Sortie du 28 août 2018 par manu Tour des Ruans et des Dents Blanches

Météo presque parfaite.
Terrain sec sur la totalité du parcours.

Ce qui est bien pratique avec le "Tour des Ruans" (déjà, c’est curieux comme nom d’usage, puisque ce n’est pas le point culminant du massif dont on s’apprête à faire le tour), c’est la grande liberté permise dans le choix du point de départ, du découpage des étapes et de l’itinéraire.

On peut partir aussi bien de France (Sixt, Vallorcine) que de Suisse (Emosson, Champéry...), et s’il y a bien quelques passages plus ou moins imposés, on peut facilement prendre une variante ou rajouter l’ascension de sommets voisins de l’itinéraire (en particulier le Mont Buet, la Haute-Cime, le Luisin ou encore le Bel Oiseau).

Cette sortie se distingue du topo d’origine par un départ du côté du Haut-Giffre, une étape de moins (absence du crochet vers les Dents Blanches), quelques points de passage différents, et le tout en sens inverse. Soit 4 étapes pour un dénivelé d’environ 4830 mètres positifs, autant négatifs.

Pour une question pratique, nous sommes partis du hameau du Molliet, juste avant Nambride, à deux pas de l’entrée dans le Cirque de Fer à Cheval (on peut facilement se garer le long de la route et éviter le parking payant au bout de la route), dans le sens antihoraire.

Etape 1 : Le Molliet > Chalet-refuge du Grenairon

Dénivelé positif : + 1225 m
Dénivelé négatif : - 90 m

Pour cette première étape, un peu pressés par le temps et pas franchement encouragés par un temps glacial et des nuages bas, nous avons choisi de suivre le sentier qui longe la route redescendant à Sixt-Fer-à-Cheval, jusqu’au centre-village, afin de rejoindre la montée directe au Chalet-refuge du Grenairon par la Combe des Esserts.

L’autre possibilité aurait été de monter par les Praz de Commune, soit en amont de Nambride, depuis le bout de la route 907, par le Rocher Blanc, soit en aval depuis l’Echarny, mais dans les deux cas au prix d’un dénivelé plus important.

Par chance, la brume épaisse s’est dégagée en arrivant au refuge (1974 m), ouvrant la vue sur la grand paroi des Fiz et sur le Mont Blanc. Il y a quelques marmottes dans les grands rochers au dessus du refuge, et un petit troupeau de chèvres dans la bergerie voisine. D’ailleurs, le refuge vend la tomme (spoil : elle est super bonne).

Peu après le refuge, un grand alpage, avec son troupeau de moutons, plonge sur le bas du cirque des Fonts dont les parois rocheuses très découpées par l’érosion sont impressionnantes. Un joli tableau malgré la ligne à haute tension.

Etape 2 : Chalet-refuge du Grenairon > Auberge d’Emosson par le Buet et le Cheval Blanc

Dénivelé positif : + 1430 m
Dénivelé négatif : -1445 m

Direction le Buet, le point culminant de nos quatre jours.
C’est d’abord une remontée de crête un peu tortueuse jusqu’à la "Cathédrale" (2531 m), avec des vues magnifiques sur le Cirque des Fonts, puis une traversée horizontale jusqu’aux Lacs du Plan du Buet (2540 m). C’est vraiment dommage que la ligne à haute tension soit à ce point omniprésente dans cette partie.

Le col situé à environ 2800 m entre la Pointe du Genévrier et le sommet du Buet se remonte plus facilement qu’imaginé depuis les lacs, même si la trace se perd un peu par endroits dans les derniers mètres. Nous y arrivons les premiers de la journée, et surprenons deux bouquetins.

La montée finale au sommet du Buet (3098 m) est un peu exposée, mais bien équipée de câbles dans le passage clé. L’arrivée sur l’arrête sommitale, face aux grands sommets du massif du Mont-Blanc est superbe. Dans le dos, le panorama montre le long parcours déjà parcouru depuis le Grenairon, et tout ce qu’il reste à faire.

