Sortie du 15 août 2019 par CourtePatte Roche Château (2898m) par le Camp des Rochilles

Pas pour le château, mais pour les roches ! Une variation sur l'itinéraire de référence, avec une excursion géologique sur l'arête ouest de Roche Château

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

Beau temps mais formation d’un couvercle nuageux en milieu d’après-midi.

Récit de la sortie

Aujourd’hui je vais à Roche Château.

Enfin, j’y vais et je n’y vais pas.

À l’aller j’y vais en hors-sentier, selon un topo qui ne vient pas de Altituderando. Et je suis parfaitement consciente du fait qu’en toute probabilité je ne pourrai pas franchir le passage scabreux que le topo appelle "l’antécime" mais que personnellement j’appelle "la pointe". C’est d’ailleurs le passage qui avait fait échec, sur Altituderando, à l’auteur de ce topo. Sur le topo que je suis, le narrateur décrit lui-même le passage comme stressant et acrobatique ; alors avec mon gros sac et mes pieds de terrienne, je suis parfaitement préparée à admettre la défaite.

Seulement voilà : ce qui a emporté le morceau pour cet itinéraire, c’est la richesse géologique des paysages. Et en particulier les promesses de roches vertes et violettes. Y compris "la pointe" elle-même : donc j’y vais. Et si je m’y casse les dents, il sera toujours temps d’aviser : en guise de plan B j’essaierai de me raccrocher à ce topo (le topo de référence pour cette sortie).

Pour les couleurs, je suis servie dès les premiers pas. Ce sont surtout les schistes violets qui s’imposent au début ; je m’avise d’ailleurs que toute la Pointe de Rochachille semble en être constituée, à en juger par sa teinte. Les verts, ces improbables verts de dentifrice mentholé, se manifestent surtout à partir du ravin de Baume Noire.
D’autre part, il y a les lacs. Si l’itinéraire passe notamment par le lac Biron, qui manifestement a ses admirateurs, il rencontre également de petits lacs sans nom, dans tous les tons de bleu : aiguemarine, cobalt... selon les humeurs du ciel.
Jusque là, peu de difficulté. Le tour du ravin de Baume Noire, par les sentes de mouton, passe facilement. Et c’est un régal de cheminer dans la variété de ces paysages bariolés, avec en plus une solitude totale : sur toute la balade il n’y a qu’au lac de Biron que j’aurai croisé des humains. Pas mal pour un 15 août dans les Cerces...

Me voilà désormais sur l’arête. Il faut mettre les mains une ou deux fois mais rien de très sérieux. Et surtout c’est un festival de textures et de couleurs. Il y a des pélites, des plaques, des coulures sablonneuses qui me font penser à du gypse ; c’est roux, verdâtre, violet, blanc. Je regrette d’être aussi médiocre en géologie.
Et voici la pointe tant redoutée. Elle est aussi spectaculaire que ce j’attendais. C’est le royaume d’une troupe de chocards à bec jaune qui n’ont pas l’air très impressionnés par mon arrivée. Sans doute savent-ils déjà que je ne passerai pas ?

Car je ne passe pas. En fait je ne monte même pas au sommet de la pointe. C’est que désormais les nuages se sont solidement vissés sur toute cette partie du massif : le Thabor est décapité ; la Pointe des Cerces, abolie ; au-dessus de moi c’est un épais couvercle gris, à peu près à 2900. Alors les vues depuis Roche Château... S’il avait fait encore beau, je m’étais dit qu’au moins j’irais juger de ce fameux "replat" acrobatique, mais là ce n’en vaut pas la peine. Sonnons la retraite !
La retraite n’est pas très compliquée. Je n’ai qu’à descendre le long des Rochers du Lau jusqu’à rallier un lit de torrent à sec, qui offre les quelques marches dont j’ai besoin pour accéder aux pentes herbeuses du vallon. Et là je médite sur mes options, et j’espère vaguement que le plafond va s’éclaircir un peu - ce passage nuageux était annoncé par Meteoblue comme transitoire.
Alors que je commence à envisager de repartir par la Cabane de l’Ours, voilà que le nuage laisse passer quelques filets de bleu : c’est le signe ! Cap sur le sommet ! Allons voir ce qu’il y a à voir, et ce sera un retour par la Vallette !

Au sommet, ça ne s’est dégagé que partiellement puisque le couvercle gris est encore bien installé. Mais à défaut de sommets lointains j’ai des vues sur les bosselures vertes des fonds de vallées, troués de petits lacs anonymes, dans la caresse du soleil déclinant : c’est encore bien joli. Et le soleil m’accompagnera tout le temps de la descente dans la Vallette, avec les éclairages glorieux que l’on imagine : linaigrettes illuminées, reliefs contrastés etc. On ne s’en lasse pas...Mais le soleil, si : lorsque j’arrive au pied de l’Aiguille Noire il a définitivement fermé boutique. Le temps que je parvienne au col de la Plagnette, où je me pose pour le bivouac, il fera nuit.

En conclusion : même si, comme moi, on ne se sent pas trop capable de passer la pointe, je recommanderai cette variante à tous ceux qui sont attirés par les spectacles minéraux - quitte à étudier soigneusement les options de repli (quand le torrent que j’ai emprunté sous les Rochers du Lau est en eau, la redescente dans le vallon risque d’être plus compliquée). Personnellement, j’ai trouvé tout l’itinéraire tellement beau que j’aurais même accepté de revenir entièrement sur mes pas sans état d’âme, d’autant qu’il y a facilement moyen de faire des diverticules.

. Randonnée réalisée le 15 août 2019

. Dernière modification : 19 août 2019 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

Réagissez !

  • Belle plume ! J’aurais bien vu quelques photos du coucher et surtout du lever de soleil... La journée du 16 était splendide !
    Ce lien devrait t’intéresser :
    http://www.geol-alp.com/brianconnais/_lieux_Guisane_WNevache/Rochilles.html
    Ce site est une mine d’or d’informations sur la géologie des Alpes.

    Le 19 août 2019 à 21h01
  • Alors :

    • coucher de soleil cette fois je n’ai pas, j’étais au creux du vallon de la Vallette à ce moment-là
    • lever de soleil j’ai une ou deux mais ce sont des vues ultra-classiques sur les pointes et les lacs depuis le col de la Plagnette, alors il ne m’a pas paru indispensable de les ajouter.

    La journée du 16 je sais bien qu’elle était splendide : j’étais en haut du Galibier vers 11h et il n’y avait pas un nuage...Mais ce qui me marquera autant que les vues depuis le Galibier, c’est la glace à l’intérieur de mon sursac au petit matin 🙂

    Quant à Geol-Alp c’est ma bible depuis longtemps, mais hélas l’essentiel du contenu me passe au-dessus de la tête...La géologie et moi c’est une longue histoire d’amour contrarié...

    Le 19 août 2019 à 21h23
  • Oui, il y a quelques classiques de lever de soleil dans les Cerces, mais ils sont tellement splendides quand les conditions sont réunies ! J’en avais tenté un avec le reflet dans le lac Long mais ça n’avait pas été rougeoyant, le soleil s’était levé derrière une barrière nuageuse.
    Alors je peux espérer une photo "classique" du lever de soleil dans la future sortie du Galibier...

    Le 19 août 2019 à 21h40
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