Sortie du 7 juin 2019 par patrick73 Aiguille de Laisse ou Roc de la Balme (2879m) par le Col de la Croix de Fer

Météo :
Grand beau temps frais le matin (4°c à 5h au col de la Croix de Fer), puis vent extrêmement violent dès 8h. Chaud au retour (20°c au col de la Croix de Fer à 11h15)

Enneigement :
Excellent pour la saison, on chausse les skis à la source captée, 5mn de marche depuis le parking du col.

Conditions :
Excellent regel nocturne, moquette à la descente !

Dénivelée :1130m
Horaire : 4h à la montée, 1h30 à la descente.
Difficulté : 2.2-PD-E1 (court passage à 35° sous le sommet)

Aiguille de la Laisse, combe Nord à ski, le 7 Juin 2019.

Un gros coup de foehn

L’idée était bien de "s’en jeter" une petite dernière avant de ranger les planches.
L’idée aussi, était de ne pas jouer le mulet avec un portage de malade.
S’imposait donc un départ déjà haut, un col, une station.
À force de me creuser les méninges, j’en arrive aux inévitables Val tho, ou Croix de Fer.

Jeudi 6 Juin, je rame au boulot, je n’ai qu’une envie, être sur mes planches. Je scrute les bulletins météos, les sorties sur skitour... Demain sera une belle journée, quoi que les météos de tout bord annoncent du vent violent, entre 60 et 90km/h, bigre !!!! de quoi décorner un...bœuf !

Vendredi 3h du mat’... L’heure ou le tefeur rentre bien fatigué de "soirée"... Moi je me lève au radar. J’ai cru observer une étoile dans le ciel, il doit faire beau, allez courage.
Un p’tit déj’ trop rapidement avalé, hop dans la voiture, et en route. Je pique du nez, mais qu’est ce que je fais ici à ses heures indues ?

La route des villards et ses virages, mais combien ils en ont fait ??? Ça fait trente ans que je peste contre cette route pénible à souhait alors que je pourrais dormir tranquillement. Le Glandon, la Croix de Fer, 4h45, nuit noire, je pars les skis sur le sac.

L’air frais, une vague lueur derrière le Châtelard, enfin je me réveille.
Bonne pioche, la neige est là, à peine 10 minutes de portage et je chausse.

Le soleil illumine le monde, mon monde solitaire, avec lui les premières bourrasques, parfois déjà violentes. Je sais que j’aurai un lever de soleil flamboyant, je sais que je skierai sur de la neige orange, je sais tout ça, et je monte serein.

Je sais la sortie théâtrale au col des tufs, déjà secoué dans tous les sens par le foehn rageur. Et puis la descente au refuge, je profite d’une belle pente pour aller sur le lac Majeur, et puis la longue remontée en pente douce à l’Aiguille baignée de soleil.

Le vent est rageur, je prends claque sur claque. Le vent siffle sur mes bâtons de ski, ça je ne l’avais encore jamais entendu !

Ce foehn qui rend fou m’empêche d’avancer parfois, me ploie souvent.
Ce foehn rageur m’envoie dans la neige par deux fois sous le sommet lors des conversions.

Las de me battre avec bien plus fort que moi, je me planque sous un rocher. Enlever les peaux comme je peux, et fuir, fuir en bas, loin de cette furie.

La descente, bien que trop rapide est fabuleuse. Neige souple, scintillante, rencontre sympa avec deux jeunes, quelques mots échangés, enfin quand le vent nous laisse nous entendre.

Et puis remonter au col toujours malmener par le foehn incessant, recommencer à descendre, enchaîner les virages, en profiter, je sais que ce sont probablement les derniers avant Novembre.

Et puis voilà la route déjà, le parking, la voiture, ranger les skis. Et dormir dans l’herbe... Dormir...