrés de neige du Serra di Pigno, une petite chaîne de montagne de moins de mille mètres. Voilà qui était de bon augure ; la nuit précédente, une perturbation avait traversé toute la Méditerranée déposant un voile de neige fraîche sur l’île montagne et laissant derrière elle une Méditerranée hachée de courtes vagues écumantes. 

Depuis Asco, en montant au col Perdu (Bocca Tumasginesca) - 2183 m

Deuxième enseignement, en hiver, le littoral est vide d’humains. Où sont passés les 340 000 insulaires. Débarquer un dimanche de février en milieu de journée à Bastia et suivre la route côtière de la pointe corse pour tuer le temps est une expérience troublante : pas un chat dans les rues d’Erbalunga-Brando, un petit Saint-Tropez local avec ses terrasses de café donnant sur un port liliputien. La jetée était battue par des vagues hargneuses explosant en gerbes blanches. Notre débarquement étant trop tardif pour envisager une première sortie à ski, nous avons ensuite filé vers notre camp de base, Corte, la capitale montagnarde et politique de la nation corse.


Corte n’est pas réputée pour son côté touristique et apprêté. Cette ville de 7500 habitants dont 4000 étudiants, s’est étalée au pied de sa citadelle au confluent de deux torrents le Tavignano et la Restonica. Des immeubles cubiques datant des années 1950-60, des grandes surfaces avec station d’essence, un stade de foot Santos-Manfredi et une belle université ont poussé en rive droite de la Restonica. Qu’importe. Ce qui fait la grâce d’un lieu, ce sont ces paysages et ces hommes. Nous étions au pied de vraies montagnes avec des caractéristiques alpines : avec ses 936 mètres d’altitude, la punta di Zurmulu qui sépare le Tavignano et la Restonica avait de l’allure – pente raide, rochers et sommet pointu. Côté humain, Ferdinand Pancrazi, notre hôtelier nous a révélé toute la finesse et l’humour de l’esprit insulaire. Pour lui, ces Grenoblois, Savoyards et autres Hauts-Alpins venus s’échiner en ski de randonnée sur les montagnes corses représentaient une joyeuse diversion, avec qui il pouvait échanger et expliquer que sa fille Eléonore menait une carrière de chanteuse lyrique sur le continent. On peut être née en Corse, avoir vécue à Corte et être reconnue comme l’une des grandes mezzo-soprano de sa génération ! 

Nous, les ténors alpins du ski, nous allions vite comprendre qu’en Corse, le ski de randonnée se joue piano, voire pianissimo… 

Sur cette île montagne, les reliefs présentent au moins trois caractéristiques qui leur sont propres : contrairement aux Alpes, les portes d’entrée à l’altitude sont rares. Il faut en passer par d’interminables routes, très étroites, pour partir ski au pied. Une fois arrivé au terminus, sauf exception, les sommets sont encore lointains et exigeants en dénivelés. Dernier point, la violence du vent… Les sommets et les crêtes sont comme les mâts d’un vaisseau de pierre qui prennent de plein fouet les vents marins. Cet air chargé en humidité colle la neige au rocher, créant d’éphémères sculptures de gorgones. Sans vouloir comparer les montagnes corses aux Torres del Paine en Patagonie, nous fûmes surpris par la taille des corniches et la raideur des couloirs sur laquelle la neige s’accrochait ! Au fil de nos sorties, nous avons compris qu’il fallait réviser nos références alpines en terme d’altitude, de neige et de climat…

La vallée supérieure d'Asco en arrivant au col Perdu.

Première sortie, premier éblouissement.

La vallée de l’Asco est l’une des belles que je connaisse pour l’avoir beaucoup fréquenté en été : même si elle présente un faciès de gorges très resserrée avant de s’élargir au niveau du village d’Asco, les roches granitiques desquamées et extrudées forme une étonnante galerie fantasmagorique. La vallée s’entrouvre brièvement à Asco favorisant l’apparition d’une végétation plus dense –les genévriers communs atteignent la taille d’un arbre – et la rencontre avec nos petites vaches corses en pelage d’hiver. Pour elles, c’est la saison grasse : de l’eau ruisselle partout le long des talus et l’herbe rase est verte ! Un dernier coup de rein et la route se hisse parmi des pins laricio aux troncs XXL jusqu’à la station de ski – campu di neve – du Haut Asco (1422 m). L’été, Haut Asco est une étape cruciale sur le GR 20 : partis de la Balagne, les randonneurs, déjà bien sollicités par le passage de deux cols très techniques – bocca a Muvrella et bocca di Stagnu – attaquent le morceau de bravoure du Cinto. Depuis le drame du 10 juin 2015, où 7 randonneurs furent emportés par un éboulement lié à un violent orage dans le passage du cirque de la Solitude – les Cascittoni en Corse –, le GR a été détourné sur la pointe des Éboulis.


