Sortie du 26 octobre 2017 par Dyn’s Le Péouvou, Pic Sud (3174m)

L'ascension d'une colossale montagne de la Haute Ubaye : le Pic sud du Péouvou. Un cheminement des plus austères et des plus sauvages... Un sacré morceau surtout en solo !

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Voile en matinée se dégageant dans l’après-midi.

Récit de la sortie

Réveil à l’aube de mon camp de base peu avant le hameau de la Barge. Je profite d’un lever de soleil sur les Pics de la Font Sancte le temps de prendre mon café. Je fais le point sur mes affaires et décolle pour Maljasset. Le soleil passe derrière le voile matinal et les couleurs se teintent. Je me gare au grand parking à l’entrée du dernier hameau de cette belle vallée, retire une couche, boucle mon sac et claque la portière.

C’est parti pour une "fat" (grosse !) ascension, comme j’aime le dire ! L’approche jusqu’au plan de Parouart permet d’échauffer les jambes en douceur. J’exalte comme un gamin devant un sapin de Noël prêt à déballer ses cadeaux ! Je vise, aujourd’hui, le Pic sud du Péouvou, un des géants du secteur. Le genre de sommet, que lorsque tu le vois pour la première fois, tu te dis ça ne passe pas sans escalade sérieuse ! Je peux faire référence au Roc de Garnesier dans le secteur du vallon de la Jarjatte pour m’avoir donné la même impression. Je sais que ça passe, et assez bien pour avoir eu la confirmation par le topo de Cyril. Merci encore pour celui-ci ! J’en avais vite fait survolé le descriptif et les photos... Je veux tout de même garder une certaine part de surprise sur le terrain ! Disons que je n’ai en tête que l’itinéraire, visuellement parlant, et le fait que l’escalade reste facile...

J’arrive aux Ribes de Parouart, ma montée commence ici. Ce sentier, je l’ai déjà parcouru à la descente lors de mon tour du Péouvou par la Roche Noire et le Longet. Je rejoins plus haut la cabane de Tiéouré. Petit arrêt pour se désaltérer et grignoter un morceau. La cabane est charmante, idéale pour couper l’ascension en deux jours ! Puis, je reprends mon chemin, coupe le ravin dès que l’occasion se présente et plonge dans le sauvage vallon du Béal de Parouart. Je me rapproche de plus en plus de l’immense muraille du Péouvou sud ceinturée par une grande barre rocheuse à sa base. Celle du Péouvou nord impressionne, intimide... Est-il réellement faisable...? Je me souviens que Bernard Ranc a échoué à deux reprises sur chacun des versants à quelques encablures du sommet...

Je finis par déboucher au pied du pierrier. Je commence à le remonter, la pente est peu déclive au début, les gros cailloux de dolomie sont assez stables. Plus haut, ce n’est plus la même ! C’est bien raide, la pente n’en parait plus terminer, les éboulis croulent sous les godasses ! Aucun signe ostentatoire de passage humain... Même pas un cairn... Ah si... Un bout de tissu rouge est coincé entre deux rochers... C’est en fait un ballon de baudruche crevé ! Une carte est accrochée par une ficelle... "Lacher de ballons", je peux y lire, de Vendôme en Loir-et-Cher. Il en a fait des kilomètres celui-là pour venir s’échouer dans le grand pierrier du Péouvou ! Cette trouvaille est presque miraculeuse pour son envoyeur !

Je parviens tant bien que mal à m’arracher de la première pente d’éboulis et j’arrive au pied de la barre rocheuse sur un petit plateau. Encore et toujours de la caillasse ! La traversée est un poil longuette. Je commence à fatiguer, cette pierraille est harassante. Je gagne tout de même le début du couloir. Je me pose cinq minutes sur un rocher, déjà 3h45 d’ascension... Je bois un bon coup et j’entame le couloir final haut de plus de 150m. Les passages en rochers complètement nettoyés sont confortables et évitent par intermittence de s’embourber dans le pierrier gravillonnant. Le couloir est relativement bien raide tout de même. Je remonte, je remonte, c’est long, très long ! Incroyablement austère et sauvage ! Toujours pas vu un seul cairn ! On se croirait lors d’une "première" ! Rarement une ascension en solitaire m’avait été aussi intense !

