Sortie du 26 juillet 2019 par Dyn’s et Mick1018 Brec de Chambeyron (3389m)

Température très douce le matin. Grand soleil avec une fraîcheur agréable au sommet. Ciel parfois couvert et un peu de vent à la descente, c’était idéal pour ne pas griller.

Récit de Mick1018

Fin de cette semaine de vacances et de partage de belles courses avec Arnaud. Aujourd’hui nous nous attaquons au Brec, nous serons privés de l’Aiguille pour cause de météo orageuse.

Départ 5h15 de Fouillouse, il fait très doux ce matin. Nous filons comme des fusées (orage prévu en fin d’après-midi) et le refuge est atteint en 1h30.

Le départ de la voie est facilement trouvé mais après il ne faut pas perdre les cairns de vue. Cette ascension se passe dans un "tas de cailloux" échoués ou en attente de tomber.

L’évolution se fait avec prudence, les ressauts d’escalades faciles se passent à merveille et nous arrivons à la fameuse dalle des italiens.

• Fissure de gauche (III+) non protégeable, lisse et patinée.
• Fissure de droite (IV) protégée par quelques spits et plus adhérente.

Je me colle la responsabilité d’ouvrir le passage à mes compagnons et je choisis à gauche théoriquement plus facile (c’était peut-être le cas avant la patine) et finalement plus exposé , une erreur de choix. Trop tard je suis déjà dans le dur...

Je dois vraiment m’arracher pour passer cette dalle, aucun point ne retiendrait ma chute. Alors il faut assurer. Je n’ai aucune confiance en la tenue de mes pieds sur cette dalle lisse et polie comme un cul. Je dépenserais toutes mes forces où presque dans les bras, il ne fallait pas cinq mètres de plus !

Me voilà sur un replat plus confortable, quelques pas d’escalades rocheux plus tard, je me vache au relais. Ouf.

Arnaud puis Marine me rejoignent à leur tour, le plus difficile est derrière nous.

J’attaque le mur en (III) bien garni en prises mais à tester, certaines sont instables. Je pose deux protections, c’est tout de suite plus confort sur le plan psychologique. Le dernier relais est atteint sans difficultés, et nous voilà tout les trois sur le "plateau" sommital.

Nous parcourons les derniers mètres avec exaltation, nous voilà au sommet du Brec de Chambeyron ! Une montagne que l’on voit de loin, qui laisse rêveur. Nous passerons une heure au sommet à scruter l’horizon et à profiter d’un peu de fraîcheur.

Il est temps de descendre. Je passe le premier pour les rappels et ce que je craignais arriva.

La corde reste coincée lors de ce premier rappel. Je ne prends pas de temps de réflexion, j’ai déjà vécu ça sur l’Aiguille Pierre-André. Je me lance sûr de moi en escalade libre dans le mur (III), libère les 30cm de bout de corde bloquée et désescalade ce que je viens de monter. Problème réglé en cinq minutes.

Le reste de la descente se passera bien hormis une sortie d’itinéraire où nous tombons sur un relais béton, mais de quelle voie ? Impossible de continuer, nous faisons demi-tour et retrouvons la trace laissée par le petit Poucet.

Nous retrouvons le refuge, binouze, puis Fouillouse, re-binouze. À la prochaine...

Récit de Dyn’s

L’Ubaye, c’est un peu comme mon deuxième Dévoluy, je commence à les collectionner les sommets du secteur. Quand Mick m’a proposé l’ascension du Brec de Chambeyron, je ne pouvais qu’accepter avec grand plaisir. Ce Brec, j’ai pu le voir sous de nombreuses coutures et j’ai surtout beaucoup bavé dessus ! Rien que de se préparer à gravir une telle cime, ça vous gonfle le cœur.

La météo de la semaine est de tendance orageuse à la frontière italienne, un créneau nous permettra d’envisager qu’une ascension sereinement, nous choisissons le Brec et laisserons l’Aiguille pour une autre fois.

Nous nous rendons à Fouillouse la veille, profitons des derniers rayons de soleil sur le Brec, pas des plus coloré mais splendide tout de même. Nous nous couchons avant la nuit tombée, réveil 4h30 !

L’approche est lancée à 5h15, nous partons sur les chapeaux de roues, en deux temps trois mouvement, soit 1h30, nous atteignons le refuge du Chambeyron ! Nous poursuivons sur la même lancée, et le lac des Neuf Couleurs est gagné une trentaine de minutes plus tard.

Nous rejoignons le col de la Gypière au pied de la Tête de la Fréma, pour nous trois notre tout premier sommet du secteur ! Pour moi, c’était il y a quatre ans jour pour jour ! Puis, nous montons la butte nous délivrant le col des Terres Jaunes. La face d’ascension du Brec s’impose et impressionne...

Une traversée dans un pierrier débouche au pied de la voie. Se succèdent raides couloirs et vires aériennes dans une ambiance dolomitique à couper le souffle. Un ressaut d’escalade facile demande un peu d’attention, les gradins sont couverts de pierrailles. Une sangle permet de grimper de gros blocs.

S’ensuit la remontée du bastion, on louvoie des barres rocheuses par une série de transversales. Puis, on arrive au pied des passages clés. D’abord la dalle des Italiens. Mick se lance au plus près de la grande fissure. Au prix d’un effort musclé, il s’extirpe et gagne le premier relais. Je suis, même en moulinette, je galère tant bien que mal à trouver les bonnes prises peu apparentes et patinées au possible. Je rejoins Mick, puis Marine s’attaque à la dalle, à l’aise...

Mick ouvre le dernier mur, nous assure la voie, bien plus facile que la dalle cette ultime escalade. Nous laissons la corde à la brèche, ne reste que les derniers mètres vers le sommet tant convoité... La cime du Brec de Chambeyron...

Vaste panorama des Écrins à l’Argentera, mais bouché au nord du Queyras et à ouest du chaînon du Parpaillon. Le soleil règne en maître sur la Haute Ubaye, la nebbia commence à enrober le Viso. Avec ses 3389m d’altitude, c’est mon troisième sommet le plus haut et par la même occasion mon cinquantième 3000 !

Retour par les rappels, c’est encore Mick qui mène la danse. Le passage dans la cheminée est bien ludique ! Un coincement de corde lancera Mick dans un aller-retour en libre sur le mur pour la débloquer. Puis, la raide descente commence. On s’égare un moment sur une vire trop escarpée puis retrouvons la bonne voie. Nous regagnons le pied de la face sans encombres après la désescalade en libre du premier ressaut.

Nous dévalons le pierrier directement sous le col des Terres Jaunes pour rejoindre le plateau des lacs. Ne reste plus que le retour final. Pression au refuge ! Pression à Fouillouse ! Le Brec, c’est fait... et c’était grandiose !

Vidéo