En hiver, la station de ski du Haut Asco fonctionne au rythme des promeneurs, lugeurs et raquetteurs locaux qui remontent en direction de la bocca Stranciacone (1987 m), un col - point de vue sur la forêt de Filosorma et au-delà, les calanques de Scandola. Ce qu’il y a de plaisant en démarrant depuis le Haut Asco, c’est cette montée en douceur parmi la forêt de pins laricio, avec leur silhouette de candélabres décharnés. Parmi tous les arbres de la forêt méditerranéennes, c’est le plus esthétique car il ne cherche pas à dissimuler son âge : il ressemble à ces gorilles au dos argenté, qui avec le temps voit leur écorce passer du brun orangé au gris clair. En été, je n’ai jamais dépassé le cirque rocheux du Capu di a Muvraghia, une modeste pointe à 2062 m. Cette fois, nous allons monter jusqu’au col Perdu ou bocca Tumasginesca (2183 m), la porte d’accès au cirque de la Solitude. Le paysage se fait de plus en plus haute montagne avec une alternance de montée et de faux plat enserrée entre la punta Rossa ou pic Von Cube (2247 m) et une grande crête rocheuse qui culmine entre 2387 et 2451 m, curieusement non nommée. Il faut se défaire une fois pour toute du critère “altitude” qui fausse notre jugement : le col Perdu ne fait que 2183 mètres, mais les efforts pour y parvenir, la pente soutenue et la neige dure comme du carrelage oblige à une vigilance accrue. Pour la première fois, j’aperçois le cirque de la Solitude et ces goulottes gorgées de neige. On se croirait dans une grande face nord ! Difficile d’imaginer que jusqu’en 2015, un sentier se faufilait dans des pentes inclinées à plus de 80 pour cent !


Nous n’irons pas plus haut. L’exercice de décollage des peaux de phoque génère un léger stress ! Une erreur, un faux mouvement et l’un de nos skis disparaît dans un abîme insondable… Si pour cette prise de contact, la montagne corse en hiver a montré un visage aimable, elle nous a aussi permis de comprendre qu’il ne fallait pas la sous-estimer, au prétexte que les montagnes seraient moins hautes que sur le continent. Pour prendre une parabole, le relief est à l’image du caractère des insulaires : à la fois rugueux et généreux et demandant un minimum de respect quand on l’aborde… «En Corse, ce n’est pas la dénivellation où l’altitude qui prime, mais le pourcentage de la pente que tu gravis. Ça, c’est le vrai critère de difficulté ! » m’expliquera le guide local Pierrot Griscelli et ami d’Yvan Estienne retardé pour cause de test non valable… 

La vallée du Golo dans le Niellu, “la vallée” de montagne par excellence propice au ski de randonnée

La vallée de l’Asco constitua une sorte “d’antispasti”. Sur les conseils de Pierrot Griscelli, nous mîmes le cap sur la vallée du Golo dans le Niellu, “la vallée” de montagne par excellence propice au ski de randonnée, avec de chaque côté du col de Vergio, deux amples versants, l’un culminant au monte Cinto, l’autre à la punta Artica (2327 m). Autant la vallée du Haut Asco dessine un étroit corridor, autant sa voisine la haute vallée du Golo s’étale en une plantureuse conque forestière, large de plus de dix kilomètres de bord à bord. Pour explorer ce territoire, nous avons commencé en …nous trompant. Le but initial consistait en l’ascension de l’épaule de Foggiale (2293 m), un dôme situé au-dessus du refuge Ciuttulu di i Mori (1999 m), le plus haut hébergement du GR 20. Nous n’avons pas vu le début de l’épaule ! Comme dans Tintin au Pays de l’Or Noir, nous avons été victimes d’un effet d’optique : depuis le virage du Fer à Cheval (1332 m), nous pensions naïvement suivre le GR20 pour remonter le vallon des sources du Golo… Sauf que l’hiver dans une forêt labyrinthique, le GR20 est introuvable. Faute de trouver la serrure de la porte d’entrée du vallon des sources du Golo, nous avons buté sur une série de vallons et de ravins qui strient les contreforts de la pointe de Cricche…