Je chemine au plus logique. Plus haut, j’emprunte un autre couloir, étriqué, délité et bien raidasse pour changer ! Encore un ultime effort et je prends pied sur la crête à la brèche sous le sommet. OUF ! J’y suis ! La Haute Ubaye s’étale devant moi, dominée par le géant des géants : le Viso. Le sommet du Pic sud est juste là, séparé par une arête aérienne. La grimpette est facile mais l’attention est primordiale, il y a du gaz ! Encore quelques pas et ça y est ! Je foule la cime du Pic sud du Péouvou après une rude ascension de quasi 5h ! Malgré le voile, le point de vue sur le secteur est saisissant. Au loin, je distingue parfaitement le Mont Rose et le Cervin. Un bout de Mont Blanc dépasse derrière le Grand Glaiza. Par contre la Grande Casse m’est cachée par l’imposant Pic nord du Péouvou. À l’ouest, j’aperçois le Grand Ferrand encore enneigé ! Je remarque une boîte dans le cairn sommital. elle contient un petit livre d’or. Je suis le premier à ajouter un mot après les inaugurateurs de 2015...

Je reste un peu au sommet, il est déjà 13h bien passé. Je pense au retour. Ces journées d’automne sont courtes, la nuit commence à tomber vers 19h ! Une petite visite au sommet de l’autre côté de la brèche. La suite de l’arête sud est bien tentante ! Retour à la brèche et à l’étroit couloir. Je regagne le couloir principal, puis la traversée. L’omniprésence de la caillasse est dure, je ne souhaite que de retrouver l’alpage plus bas ! Encore le premier pierrier à dévaler, peu de ramasse possible dans ces gros cailloux. Éreintant au possible !

Enfin c’est la délivrance ! Mon pied foule une motte d’herbe ! La démarche redevient agréable, reposante. De retour à la cabane de Tiéouré, je prends une bonne pause. J’aurais eu de quoi passer la nuit, j’y serais resté ! Le ciel se dégage de tout nuage et devient d’un bleu clair intense, presque irréel. J’entame la descente des Ribes de Parouart, je rejoins le GR alors que le soleil disparaît derrière la ligne de crête sous le Pic de Panestrel. Commencée aux premières lueurs du jour, je termine cette monumentale ascension au coucher du soleil. Entre Combe Brémond et Maljasset, les derniers rayons enflamment le Rubren et la Pointe Basse de Mary, gravie la veille. Je regagne le parking après plus de 10h de montagne ! Ce Pic sud du Péouvou se mérite et quelle sensation d’avoir grimpé une montagne de cette allure si charismatique...

. Randonnée réalisée le 26 octobre 2017

. Dernière modification : 11 novembre 2017 (Avertissements et Droits d'auteur)

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  • Bravo Arnaud pour cette ascension mémorable, pour ton récit très prenant et pour tes sublimes photos. A bientôt peu être...

    Le 12 novembre 2017 à 13h01
  • roland

    Oui c’est très joli. Mais vu les pentes, l’orientation N et le caillou franchement sans intérêt et fastidieux, c’est une grimpe qui doit prendre son sens au printemps, en crampons.

    Le 12 novembre 2017 à 19h08
  • Si c’est sans intérêt à tes yeux, c’est que tu n’as pas encore découvert la raison de son importance…Ce qui prouve bien que la valeur des choses ne dépend pas exclusivement de son intérêt mais aussi de l’attention qu’on lui porte.
    J’avais pensé gravir ce sommet un jour ou l’autre, sachant qu’il m’attendrait sagement quelques années de plus si je lui faisais faux bond…
    Merci du partage Arnaud.

    Le 12 novembre 2017 à 21h38
  • Monter en crampons sur de la bonne neige, c’est super ! mais on est plus chargé, plus lourd et généralement, il fait plus froid, et quand j’évolue en terrain sec, je sais sur quoi je progresse. La neige peut cacher des obstacles ou des pièges. Mais je n’ai pas de préférence, et je trouve que les deux types d’ascensions se valent. Certains aiment le rocher et même la caillasse (j’en connais) alors de là à décider du terrain qui prendrait tout son sens... ça restera à mon goût toujours subjectif et très personnel.

    Le 12 novembre 2017 à 23h19
  • roland

    Attention au contre-sens voyons ! Je n’ai pas dit que le sommet était sans intérêt, mais simplement qu’en voyant les photos 15 à 18, objectivement, l’ascension dans ce vilain couloir détritique ne présente pas d’intérêt. Sur de la neige de printemps, tout est plus sain, plus facile et plus rapide dans ces pentes là en pointe avant ; avec en prime une autre ambiance, c’est pas à vous que je vais l’apprendre non ?