A la redescente, de retour au col, on contourne par la droite la Pointe du Genevrier (2870 m), jusqu’au Col du Genévrier (2691 m). Le sentier n’est pas toujours marqué mais toujours assez évident jusqu’au sommet du Cheval Blanc (2830 m), qui marque l’entrée en Suisse. La vue est magnifique sur les deux lacs de barrage du Vieux Emosson et d’Emosson.

La Cabane du Vieux Emosson aurait pu être l’objectif du jour, mais nous préférons poursuivre jusqu’à l’Auberge-restaurant du barrage d’Emosson (1960 m environ) pour réduire l’étape suivante en prenant la très belle Gorge de la Veudale où nous retrouvons à nouveau plusieurs petits bouquetins curieux.

Il y avait une quinzaine de couchages au rez-de-chaussée de l’auberge, mais nous avons cru comprendre qu’il n’est pas sûr qu’ils existent pour bien longtemps encore (bien se renseigner avant d’envisager y passer la nuit)...

Etape 3 : Auberge d’Emosson > Cabane de Susanfe

Dénivelé positif : + 1600 m
Dénivelé négatif : - 1460 m

Le soleil se lève plus tard fin août, mais nous profitons de la pleine lune pour décoller très tôt, ce qui nous offrira un lever de soleil de toute beauté sur le grand lac d’Emosson, sur fond d’Aiguille d’Argentière, Aiguille du Chardonnet, Droites, Courtes, Aiguille Verte et Drus. Splendide.

C’est la journée des cols : Barberine, Emaney, Susanfe. Trois cols aux profils quasiment identiques, mais dans trois ambiances bien différentes : la combe bien verte de Barberine d’abord, avec son troupeau de moutons et une incroyable rencontre avec toute une colonie de bouquetins en contrebas du versant Nord du col, le vallon étroit d’Emaney ensuite, puis enfin la rocaille de Susanfe.

Vues depuis le Col d’Emaney (2462 m), les Dents du Midi sont assez spectaculaires, et je n’ai pas souvenir d’avoir déjà un lac aussi grand que celui de Salanfe ayant des eaux turquoises pareilles.

Pour relier le Col d’Emaney au Col de Susanfe (2493 m), il est possible de couper par l’Ouest du Lac de Salanfe, sans passer par la Cabane de Salanfe. Une fois la grande "plaine" de l’extrémité du lac traversée, on rejoint à vue hors sentier une large sente (raide sur la fin) qui monte directement vers le col. Le sentier principal venant de la Cabane de Salanfe est rejoint à proximité du sommet du col.

Il était malheureusement un peu tard et trop brumeux pour s’engager dans la Haute-Cime (3258 m).

Nous aurons ce soir là un coucher de soleil d’anthologie sur les Dents Blanches.

Etape 4 : Cabane de Susanfe > Le Molliet

Dénivelé positif : + 570 m
Dénivelé négatif : - 1830 m

Retour en France au plus court par le fameux Col des Ottans (2502 m), qui alimentait pas mal de conversations à la terrasse du refuge la veille au soir chez nos voisins : par où ça passe ? est-ce que c’est dangereux ? comment sont les échelles ? est-ce que c’est long ?

C’est vrai que vu du refuge, on se demande un peu par où peut bien passer l’itinéraire dans cette haute barre rocheuse...

La montée au col est très bien indiquée (sentier, marques de peinture) et les derniers mètres assez impressionnants sont bien équipés d’échelles et de câbles. J’imagine que certains passages, même courts, doivent paraître tout de même assez impressionnants dans le sens de la descente.

On traverse sans mal vers le Col du Sagerou, un peu plus bas (2397 m), puis ne restent "plus que" les 1800 mètres de longue descente sur le fond du Cirque de Fer-à-Cheval, par la Vogealle et le Pas du Boret, avec des vues grandioses sur le cirque pour conclure en beauté ces 4 étapes.