Sortie du 9 août 2019 par Pascal Jouniaux Aiguille du Goléon (3427m), arête sud-sud-est

Beau temps. Bivouac la veille au lac du Goléon. Thé le matin au refuge.

Face Sud si j’ai bien compris. Bivouac la veille au lac du Goléon. Ambiance idyllique, sur fond de lune et d’étoiles.

8 heures du mat’, tentes pliées, nous nous élevons sur la crête jusqu’au Crucq des Aiguilles (poteau au col). Au-dessus, en bordure de la barre rocheuse, un troupeau de moutons et de chèvres paissent tranquillement. Mais une chienne aboie puis surgit devant moi, très menaçante (croisement de dogue argentin ?) Mon compagnon d’ascension se carapate en courant, je reste pour affronter la bête, bientôt rejointe par un patou. Je recule comme face à un ours, en parlant doucement, mes bâtons -protection dérisoire- croisés devant moi. J’aurais beau essayer de passer un peu plus loin, nouvelle charge. Il me faudra faire un grand crochet pour contourner les bêtes. Plus haut, le berger avec ses jumelles ; il avalise ma tactique de contournement. Heureusement, je n’ai pas paniqué ; quant à mon compagnon, je ne le retrouverai que le soir, à la voiture.

L’ascension reprend ; peu ou pas de cairn, rester sur les crêtes comme me l’a utilement conseillé la gardienne du refuge, le terrain est ici et ailleurs du schiste -qu’on verrait mieux sur des toits en alose que sur les pentes ! je m’accroche entre terre et veines schisteuses, donc, ici et là du grès réconfortant, au fil de l’arête, dont les blocs obstruent la vision de progression.
J’aperçois enfin là-haut des personnes en repos : sans doute le sommet ! Une courte cheminée de blocs rejoint l’arête, suivi du passage d’une dalle sur l’autre versant ; deux ou trois mètres, ça passe en posant les mains sur la saillant, pas ou peu de prises pour les pieds, le vide au-dessous, comme un toboggan pour le grand saut !
C’était l’épreuve finale, plus que quelques mètres avant de laisser éclater sa joie des sommets. Deux Autrichiennes allongées, pour un peu je leur aurais chanté la Tyrolienne !

Puis, une fois seul, moment magique là-haut, avec le soleil pour témoin. Mais il faut bien redescendre, une formalité après le terrain d’aventure de la montée.
Le glacier m’a fait cependant songer aux tristes réalités : il coule de partout, l’eau a creusé des bédières, ça dégorge en torrents sur toute la surface, il n’en a sans doute plus que pour quelques étés caniculaires avant de disparaître.

Heureux, enfin, d’avoir bouclé la boucle, dans cette montagne magnifique.