    Le 13 novembre 2017 à 14h02
  • Je ne pense pas, même si je reste toujours très ouvert auprès de passionnés de montagne pour apprendre plein de nouvelles choses, mais pour moi, ces terrains détritiques font partie d’une ascension et contribuent à la rendre difficile voire épique, donc ils ne me dérangent pas, même si leur côté physique et fastidieux se font bien sentir ! !!😃 ce n’est pas pour cela que je vais choisir systématiquement les terrains les plus pourris pour atteindre mes objectifs, mais je ne suis pas non plus un grand adepte de la neige et du froid. Ceci explique cela ! ☺😊

    Le 13 novembre 2017 à 14h20
  • @Roland : Je te cite : "mais simplement qu’en voyant les photos 15 à 18, objectivement, l’ascension dans ce vilain couloir détritique ne présente pas d’intérêt."
    C’est ton point de vue (certainement partagé par beaucoup) et il est nullement objectif. Cyril l’a très bien résumé à la fin de son 2e commentaire, cela est propre à chacun.

    C’est sûr que c’est une démarche marginale de gravir de tels sommets dans un décor si austère et sauvage sur un terrain fastidieux (encore plus en solo !) mais c’est quelque chose qui me fait intensément vibrer... Un ressenti sur le moment qui est difficile à retranscrire avec des mots...
    J’aime la caillasse même si elle est rude, même si parfois elle me fatigue, même si il faut s’arracher dedans, mais quelle sensation de gravir un sommet de cet acabit. Le seul inconvénient, c’est qu’elle me vaut un ressemelage par an !

    Le 13 novembre 2017 à 14h46
  • Belle ambiance bien rendue par les photos. Quant à la caillasse, chacun ses goûts, mais parfois on n’a pas le choix.....Pour bien des itinéraires on ne peut pas y couper et c’est souvent ce qui en fait le charme (je pense au Dévoluy bien sûr mais aussi à Belledonne). Pour moi la montagne c’est un tout et j’en aime tout, y compris les cailloux ! Mais encore une fois, tous les goûts sont dans la nature......

    Le 13 novembre 2017 à 19h13
  • Se confronter à la nature est un aspect captivant de la randonnée c’est pour ainsi dire sa raison d’être ; après caillasse, glace, pente herbeuse quel bonheur à l’arrivée !

    Le 14 novembre 2017 à 10h11
  • roland

    @dyn’s, je sais vraiment pas... Quand on y a gouté, un couloir de neige bien pentu vous dégoute à jamais des couloirs pierreux où tout glisse, où rien n’est stable et où on risque de tuer les gens en dessous au moindre pas. L’histoire de la pratique de la montagne en témoigne et l’apprentissage passe par là. Ce n’est pas un avis si personnel que cela. Mais j’ai beaucoup pratiqué moi aussi ces situations moi aussi.
    Et finalement, la caillasse je la préfère, effilée, dure, stable et
    de préférence en pierre magmatique, en course d’arête.
    Ceci dit, ce genre de course, c’est l’avenir et va falloir s’y remettre sévère (au éboulis et à la pierraille et au couloir péteux) vu le réchauffement climatique dingue et la disparition très rapide de la neige sous nos latitudes ...
    @agarock tu sais, passé 45°, tu n’as jamais froid...
    à plus

    Le 17 novembre 2017 à 21h51
  • Voilà, c’est fait !
    C’est vrai que la pente est moins raide qu’à l’Eissassa, mais c’est un "morceau" tout de même !
    Je n’avais pas prévu de le gravir initialement mais la fenêtre météo était trop réduite pour s’engager sur une course avec une approche plus longue.
    Bravo pour le solo Arnaud, hélas la "boîte aux lettres" à pris l’eau.
    Dommage que le sommet nord soit instable, parce qu’il a vraiment de la gueule !

    Le 23 août 2019 à 12h27
  • Merci et bravo à toi, surtout avec la météo serrée !

    L’approche est assez courte par rapport à d’autres sommets du secteur, mais étonnamment j’ai gravi le Rubren en une heure de moins que le Péouvou au final bien plus rude...

    Le 23 août 2019 à 12h59
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