Ce fut l’occasion d’explorer le vallon du ruisseau de Catamalzi, un joyau avec ses pins Laricio poussant dans des conditions invraisemblables entre les interstices des dalles de granit polies par les glaciers. Un paysage miniature protégé au sein de la réserve biologique du Valdu Niellu, qui nous a mené jusqu’à un sommet anonyme à 1800 mètres d’altitude. De là, nous avons pu mesurer l’énorme distance qui nous séparait de l’épaule de Foggiale et la vanité de notre ambition… La clé pour accéder au vallon d’Erco, voie royale vers le monte Cinto, est plus évidente : du bourg de Calacuccia, il suffit de monter au hameau de Lozzi, puis de suivre, jusqu’aux premières neiges, la piste de la bergerie de Petra Pinzuta. Aucun arbre à l’horizon. Le feu et la dent des animaux domestiques ont façonné un paysage de steppe en forme de dos de baleine…


Étonnamment, l’ascension du Cinto fut une formalité : aucun souci d’orientation dans ce beau vallon d’Erco encadré à main gauche par de grandes falaises tachetées de lichens jaune d’or, s’étirant entre le Capu di Villa et le Capu Falu. Le Cinto est invisible. Il faut atteindre la pointe des Éboulis (2607 m) pour enfin apercevoir une crête rocheuse en dents de scie, où tout au bout, surnage un sommet plus individualisé que les autres, une face nord des Dru amputés des deux tiers de sa Directe américaine… Comme des marins montés au sommet d’un mât, le vent nous nous pousse et nous bouscule. Faire une photo exige de bien s’arrimer les pieds dans la neige soufflée. Il reste cent mètres d’ascension… Le risque de basculer dans le vide sous l’effet d’une violente rafale est trop grand… Adieu Cinto. De retour sous la crête, plus aucun bruit ; une neige douce et savonneuse nous ramène tranquillement jusqu’aux pâturages du Capu di Manganu (1631 m), une grosse bosse qui domine la piste défoncée de la bergerie de Petra Pinzuta.  

Changement de décor. Après les grands espaces forestiers et les hautes montagnes du Golo, nous visons le quatrième grand massif de la Corse, le monte Renoso. 

Pour planter plus en détail le décor des montagnes – skiables – corses, celles-ci se répartissent en quatre secteurs du nord au sud : le massif du Cinto avec deux versants, l’un côté Asco et l’autre côté Golo, ce dernier étant le plus évasé et le plus riche en pentes, car il fait le lien avec la chaîne du lac de Nino et la punta Artica. Juste derrière se trouve la vallée du Tavignano – sans accès routier –, puis ensuite, la vallée de la Restonica dominée par le monte Rotondo (2 622 m). S’il existe bien une route qui remonte la vallée de la Restonica, en hiver, elle est souvent fermée à la circulation soit dès la sortie de Corte au camping Tuani, soit au point kilométrique 15 au lieu-dit pont de Grotelle (1 352 m). Les points de départ hivernaux étant rares, voire aléatoires, les possibilités de randonner sans en passer par une épuisante marche d’approche sur des kilomètres – avec les skis sur le sac —, le stade de neige de Capannelle-Ghisoni, situé à 1591 m d’altitude, s’est vite imposé. Je pensais avoir tout vu des routes corses, étroites, sinueuses, vertigineuses…


La D69, ancienne route nationale 196 bis de Corte à Sartène, qui prend d’assaut sur les hauteurs de Vivario, le col de Sorba (1311 m) décroche la palme des attractions version “grand 8”. Cet axe de 116 km dont les travaux de construction remontent à la seconde moitié du XIXe siècle est un véritable exploit des Ponts des Chaussées, qui sans doute transformèrent d’antiques sentiers muletiers en voie carrossable. Les quatre derniers virages en épingles, qui nous hissent sur trois cents mètres de dénivelés, sont des œuvres d’art, qui de surcroît offrent une vue panoramique sur la chaîne du monte Rotondo. La redescente sur Ghisoni est une plongée dans la Corse des châtaigniers – très mal en point – aux troncs cyclopéens et des “quatretch-quatretch” Toyota Hilux (avec l’accent corse de Ferdinand !).


