Sortie du 12 juillet 2019 par CourtePatte Grun de Saint Maurice (2775m) par le versant sud-ouest

Sur les traces du "sentier perdu" entre fleurs et rochers.

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Récit de la sortie

Envie d’aventure et d’une petite immersion en montagne. Justement il y a un topo qui vient de sortir, sur une montagne aux portes du Valgaudemar dont le nom m’est à peine familier : le Grun de Saint-Maurice, que ça s’appelle ; il y a plein d’explications et de photos. Avec ça je dois pouvoir m’en sortir !

Bon, le bémol c’est que mon ascension commencera à l’arrêt de bus sur la Route Napoléon, donc légèrement plus bas que le topo. Pas trop grave puisque je vais bivouaquer. Et un savant calcul complètement faux, ayant confondu hameau et col de l’Esparcelet, m’amène à conclure que j’en prendrai pour 1600m de dénivelé. Acceptable.

Au Mourre Froid, tandis que j’ouvre l’œil pour ne pas rater l’embranchement avec la piste non balisée, je suis accueillie par un concert d’aboiements. Mais les trois patous qui viennent d’accourir restent sagement derrière leur clôture. Ça me rappelle un proverbe sur les vaches bien gardées, ça. En revanche, les lambeaux de brebis dépecée, à mes pieds, me laissent rêveuse... Passons.

Très vite, le sentier devient un enchantement. La flore y est exubérante, en particulier lorsque le couvert forestier, jamais très épais, commence à s’éclaircir. Joubarbes et orpins émaillent toutes les surfaces rocheuses ; je vois pour la première fois cohabiter des lys martagon et orangés dans les mêmes pentes ; il y a du rouge, du rose, du jaune, toute la gamme des bleus-violets montagnards, dans une joyeuse discordance. Et dès qu’on lève le nez, il y a bien sûr les vues - abondamment documentées par le topo Grun de St-Maurice par la Combe de Prentiq ainsi que le topo de référence : les grandes fortifications du Dévoluy, la plaine bariolée qui s’enfuit vers Gap, la muraille du Petit Chaillol.

Ne nous laissons pas trop distraire par le spectacle, cependant. "Paumatoire" disait le topo. La montée à travers les busseroles, passe encore - mais je ne regrette pas une minute d’avoir imprimé une précieuse sélection des photos. Je localise le cairn, j’arrive à la crête, tout va bien. Mais c’est à la crête que mon imagination commence à s’exprimer. J’ai bien compris qu’il fallait rester du côté droit. Mais... "suivre la sente", j’en vois plusieurs, moi, des sentes. Je vais même me retrouver à escalader une sorte de petit piton ("Ce n’est quand même pas par là ?"), avant de reprendre le bon itinéraire. Il faut dire que j’avais du mal à croire que le couloir, avec ses filets de névés, qui paraissait encore rudement haut et loin, constituait l’objectif final.

N’empêche que me voilà au col du Grun. Et je suis inquiète. Je comptais refaire de l’eau en chemin : ces montagnes cristallines, c’est toujours ruisselant de torrents, s’pas ?... La carte en indiquait trois ou quatre, mais tout est déjà à sec. Vous dites ? "face sud", "canicule" ? Leçon apprise, mais en attendant j’espère bien fort qu’il y aura quelque chose à tirer de ces névés dans le couloir. Il ne me reste qu’un gros litre d’eau, et ça sera très juste pour le bivouac.

Justement, entamons la montée finale. Qui, cette fois, est assez généreusement pourvue en balisage rouge - on voit qu’on a rejoint l’itinéraire normal. Et après quelques dizaines de mètres, musique dans mes oreilles : le chuintement d’une menue cascade issue du dernier névé. Bouteilles remplies, mule abreuvée, et c’est avec une énergie nouvelle que je me hisse jusqu’à l’antécime. Où je fais immédiatement plusieurs découvertes.

D’abord, la vue. Les topos de référence m’y ont préparée, mais c’est quand même une claque. À mes pieds se déroule un diorama de sommets et de vallées soulignés par les ombres du soir ; là-dessus roulent des chaos de nuages qui s’effilochent aux crêtes ; évidemment c’est grandiose.

Ensuite, le vent. Car il souffle là-haut un vent glacial, de l’espèce qui vous fait les doigts gourds en quelques minutes. Il ne m’empêchera pas d’aller au sommet, mais hors de question de passer la nuit sur place. De toute façon, l’endroit ne s’y prête pas : c’est tout hérissé de trucs pointus, et j’ai beau être en sur-sac il me faut un minimum de surface plate. Alors, après une longue rasade de vues je me décide à redescendre. Et malgré de multiples visites immobilières aux contreforts herbeux au-dessus du col, il me faudra rallier la Combe Prentiq avant de trouver un rocher plat tout confort pour passer la nuit.

Au petit matin, je poursuis la redescente dans la combe et c’est un nouvel émerveillement devant la flore qui en tapisse les flancs. Il y a là notamment de véritables gisements de cet aster alpin bleu et jaune, lumineux comme un vitrail et qu’aucun jardinier ne parviendrait à assortir... Mais voici déjà le sentier de découverte en contrebas. Que je prendrai à droite car désormais mon chemin se sépare du topo, et ceci est une autre histoire.

. Randonnée réalisée le 12 juillet 2019

. Dernière modification : 17 juillet 2019 (Avertissements et Droits d'auteur)

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  • marmotton

    Belles photos !

    Photo 13 : gypaete ?

    Le 18 juillet 2019 à 07h07
  • Bienvenue CourtePatte pour cette belle sortie et ce beau récit.

    Le 18 juillet 2019 à 08h08
  • Superbe ascension sauvage surtout en solo et belle plume !
    Bienvenue sur Altituderando !

    Le 18 juillet 2019 à 09h50
  • Une approche littéraire du Grun qui sort des sentiers battus si je puis dire.

    Le 18 juillet 2019 à 14h34
  • CourtePatte peut-être, mais grande de tempérament.
    A bientôt pour d’autres récits d’aventures...

    Le 18 juillet 2019 à 20h04
  • @tous : merci pour les commentaires !

    @marmotton : c’est vrai que sur la photo on peut penser à un gypaète. Hélas, je ne suis pas assez calée en ornitho pour identifier les rapaces à la silhouette, et les jumelles n’étaient pas du voyage. Ce qui est certain, c’est que j’ai vu pas mal de vautours fauves pendant la montée, d’assez près, eux, pour les reconnaître : j’aurais donc tendance à y classer cet individu. Si seulement tous ces rapaces n’avaient pas la manie de rentrer le cou dans les épaules quand ils sont en vol, l’identification serait tellement plus facile...

    Le 18 juillet 2019 à 20h23
  • Que de belles photos ! Et un texte comme on les aime......Bienvenue !

    Le 18 juillet 2019 à 23h40
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