Tête du Rouget (3418m) - Voie des Plaques

Difficulté :
Alpinisme AD
Dénivelé :
1800m
Durée :
2 jours

Escalade intéressante sur la face S/SO de la tête du Rouget dans le cirque du Soreiller. Un joli granite, un itinéraire peu évident, une approche sauvage, une descente délicate ; tous les ingrédients d'une vraie aventure, même si la voie est de petite dimension. – Auteur :

Accès

Refuge du Soreiller -STD - 2719m

Des Etages, on prend habituellement le 2°sentier balisé en suivant la petite route de la Bérarde. Il monte d’abord en lacets puis franchit les gorges du Ruisseau d’Amont. On tourne à droite pour recevoir le "flash" de l’aiguille Dibona. Le refuge est au pied de la belle. Compter de 2h30 à 3h.
Il y a un autre sentier balisé, qui démarre 600m plus en aval. Compter 1h00 et 100m de D+ supplémentaires pour découvrir le cirque du Soreiller d’une crête à l’ouest du refuge, et pour progresser dans la solitude.

Précisions sur la difficulté

Difficulté : AD-
Escalade rocheuse de petite dimension pour les Alpes : 300m si l’on compte l’accès à la brèche.
Difficulté technique 3+ en terrain d’aventure, mais on a vite fait de se trouver dans du 4+ non protégeable. L’itinéraire n’est pas évident et chacun s’en fait généralement une version. Il n’est donc pas impossible de croiser un clou à droite ou à gauche de la ligne. D’ailleurs le Labande présente deux tracés possibles.
Equipement : P3, terrain d’aventure avec peut être 4 ou 5 pitons.
Approche pénible souvent dans le froid.
Voie bien exposée : le soleil arrive vers 10 h00
Descente par la voie normale délicate mais intéressante constituant un bel enchainement avec la montée, sinon 3 rappels équipés par Cambon de 45m en condition montagne (gougeons).

Les infos essentielles

Carte : IGN TOP25 3436 ET Meije - Pelvoux.
Orientation de la voie des plaques : Sud. Approche : Ouest
Matériel : rappel 2x50. Tout le matériel de grimpe. Jeu de câblé + jeu de friends jusqu’au 2.5. Vêtements d’altitude à ne pas négliger. Crampons et piolets utiles pour l’approche et la traversée en début de saison.

Horaires :

Montée au refuge du Soreiller (2719m). D+ : 1100m environ. 2h30
Approche du refuge à la brèche 3170m : D+ 400m environ. 1h30
Voie des plaques - Tête du Rouget 3418m - D+ 250m - 3h00
Descente au refuge par la traversée : 2h00
Descente au refuge par les rappels : 2h00

Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

Description itinéraire de la voie des plaques

Lors de l’approche, on vise la brèche de gauche, au mieux dans des éboulis terreux et instables, et aux sentes peu marquées. On verra des bâtons blancs, balisant l’itinéraire déjà grimpant qui mène à la brèche 3170 (deux pas de III, rocher délicat.)
Traverser la brèche pour rejoindre une belle dalle inclinée facile, puis contourner par la droite un petit pilier.
Continuer en tirant vers la droite et remonter des couloirs et des dalles cannelées en joli granite. On peut passer des éperons, toujours en tirant à droite. Les 90 derniers mètres, la pente se couche et on accède directement au sommet par une arête facile.

Descente

  • Par la traversée et la voie normale : (je n’ai pas suivi cet itinéraire et recopie le topo C2C). Du sommet, suivre l’arête aérienne et facile jusqu’à une petite brèche dominant la facette NW et la voie normale d’ascension.
    De là, deux rappels facultatifs (25 et 50 m) et une désescalade permettent de rejoindre une première brèche dominant un grand couloir enneigé en début d’été. Ne pas l’emprunter mais poursuivre en descente à droite par un cheminement rocheux (traces) pour parvenir à la Brèche du Rouget.
    Descendre sur l’éperon vers la gauche en se rapprochant du couloir (traces, cairns). Après un bref passage plus raide, on parvient à un anneau de rappel.
    Effectuer un rappel de 22m, puis reprendre le fil de l’éperon jusqu’au pierrier ou névé (on peut éviter ce rappel en remontant depuis la terrasse vers la droite et par une désescalade facile).
  • Par les 3 rappels équipés par Cambon dans la face sud.
    Du sommet, descendre par l’itinéraire de montée (deux pas de III à désescalader), jusqu’à une petite brèche à main droite (Ouest). Un cairn signale le premier rappel 5 mètres plus loin dans la face.
    Les trois rappels sont en gougeons et sangles. 45m environ pour chacun. Le dernier mène au pied des difficultés. Il reste à descendre des rochers en II, II+ jusqu’à la brèche.
    Descendre avec précaution jusqu’au pierrier le pas de III en dalle sur la droite. Rejoindre le refuge.

Notre ascension du 16 août 2017

Avec cette fin de saison caniculaire, seules les voies rocheuses sont envisageables à mon goût. Je pars avec le Gillou pour le cirque du Soreiller. Non pas pour la belle Dibona qui a bien assez de prétendants comme ça, mais pour un sommet plus solitaire et secret. La tête du Rouget, voit son nom caractériser la version flamboyante du granite que l’on trouve parfois dans ce secteur. Un des meilleurs caillou du massif.

