Sortie du 29 septembre 2018 Aiguille de Chillol (3303m)

Une ascension détritique dont on se souvient longtemps et dans laquelle on laisse des plumes.

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

Pour découvrir la carte, l'itinéraire et les infos détaillées, veuillez consulter le topo de référence

Conditions météo

Beau temps et ciel complètement dégagé.

Récit de la sortie

En cette fin septembre, la météo est au beau fixe et la neige encore absente sur les sommets ubayens.

Alors, avec mes compagnons d’aventure, Mick et Phil, nous décidons de tenter l’ascension de l’Aiguille de Chillol.

Le terrible Vallon de Chauvet à remonter, et oui !

5 ans après une tentative d’ascension infructueuse de l’Aiguille de Chambeyron, me voilà de retour dans cet endroit sombre et austère.

Un endroit je que qualifierais même de "mystérieux" et vraiment pas adapté au mode de déplacement d’un être humain...

Néanmoins, l’envie d’aller chercher le sommet de cette Aiguille de Chillol, voisine délaissée de celle de Chambeyron, point culminant du département des Alpes de Haute Provence, s’était frayée un chemin dans ma liste de sommets.

Le départ de cette ascension ne laisse aucun répit.

Le sentier bien tracé au départ du Pont vouté est immédiatement raide et chauffe nos corps d’une façon très agressive.

Après avoir atteint un bon rythme de croisière, nous parvenons sans soucis à gagner l’entrée herbeuse du Vallon de Chauvet.

Les pentes raides se poursuivent et la couleur verte de l’herbe montagneuse se fait de plus en plus rare.

Puis, apparaît la raide montée du verrou glaciaire terreux barrant la vue du plan de Chauvet.

Le vallon rétrécit franchement à cet endroit où il est très difficile de profiter de bons appuis.

C’est instable, ça glisse, c’est pentu, on y laisse des plumes et il faut s’accrocher.

Puis d’un coup d’un seul ! la vue s’élargit enfin sur le Plan de Chauvet, la glace persistante de son ancien glacier, avec l’Aiguille de Chillol à gauche, celle de Chambeyron en fond de vallon et son couloir Coolidge menant au salutaire Pas de Chauvet.

Un petit et discret lac glaciaire dont les eaux sont recouvertes de glace se laisse admirer, mais la remontée du grand éboulis de cette combe n’augure rien de bien agréable.

La pente s’accentue petit à petit au fur et à mesure que l’on s’approche du fond du vallon.

Nous laissons (à regret pour moi... souvenir personnel inachevé de 2013) le couloir Coolidge, en condition aujourd’hui pour une éventuelle tentative d’ascension de l’Aiguille de Chambeyron, afin de bifurquer à gauche sur le grand éboulis de Chillol, et là ! c’est un peu l’enfer quand même...

Rien ne tient, on s’accroche à ce que l’on peut en avançant à quatre pattes dans cet infâme pierrier et les sueurs froides traduisant un stress grandissant surgissent.

Car, quand on jette un coup d’œil en arrière, la vue qui nous est proposée nous laisse penser qu’il ne faudrait pas dévisser, car la chute pourrait être rédhibitoire.

Mick et moi-même atteignons un léger replat alors que Phil, engagé dans un bial très raide sur notre droite, ne se sent pas assez sécurisé pour effectuer une traversée en dévers, dans notre direction.

Il remonte plus haut afin de redescendre vers nous, mais ne peux éviter la montée de stress habituelle quand on se retrouve en situation très délicate.

Nous rejoignons alors péniblement la base rocheuse sous Chillol, et là débute encore, une escalade détritique et dangereuse, car cette roche est vraiment pourrie et tout s’effrite.

Nous choisissons l’itinéraire qui nous parait le moins instable dans ce dédale minéral et remontons plusieurs couloirs délités et quelques vires exposées.

Chaque prise est testée avec minutie, et il faut souvent s’y reprendre à plusieurs reprises, car le rocher ne tient pas et s’arrache facilement à main nue.

