Traversée du Vercors
en raquettes

Jour 1 : Corrençon-en-Vercors (1150 m) – Auberge de Roybon (1300 m)

Jour 2 : Auberge de Roybon (1300 m) – Le pot du Play (1381m) - La Chapelle-en-Vercors (900m) 

Jour 3 : La Chapelle-en-Vercors (900m) – Puy de la Gagère (1651 m) – Vassieux-en-Vercors (1100 m)

Jour 4 : Vassieux-en-Vercors (1100 m) – Col de Chironne (1416 m) – Col du Rousset (1250 m)

Jour 5 : Col du Rousset (1250 m) – Bergerie de Chaumailloux (1650 m)

Jour 6 : Bergerie de Chaumailloux (1650 m) – Auberge de Combeau (1400 m)

Le Vercors, massif forteresse défendu par de hautes faces rocheuses, offre en son cœur un plateau de jeu idéal pour les amoureux de sports nature. L’hiver, sa traversée séduit les randonneurs en raquettes, qui peuvent réaliser un périple de 6 jours d’affilée dans une ambiance ultra sauvage au sein du Parc Naturel Régional. C’est une aventure, à l’ambiance crescendo, qui démarre dans de vastes forêts pour se terminer en apothéose sur les crêtes panoramiques et magiques des Hauts-Plateaux.

Notre traversée du Vercors débute à Corrençon, paisible station-village à l’ambiance familiale, lovée au pied de la Grande Moucherolle, sommet de la barrière Est. Corrençon est aussi l’une des 3 portes de l’immense domaine nordique du Haut Vercors, où des kms de pistes de ski de fond sillonnent forêts et clairières. Derniers réglages du matériel, dernier check des sacs, premiers crissements des raquettes, échauffement des muscles et petite pointe d’émotion comme pour le départ d’un grand voyage…

Les 2 premières journées de la Traversée du Vercors sonnent comme une mise en jambe. Nous quittons progressivement la civilisation en nous enfonçant dans les vallons des grandes forêts silencieuses, saisissantes cathédrales lourdement chargées de neige. Preuves intangibles d’une vie sauvage préservée, les pas des animaux, chamois, lièvre, renard, impriment une trace légère s’échappant vers des destinations inconnues… Après quelques heures de raquettes, perdue dans les bois, l’auberge-refuge de Roybon se révèle un lieu parfait pour une première étape cocoon. Durant la nuit, le renard a dérobé 2 kg de vivres restés à l’extérieur, il fait -18°C au thermomètre au petit matin, il est temps de s’activer ! Grâce à un itinéraire en crête l’horizon s’ouvre un temps pour de très belles vues sur le Grand Veymont. Puis c’est à nouveau un plongeon en pleine forêt en gardant le cap vers la plaine de Darbounouse. La vastitude lumineuse de cet alpage d’un blanc sans faille, nous transporte vers d’autres hémisphères. Chacun s’accorde un peu de « hors-trace », histoire de se prendre pour un trappeur et réveiller son âme d’enfant. La descente vers la Chapelle-en-Vercors nécessite en partie de déchausser les raquettes... Après une longue journée dans le froid, le sympathique petit bourg se mérite, et il nous le rend bien, avec convivialité, bonnes bières et petits plats locaux revigorants… 

Urle est un vaste et riant alpage l’été, où caracolent des hardes de chevaux et de joyeux troupeaux de vaches en semi-liberté. L’hiver, il est tout autre ! Ce spot réputé pour le snowkite, où les attelages de chiens de traîneaux se sentent comme à la maison, accueille aussi les membres d’expéditions polaires venus s’entraîner et tester leur matériel. Bienvenue dans le Grand Nord ! L’ambiance est posée, ici flotte un éminent parfum d’aventure dans un décor vertigineux ! La météo pouvant changer en quelques minutes, enveloppant les randonneurs d’une nappe opaque, froide et paumatoire, carte et boussole deviennent nos inestimables alliées. La réputation du Vercors prend toute sa dimension ! Un vent catabatique souffle régulièrement ici car la neige a du mal à se poser et les reliefs sont dénudés. Monde de dolines, de scialets (gouffres) bordés d’élégantes dentelles de glace, de formes géologiques torturées, Font d’Urle nous catapulte dans un univers fantasmagorique et nous amène sur le rebord du monde ! Comme s’il écartait les bras, le pâturage de neige nous offre ses crêtes et balcons aux à-pics tourmentés, ouverts sur la Drôme et la discrète vallée de Quint.

