Sortie du 26 octobre 2018 par patrick73 Grand Som (2026m) par le Col de Mauvernay - l’arête sud et le sangle

Conditions excellentes, la Chartreuse est toujours aussi sèche.
Grand beau temps doux, se couvrant dans l’après-midi.
Léger vent d’ouest au passage des cols et sur l’arête.

Habert de la Ruchère 8h15 => Grand Som 12h30
Grand Som 13h15 => Habert de la Ruchère 16h

Cotation : T4

Grand Som par l’arête de la Suiffière le 26 Octobre 2018.

Alors qu’il neige !

Un ciel gris, uniforme, lourd et pesant.
Le paysage se dissout dans cette masse sans consistante, qui imperceptiblement le gomme.

Un vent violent qui se lève. Quelques gifles de pluie froide, cinglante. Bientôt elle se fait grésil, piquante, mordante, puis plus épaisse, plus lourde et compacte.
Les premiers flocons s’abattent violemment sur le rocher, une ouate légère se dépose.
La terre et le ciel s’unissent, tout est flou, indistinct.

Le vent hurle, il neige à l’horizontale.

Confortablement engoncé dans mon grand fauteuil, j’imagine, là-haut les éléments qui se déchainent, face à la Chartreuse dans l’encadrement de la baie vitrée.

Dire qu’il y a quelques heures seulement, seul sur mon arête blanche, je m’amusais du contact sensuel de ce magnifique calcaire, doux et rugueux, prisu à souhait.

Funambule sur ce fil ténu, sous la douce bienfaisance d’un soleil languissant, au milieu de l’abîme, je profitais des derniers instants d’un long été déclinant.

Seul présage de l’arrivée imminente de l’hiver, là-bas au loin, majestueux, le Mont Blanc faisait l’Âne.

Comme s’il y avait urgence, je voulais, je devais être sur ce bout de cailloux, au milieu de cette Chartreuse aux couleurs de feu.
Un besoin impérieux de grimper ce calcaire, de me régaler du vide.
Dans l’immensité du paysage, seuls d’habiles choucas, champions des pirouettes aériennes, me frôlent en poussant leur cris rauques.

Présage des frimas, ils quémandent leur pitance, avant que les sommets ne soit désertés.

Demain ou bientôt, quand le pâle et blanc soleil d’hiver reviendra, j’irai de nouveau fouler ces pentes, les skis aux pieds pour dessiner de fugaces arabesques.

L’hiver vient de chasser l’été !