C’est le maire de Ghisoni et un certain docteur Maymard qui eurent l’idée dans les années 1970 d’aménager un stade de neige sous les pentes du monte Renoso, un massif au faciès très différents de ces voisins de Corse du Nord, vallées profondément entaillées. De la punta di Zorpi en passant par la punta dell’Oriente, la punta Bacinello, le monte Renoso (le point culminant à 2352 m) et le monte Torto, la chaîne du Renoso esquisse un arc de cercle de 10 kilomètres, avec ses gradins successifs tournés vers la plaine d’Aléria et ses étangs. Ce qui frappe en Corse, c’est la transition brutale entre la forêt et les champs de neige. En quelques mètres, les hêtreset les pins laricio cèdent la place à un paysage ouvert, avec une vue dégagée à 180 degrés. Deux parkings riquiquis, – l’un supérieur, l’autre inférieur –, trois téléskis, une dameuse Leitner dernier cri, quelques bâtiments sans grâce ; voilà à quoi se résume la station Capannelle-Ghisoni. Elle a le parfum des stations des années 1960 en cours de chantier, où les voitures venaient directement se garer au front de neige. Quitte parfois à récupérer un lugeur contre la calandre !! L’ascension du premier gradin du Renoso, un faux-plat où naît la source de Pizzolo (1900 m), se fait rapidement en contournant une dent rocheuse isolée, la Pietra Nella.


De Pizzolo, des pentes larges, douces et dénudées conduisent au plateau supérieur du lac de Bastani (2 089 m), un plan d’eau invisible sous la neige, dont l’origine glaciaire est incontestable. De là, on voit déjà le cirque qui soutient le Renoso, d’où il y à 10 000 ans un glacier local s’écoulait, surcreusant la cuvette du futur lac de Bastani – 24 mètres de profondeur ! – et déposant tout autour, lors de son recul, une collerette de blocs erratiques. Un dernier coup de rein et nous prenons pied sur la crête arrondie de la punta Bacinello (2247 m). Là aussi, les glaciers ont exercé leur pression aplatissant et rabotant un dôme débonnaire. Pour le skieur de randonnée, ce dôme est une bénédiction offrant une montée tranquille jusqu’à la croix du monte Renoso. J’avoue que je n’en menais pas large, lorsque nous avons basculé depuis le sommet du Renoso dans le cirque de la valle Secca e Vallelonga : vu d’en haut, une pente raide paraît toujours trop…raide. Les premiers mètres affichent un bon 45 degrés. En cas d’erreur, nous en serons quitte pour une descente sur les fesses sur deux cents mètres… Un premier virage prudent et je suis rassuré : la neige a dégelé en surface et nous pouvons relâcher les freins pour enchaîner des courbes de cinéma ! La Corse nous accorde un joli cadeau : plus de 800 mètres de descente dans un half-pipe géant jusqu’aux bergeries de Traggette (1523 m) enfouies sous un épais manteau neigeux. La carte postale est au rendez-vous. 

Pratique

Pour organiser ce séjour ski de randonnée en hiver, nous sommes partis avec le guide Yvan Estienne (www.guide-estienne.com) et l’agence les Matins du Monde.

Y aller : au choix par bateau en prenant plutôt un ferry de nuit en profitant d’une cabine ou par avion. 


Nos itinéraires :

- Vallée d’Asco : Bocca Tumasginesca. Station de ski du Haut-Asco (1421 m) – Bocca Tumasginesca (ou col Perdu, 2183 m) en aller-retour.

D + 772 m D- 772 m. Distance 3, 2km

- Vallée du Golo : vallon de Catamalzi en aller-retour. Départ du virage en Fer à Cheval (1323 m) de la route du col de Vergio (D84). Montée jusqu’à une pointe non nommée (1829 m) de la réserve biologique de Valdu Niellu.