A la fois sommet de l’alpage et rebord du plateau, Le Puy de la Gagère, dévoile un panorama immense avec toute la bordure Est du Vercors, rempart sans faille ourlé de forêts, dominé par la silhouette massive du Grand Veymont. En arrière-plan, le Dévoluy pointe ses cimes aux élégantes parois alpines. Il est temps pour nous de basculer pour une descente sur le plateau d’allure paisible de Vassieux, quelques centaines de mètres plus bas. 

4ème journée de notre Traversée du Vercors : après nous être extirpés de la forêt, une enfilade de crêtes aux courbes douces relie le But de St Genix, le But de L’Aiglette et le col de Chironne, une orgie panoramique quand le brouillard se déchire, un festival de crêtes soufflées, de corniches, de givre et de glace… où chacun casse de ses raquettes la croûte d’une œuvre en perpétuelle recommencement. Plus bas, les vallées du Diois ronronnent dans la béatitude d’un climat plus doux et au loin les sommets provençaux confirment que nous avons franchi la frontière climatique des pré-Alpes du Sud. Le refuge octogonal de Vassieux, tout de bois vêtu, et bien équipé avec son poêle nous offre une halte de pique-nique idyllique, à l’abri d’une jolie clairière ! Cap vers Chironne, notre progression en crête est sublimée par le passage lisse et silencieux des vautours, majestueux hôtes des falaises du Vercors.

Le tracé de la route du Col du Rousset, seul accès au plateau depuis le Sud, strie le paysage et rompt pour un temps le sentiment d’isolement. Pour nous échapper des crêtes nous empruntons un bien curieux passage via une voie romaine qui se faufile sous les falaises. Un dernier col « naturel » permet de s’affranchir de la route et donne accès à la petite station de ski du Rousset.  

En gagnant le sommet de la montagne de Beurre nous retrouvons progressivement une vue grandiose à 360°. Devant nous s’ouvre le territoire des Hauts-Plateaux du Vercors, et celui de sa Réserve Naturelle, un espace hors du monde sans habitat permanent, ni route d’accès. Un territoire dédié 100% à la protection de la faune et de la flore où l’homme est toléré pour autant qu’il pratique des activités respectueuses. Pénétrer sur les Hauts-Plateaux, c’est évoluer dans un paysage sans fin, fait de combes légères, de vallons accueillants et de grandes clairières. Le royaume du pin à crochets est aussi celui de la faune, discrète mais bien présente pour qui saura observer traces, restes de repas et silhouettes furtives... Il n’est pas rare de croiser des empreintes de loup ! Le calme absolu saisit nos âmes de citadins stressés et nous transporte... 

Quelques cabanes ouvertes aux randonneurs parsèment le plateau, l’occasion de passer une nuit magique, tout en étant bien à l’abri ! En fin de journée, la bergerie de Chaumailloux nous accueille. Il reste à pelleter pour trouver la source, lancer le poêle… et savourer le privilège incroyable d’être ici. Dernière journée en guise d’apothéose, lever plein cadre devant le Mont-Aiguille puis nous évoluons à nouveau en balcon : Chartreuse, Belledonne, Dévoluy… Il nous reste à nous laisser porter dans la descente du Vallon de Combeau, étourdis par tant de beauté, avec la sensation d’avoir pris une grande leçon de nature !

Textes - Vercors Escapade

Photos Sandrine & Matt Booth - Prises 2 Vues  

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