Sortie du 19 novembre 2017 par gegers Charmant Som (1867m) par le Habert du Col de Porte, boucle par les crêtes du Mont Fromage – à raquettes

Vent : virevoltant
Température : vivifiante
Couverture nuageuse : allant et venant
Enneigement : insuffisant
Plaisir : intact

Ma colline est belle. Elle n’est pas très haute, moins en tout cas que nombre de ses voisines qui prétendent au titre de "montagne", mais elle est belle. Et c’est la mienne. Enfin, j’y suis bien. Je n’ai pas de titre de propriété, aucun acte notarié, mais je m’y sens chez moi. Je ne suis pas le seul, puisque par jours de beau temps, je ne suis pas le seul à arpenter ses flancs. Mais je ne saurais être jaloux, ma colline est partageuse, je lui dois de l’être aussi.

Ma colline se visite par tous les temps. Sous la canicule estivale, les giboulées printanières, les coups de vents automnaux. Et la neige. Bien sûr, la neige. Cette année, elle revêt tôt son manteau blanc. Encore fragile, peu épais, mais il est là. Sur tous les flancs, atteindre son sommet demande maintenant un effort supplémentaire. Tant mieux, j’aime quand ma colline se fait désirer.

Pas de "c’est à cette heure-ci que tu arrives" ou de "tu t’en vas déjà". Ma colline n’attend rien de moi. D’ailleurs, ma présence ne lui apporte rien. Mes pas bruissent sur la neige, mon manque de discrétion dérangent les chamois qui s’agglutinent sur les dernières pentes encore non enneigées, ma présence-même est une incongruité dans cet environnement qui ne demande qu’à s’endormir avant que l’hiver ne la piège dans sa gangue glacée.

Ma colline, j’aime la quitter lorsqu’il n’y a plus rien d’autre à faire que s’en aller, lorsque le soleil cesse de lécher ses pentes, lorsque les couleurs achèvent leur explosion et la plongent dans une torpeur silencieuse. Le silence de l’adieu.