D+ 522 m. D– 522 m Distance : 2 km

- Vallée du Golo : Monte Cinto (2 706 m) en aller-retour par le vallon d’Erco

D+ 1320 m (ski de randonnée jusqu’à la pointe des Éboulis). D– 1320 m

Départ : 1451 m (avant la dernière épingle de piste sous la Capu du Manganu). Distance 5,7 km

- Haute vallée du fium’Orbu/Ghisioni : Monte Renoso. Station de ski de Capannelle-Ghisoni (1591 m) - Monte Renoso (2352 m) via la punta Bacinello (2247m). Descente sur les bergeries de Tragette (1523 m) via le valle Secca e Vallelongo et le ravin d’Orlandino.

D+ 957 m. D- 834 m. Distance : 6 km 



Hébergement :

C’est la grosse difficulté problème en hiver en Corse : trouver un hôtel-restaurant ouvert. Les hébergeurs étant focalisés sur la saison d’été, la saison d’hiver est vraiment la morte saison. De plus, le ski de randonnée est une activité anecdotique en Corse. Les Corses rencontrés sur nos itinéraires pratiquent un peu le ski alpin à la journée, et surtout les plaisirs de la luge et de la raquette.

Nous avons trouvé à Corte, camp de base au milieu de l’île, un excellent hébergement : l’Hôtel HR tenu par Ferdinand Pancrazi. Pour être précis, une partie de l’année, l’hôtel HR est une résidence étudiante privée et l’été, un hôtel-résidence (uniquement le petit déjeuner). Tél. 04 95 45 11 11 ; www.hotel-hr.com



L’accès aux randonnées :

C’est l’une des spécificités de la Corse. Très peu de routes desservent les fonds des vallées et permettent de partir skis aux pieds. Les points de départ à des altitudes qui évitent des portages sont la station du Haut Asco, le haut Golo et le col de Vergio et la station de Capannelle Ghisoni. L’accès à ces points de départ est chronophage (plus d’une heure) les routes corses étant rarement droites ! Par exemple, pour atteindre le Cinto depuis son versant méridional (versant) Golo), nous avons suivi depuis le bourg de Calacuccia, la route qui monte au hameau de Lozzi (1041 m), puis emprunté une longue piste pastorale (en très mauvais état) qui dessert la bergerie de Petra Pinzuta (1601 m). Un véhicule 4 x 4 est recommandé pour ce type de piste.


La neige :
Celle-ci n’est pas tout à fait la même que sur le continent. Plus collante, plus sculptée, et parfois piégeuse… La ligne entre une zone sans neige et avec neige est très tranchée : en quelques mètres, on passe du vert – car la Corse est verte en hiver – à la neige pérenne. Cette ligne de neige pérenne se situe vers 1470-1500 m. Plus on monte en altitude, plus on trouve de la neige en grande quantité, avec sur les crêtes des corniches impressionnantes et dangereuses. Soumise à des vents méditerranéens qui viennent de 6 directions différentes   U libeccio est un vent de secteur ouest- sud-ouest qui expose les régions nord et la façade occidentale de l’île ; le mistral, vent de secteur nord-ouest ; la tramontane, vent de secteur nord à nord-est ; le levant, vent d’est thyrhénien (qui vient des côtes italiennes), qui affecte la façade orientale de l’île ; le grec, vent de secteur est à nord-est et le sirocco (l’équivalent du foehn), vent chaud et humide de secteur sud à sud-est – la Corse hivernale présente des placages de neige sur des rochers et des pentes très raides. Ces vents tournants fabriquent aussi des plaques à vent dans des pentes faibles (20 à 25 degrés). Méfiance ! Enfin ces vents forts et soufflant par à-coup surprennent souvent le randonneur lorsqu’il débouche sur une crête, alors qu’il évoluait dans une combe totalement calme.


La lecture de carte
Ce n’est pas parce que les altitudes sont moins élevées que dans les Alpes que les accès aux sommets s’en trouvent facilités. En Corse, il faut regarder en premier les courbes de niveau : ce sont elles qui vont donner l’échelle de difficulté. Sur cette île montagne, les reliefs sont souvent trompeurs et un modeste sommet de 1700 mètres devient sur le terrain une vraie montagne qu’il faut contourner. Je prends pour exemple notre projet d’ascension de l’épaule de Foggiale : sur le papier l’itinéraire paraissait évident. Il suffisait de suivre le GR20. Sauf, que nous n’avons jamais trouvé le bon accès pour atteindre les bergeries de Radule, et mésestimé les ravins très profonds avec des petites barres rocheuses, qui entaillent le pied de la pointe de Cricche !

Article et photos de Philippe BONHEME 

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