Afin de profiter pleinement de la première journée, nous partons par le sentier "Bis" qui contourne par l’ouest la pointe 2729, et qui rejoint le refuge du Soreiller en 3h30 en passant proche de l’aiguille du plat de la Selle (3596m). Personne sur cet itinéraire...

En arrivant à la croupe qui domine le refuge, c’est une belle vue sur notre objectif du lendemain. Nous contemplons aussi, de 100m, le fourmillement des grimpeurs autour du refuge et sur la face sud de la Dibona.
Première soirée assez insipide au Soreiller avec un Guidos de carte postale, mais peu sympathique. Visiblement parler à la piétaille n’est pas son truc.

Le lendemain nous sommes seuls à remonter les éboulis vers la brèche. Vue du refuge la pente est assez impressionnante, mais une fois dans l’action, on trouve le passage avec un minimum de concentration. Plusieurs itinéraires sont possibles pour rejoindre directement la brèche sans passer par le pied de la face ouest.

Nous partons en petites grosses (les Zodiac pour le Gillou et les TX4 pour moi). L’objectif est de tout faire avec : montée en refuge avec un sac à 12 kg, approche en terrain péteux, escalade rocheuse, etc. Le Gillou prend tout de même une paire de chausson, en cas de problème dans la voie...

Juste avant la brèche, au niveau des piquets, ça caille et il faut un peu grimper. On s’encorde pour démarrer sans stress.
Je suis parti avec le topo C2C qui me semble erroné. Ils disent de tirer "versant Soreiller" après la dalle, c’est à dire à gauche, à moins d’être tombé sur la tête...
Vraiment, ce côté me semble expo, et pas du tout dans le caractère de la voie. J’ai davantage confiance dans mon instinct que dans le topo et je pars à droite dans des couloirs faciles (II) avec quelques pas (III+) où ça coince bien.
Je continue tout en jetant des regards sur ma gauche, essayant de trouver un passage qui corresponde au topo. Rien, nada. A postériori je pense qu’il faut aller assez franchement à droite. Je me retrouve dans des belles dalles grises, compactes où ça ne protège plus. Mes orteils flottent un peu dans les TX4, très larges devant, car je cherche maintenant des adhérences en pointes. Ce n’est plus la difficulté annoncée, mais du 4+ soutenu et plus rien où coincer le moindre câblé. Heureusement après 10 mètres un peu flippants, je trouve un piton, puis un autre. Houla !, mauvais signe car cela veut dire que ce n’est plus la voie des plaques. Je trouve même un relais (2 pitons) rien à voir avec la bonne voie. Sans hésiter je traverse alors franchement à droite pour sortir de ces dalles soutenues pour rejoindre un beau couloir de couleur rouge en III+ , puis je passe un petit éperon à droite et je vois un piton au-dessus dans une dalle cannelée et un peu raide, qui me dit "coucou, c’est là". Un léger doute subsiste quand même quelque part, c’est ça le terrain d’aventure ...
La suite est jolie, protège bien, et on poursuit allègrement. puis on entend des voix en dessous. Deux jeunes gars qui sortent de la directe 76 et dont la présence est la bienvenue pour avoir des infos et envisager la descente together.
On se retrouve au sommet, mais nous ne trainons pas car le ciel se couvre d’une crasse qui ne demande qu’à huiler le caillou. Nous optons pour les rappels que nous découvrons sans trop de peine mais après une désescalade obligeante.
Je pars devant dans la descente pour constater que la technologie Unicore du rappel de Gillou ne facilite pas toujours la vie des alpinistes. Un torronage et une prise de tête en règle dans la première descente pour démêler tout ça.
Après les 3 rappels (spits) nous désescaladons encore une petite centaine de mètres pour rejoindre le bas de la brèche et retour sans histoire, accompagnés de quelques gouttes de pluie.
Deuxième soirée bien plus sympa et intéressante avec un guide de la Grave et ses compagnons. Ça fait du bien un peu d’humanité après ces déserts de caillasses.
Le lendemain retour par le sentier "normal", plus direct et aussi joli.

Matériel testé

  • Chaussures d’approche Zodiac Scarpa
  • Chaussures d’approche TX4 La Sportiva
  • Première peau DRY Brubeck
  • Veste Beta SL Arcteryx
  • Corde Beal 8.6 Unicore
  • Ballnut Camp

Les photos proviennent des caméras.

. Randonnée réalisée le 16 août 2017

. Dernière modification : 7 octobre 2022 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

Réagissez !

  • L’ascension de la Dibona me rappelle de très bons souvenirs tant cette aiguille est spectaculaire.
    Pour le Rouget, c’est en effet plus tranquille mais pas moins impressionnant.
    Les Sportiva (TX4 ?) ont l’air de bien se tenir !
    Ecrins sauvages, j’y reviendrais...

    Le 23 septembre 2017 à 18h14
  • Paul

    Que de monde sur la Dibona.. J’ai réalisé au refuge que m première Madier datait de 31 ans.... Je ne faisais pas de photo à l’époque. Pour l’escalade ce cirque à un gros potentiel. Le refuge est plutôt sympa mais pas donné..
    Salut Michel...

    Le 30 septembre 2017 à 13h16
  • Pour moi cela fait 27 ans.. et quelques souvenirs argentiques.
    C’est mon premier grand sommet des Ecrins, le lendemain on est monté au Gioberney.
    Je me souviens des 2 gardiennes du refuge, de surcroît très charmantes !
    Moins de monde à cette époque j’imagine.
    De bien belles voies dans ce secteur !

    Le 30 septembre 2017 à 13h52
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