Sortie du 18 juin 2017 par Pointe de Platé (2554m), par l’arête nord.

Une belle cime isolée dans les Fiz par une arête aérienne.

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

Beau temps, petit vent agréable au sommet.

Récit de la sortie

La Pointe de Platé remonte à trop loin pour que j’en ai des souvenirs clairs. Venu étant enfant, en lisant le topo de David je ne me souvenais pas de certains détails, ou mes souvenirs ne concordaient pas avec ce que je lisais. Après un petit échange par mail la meilleure des choses à faire était d’y retourner pour compléter d’une manière ou d’une autre le topo.

Départ assez matinal (5h) de l’aire de décollage des parapentes à Plaine-Joux histoire d’éviter la chaleur de l’après-midi, direction Guébriant et son centre de vacances qui pourrait servir de décor à un mauvais film apocalyptique ou d’horreur. Au détour d’un virage de la route, je prends la piste direction les chalets de Platé.

Tout le long l’ascension jusqu’au col de la Portette est bien indiqué par des panneaux. En montant aux Egratz on a le droit à quelques panneaux géologiques informatifs, et si on est sage à la présence de chamois, marmottes et bouquetins. Le passage des Egratz est plus impressionnant de loin que dedans, il m’évoque un peu le couloir de Séraukin aux Cornettes de Bise, avec un bon sentier sans traîtrise tout du long.

Je débouche sur le plateau de lapiaz et dépasse le refuge de Platé pour prendre le sentier du col de la Portette. En m’approchant du col je dérange une harde de bouquetins et leurs petits, mes souvenirs de caillassage aux Avoudrues reviennent et me tiens prêt à esquiver les projectiles.

Je me tiens prêt.

Je suis prêt.

Ah ça bouge ! Donc je suis toujours prêt tel un rugbyman avant un plaquage ...

Il ne se passe rien. Du coup photos, quelques pas lents en parlant à voix haute, rephotos... et ils sont tout gentil ces bouquetins en fait. Ils me laissent la place au col. J’espère que quelqu’un m’a vu, ça l’aurait bien fait rire.

Je zieute vite fait la vraie attaque de l’arête depuis le col - voilà, c’est fait - et décide de m’en tenir au topo. Les névés encore presque durs m’aident bien à la descente pour contourner l’éperon issu de l’arête Nord.

Contrairement au topo je m’engage sur les premières pentes herbues sur la droite et quelques crapahuts plus loin je débouche entre l’épaule et le premier ressaut de l’arête. Dans mes souvenirs on restait sur le fil toujours. Le topo préconise de passer quelques difficultés par le versant Ouest. J’aborde ce premier ressaut par l’Ouest et rejoins l’arête à son sommet. Ensuite tout du long je reste bien sur le faîte, quelques pas de II maximum à franchir, c’est plus aérien que dans mes souvenirs.

Le sommet est vite atteint. Une petite exploration des alentours me fait trouver une boîte métallique contenant un livre d’or et des stylos (qui fonctionnent !). En le feuilletant j’y découvre que l’arête Nord c’est pour les touristes et que les vrais préfèrent passer à travers le versant Ouest, une raide bavante pleine d’herbe et rochers fourbes exposée tout du long. Je suis bien content d’être un touriste, d’ailleurs c’est l’heure du casse-croûte. Je pense à la redescente. Il est 9h30 le soleil ne va pas tarder à cogner, j’ai déjà bien chaud et sur la neige je me sentais cuire.

Je me demandais comment se passerai la descente. Vous aussi ? Et bien très bien en fait. Une fois les difficultés rencontrées une première fois, elles sont un peu exorcisées. Plutôt que de rejoindre le point où j’ai atteint l’arête à la montée, j’opte pour une descente plus directe par une rampe située juste sous le premier ressaut versant Est. Un peu de caillasse puis des névés confortables me permettent de rejoindre le sentier du col du Dérochoir. J’avais bien remarqué un gros rapace qui vagabondait dans le secteur, mais il était trop loin pour bien l’identifier. Au moment où je règle la longueur de mes bâtons, je vois une immense ombre se déplacer à mes pieds. Un regard en urgence me permet d’aprécier un gypaète barbu à moins de 10m au-dessus de moi, je n’ai pas la présence d’esprit de sortir le téléphone et de le photographier, et le temps de l’opération il serait déjà de l’autre côté de la crête. D’ailleurs je parle, et il est déjà parti.

Un peu en contrebas du col je croise une famille venant de Sales probablement, qui me permet de participer à une discussion surréaliste :

  • le père (ou la personne qui pourrait l’être) : "C’est encore loin ? On est bientôt arrivé ?"
  • moi : "Arrivé où ?"
  • le père : "Ben en haut !" (J’aurais même pu entendre ses pensées : "Pardi, qu’il est con c’ui là")
  • moi : "Mais en haut où ? (J’essaie quand même d’aider...)
  • le père : "Ben en haut, pas en bas."
  • moi : "Oui bientôt." (Je préfère partir lâchement mais sain d’esprit)
    Finalement j’arrive au col du Dérochoir et profite du spectacle qu’offrent les chocards, qui m’amuseront toujours autant même quand je serais un vieux qu’aura touvutoufai.

Il y a peu de monde, j’arrête de naiser devant les volatiles et en profite pour dévaler le passage du Dérochoir avant qu’il ne soit encombré. La première partie se passe bien, il n’y a vraiment personne, mais arrivé à la petite cheminée je voie une casquette qui en ressort. Je laisse monter, poliment le monsieur me dit qu’il est tout un groupe. Ah. "C’est pas grave, je suis en week-end j’ai tout mon temps." Je jette quand même un oeil en contrebas, le monsieur est vraiment un groupe, de 14, et franchement pas à l’aise. À chaque passage je les rassure en disant que la suite est bien plus facile (les filles sont jolies).

C’est mon tour, j’ai beau être en weekend il fait chaud sur ces vires rocheuses et je ne veux pas m’éterniser. La cheminée est, je trouve, bien plus simple à descendre qu’à monter. Seul le dernier passage sur la dalle demande de l’attention, le rocher patiné n’aide pas. J’avais bien repéré une sorte de fissure-dièdre plus à gauche (sens descente) mais dans le doute... une fois en bas je pense que ce dièdre est plus sûr, même s’il n’y a pas de corde etc.

Le sentier passe sous les impressionnantes falaises des Fiz, des Frêtes Basses pour être plus exact, verticales comme un fil à plomb. De passage sur un chaos rocheux dont je ne me fais aucune illusion quant à son origine je ne peux m’empêcher de me demander pour quand est la suite, et si ça pouvait attendre un quart d’heure de plus. Il y a même des pointements rocheux formant une mini-falaise comme si un pan entier de la montagne s’était fendu puis avait glissé à la manière des plaques d’iceberg issues des banquises/inlandsis. Et là je n’ai aucune idée de comment et pourquoi... Mais c’est beau (alors je m’en fo... non les interrogations restent).

Arrivé au hameau des Ayères des Pierrières, on retrouve une piste carrossable qui amène à Plaine-Joux. Piste aussi fréquentée qu’une autoroute... tant pis, le plus intéressant est derrière moi de toute façon. J’arrive en bas à midi pile-poil

. Randonnée réalisée le 18 juin 2017

. Dernière modification : 15 juin 2019 (Avertissements et Droits d'auteur)

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