Nous finissons par atteindre notre but, rejoindre enfin l’arête pour y voir plus clair.

Là, une magnifique aiguille se dresse sur notre droite.

On pense qu’il s’agit là de notre objectif, mais nous n’en sommes pas sûr, car ce que nous voyons ne permet pas de penser qu’il est réellement possible d’y monter.

L’Aiguille de Chambeyron est juste derrière et j’aperçois sa belle croix sommitale, mais j’identifie également plus loin la Pointe des Cirques (3234m) suivie de très près par le Brec de l’Homme (3211m).

En regardant sur notre gauche, l’arête, étroite se poursuit de façon plus réalisable, passe par plusieurs gendarmes acérés et semble s’achever sur une pointe délitée.

Celle-ci nous semble plus haute que l’aiguille de droite, le sommet de l’Aiguille de Chillol est peut-être là ?

J’entame alors le parcours en arête, mais celle-ci est comme le reste, complètement délitée et rien ne tient.

Le GPS de Mick indique 3270m, mais le doute persiste sur la direction à suivre et après concertation, nous décidons d’en rester là !

Nous redescendons cet endroit non recommandable à quelques encâblures d’un sommet que nous n’avons pas réussi à identifier...

Une certaine frustration dû à ce renoncement me gagne, mais je ne suis pas non plus malheureux de redescendre.

Ceci se fait avec une extrême prudence et une multitude de précautions, puis la descente du grand pierrier que je qualifierais de "rock’n’roll", permet d’enfin récupérer le haut du Plan de Chauvet, ouf !!!

La suite de la descente sera plus sereine.

Rentrés dans nos foyer, nous n’en sommes pas restés là !

Après consultation de la trace du GPS de Mick, la pointe qui se trouvait à notre droite est en fait le point coté 3316 de l’IGN, et il semble que nous n’ayons pas assez bifurqué sur notre gauche lors de l’entame de l’escalade vers l’arête.

Ceci nous aurait sûrement permis d’atteindre l’Aiguille de Chillol, du moins, sa petite plate forme située juste à côté de son arête terminale.

Quelques regrets, mais une grande aventure partagée à trois que nous n’oublierons pas de sitôt !

VIDEO

. Randonnée réalisée le 29 septembre 2018

. Dernière modification : 2 octobre 2018 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteurs : , ,

Réagissez !

  • Belle sortie ! Je confirme, il fallait continuer l’arête ou alors remonter la face sud par un des couloirs de merde, c’est pas franchement compliqué mais comme dit Patrick "c’est un château de cartes" ^^

    Le 2 octobre 2018 à 19h48
  • Été 2020, j’ai essayé d’y aller. Très beau fond du vallon du Chauvet et après les ennuis commencent dans les pente raide. Je me suis fait avoir comme Mick & Co par un pic sans nom à 3316 m entre l’Aiguille de Chillol et le l’Aiguille du Chambeyron (précédé d’une autre pointe sans nom) . Après être monté 3 fois sur la crête juste à droite et à gauche du 3316 et puis sur la même crête que Mick & Co, un coup de tonnerre m’a vite décidé à lever l’ancre dans ces pentes raides, dangereuses et très glissantes. Dommage, j’y retournerai.

    Le 3316 semble intéressant mais pire à grimper, alpinisme face S et lisse face N.

    Le 3 août 2021 à 11h32
Chargement en cours Chargement en cours...
Veuillez patienter ...
Nouveau commentaire
Nous vous conseillons de vous connecter !

Nous posons cette question pour lutter contre le spam.

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

En postant votre message, vous acceptez la charte d'utilisation des commentaires.

Autres sorties

Retrouvez les récits et photos de randonneurs ayant déjà parcouru cet itinéraire.

Aucune autre sortie pour le moment. Et si vous en ajoutiez une ?

Ces randos pourraient vous intéresser :

Aiguille de Chambeyron (3412m) par sa face sud et la brèche (...)

Pointe d’Aval ou de Chauvet (3320m)

Bec Roux de la Souvagéa (3013m)