Sortie du 29 août 2017 par Marcadau La Dent Parrachée (3697m)

"... Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris..." La Dent Parrachée et son antécime, la Pointe de la Fournache, constituent assurément l'une des plus belles montagnes du parc de la Vanoise et leur ascension procure une joie indicible.

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Temps agréable en dépit de gros cumulus. Température des plus clémentes, pas de vent.
Plus du tout de neige sur l’itinéraire, ce qui complique l’accès au col de la Dent Parrachée mais sécurise au contraire le parcours d’arête qui s’en suit.

Récit de la sortie

Départ du Plan d’Amont à 5 heures 50. Le jour n’est pas encore levé et, même si on n’y voit pas trop mal, je m’équipe d’une lampe frontale : inutile de trébucher stupidement contre une quelconque aspérité.

Le refuge de la Dent Parrachée est atteint en un peu plus d’une heure. Je m’attendais à y trouver une foule de montagnards en partance pour la Dent Parrachée. Pas un chat. Où sont-ils passés, tous ? Pas encore levés ? Déjà partis ? On verra bien.

Je prends le sentier qui s’élève au-dessus du refuge puis pénètre dans le beau vallon de la Fournache. Il se fait de plus en plus discret, mais l’itinéraire est bien cairné, même s’il se dédouble brièvement vers 2750 mètres (une branche reste en fond de thalweg dans le pierrier blanc, l’autre passe un peu plus au sud, profitant des dernières pentes herbeuses, vers le point coté 2779 sur la carte IGN, au pied du Grand Châtelard).

L’ambiance devient plus sauvage lorsque l’on atteint les sombres replis morainiques, mais le regard est capté par le prodigieux élancement de la Pointe de la Fournache.

Me voilà au pied du col de la Dent Parrachée : 300 mètres de pente soutenue (jusqu’à 40°) et particulièrement instable. Le névé qui tapisse habituellement une partie de ce pierrier jusque tard dans l’été a totalement disparu. Piolet et crampons me seront inutiles ; je n’en suis pas surpris.

Cette partie de l’ascension est vraiment éprouvante. Impression de faire du sur place. La dent est belle, mais sa gencive est particulièrement délabrée... Par moments, je fonce rageusement en pas de canard : plus efficace, mais harassant !

À hauteur du premier éperon rocheux émergeant du pierrier, je rencontre trois personnes, grand-père, père et fille. Ils sont arrêtés depuis un moment et décident de renoncer. Je contourne l’éperon par la droite après être allé voir comment cela se présentait à gauche : des dalles bien solides, mais très raides et jonchées de vilains gravillons.

La pente s’adoucit au niveau du second éperon, à contourner également par la gauche. Enfin, le col ! Personne, hormis un bouquetin.

Après une petite pause, je me lance sur l’arête en direction de la Pointe de la Fournache. Il faut très fréquemment mettre les mains, mais le terrain est parfaitement sec et relativement stable, hormis deux ou trois passages un peu scabreux (un couloir, notamment, et surtout sa sortie, dominant une sinistre faille). Dans les passages les plus exposés, le rocher est sain.

Un dernier effort, et j’arrive à la Pointe de la Fournache. L’arête qui la sépare de la Dent Parrachée est aérienne mais très facile - en tout cas dans ces conditions -, sans neige.

Enfin, me voilà au sommet, à 11 heures 20. J’ai donc mis 5 heures 30... Je sais, c’est pas terrible... Étant, là encore, absolument seul, je m’autorise un cri de joie. Il y a si longtemps que je lorgne sur cette montagne !

La descente, entre la Pointe de la Fournache et le col de la Dent Parrachée, exige un maximum de vigilance et de concentration. J’y rencontre enfin quelques personnes : un italien du Val d’Aoste extrêmement sympathique, avec qui je discute un bon moment, puis un jeune couple. Je dévale ensuite le col sans difficulté, dans un ruissellement de caillasses - plus bas, de nouveau, il n’y a personne -.

Parvenu au refuge, je m’offre un détour par le Lac du Génépy (400 mètres de D+), lac glaciaire aux étranges couleurs. Montée douce et paisible, agrémentée de la rencontre d’une harde de bouquetins. Déjà, la Roche Chevrière me lance une invitation pour l’an prochain (ou pour cet automne, qui sait ?).

. Randonnée réalisée le 29 août 2017

. Dernière modification : 9 septembre 2021 (Avertissements et Droits d'auteur)

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Afficher les commentaires précédents (7).
  • Bonjour Marcadau.
    Bravo pour ta patience (ou pour ta chance ?) avec l’allaitement du jeune bouquetin. Ta photo #37 est bien nette et superbe ! Tu as immortalisé un moment que l’on n’a pas souvent la chance de surprendre (et même jamais pour la plupart d’entre nous).
    Sinon, tes photos des Pointes de la Fournache sont très belles aussi (#1, #2, #24 et #26).

    Le 4 septembre 2017 à 18h46
  • Ho, la misère les pauvres glaciers de la Vanoise ! Le Dôme de Chasseforet n’est plus qu’un dôme rocheux. Ca craint !

    Quant à la Parrachée, que dire ? Je m’en souviens comme d’une grande course en neige dure avec remontée du vallon jusqu’au col en crampons et encordés. Pas compliqué mais glissade interdite. Puis une belle arête neigeuse jusqu’au sommet et une redescente par la face Sud-Est et un grand couloir neigeux donnant sur le Vallon de Fournache. C’était en Juillet 1991, il y a un siècle !

    Bravo en tout cas.

    Le 4 septembre 2017 à 19h09
  • En 2008, les conditions étaient qualifiées d’exceptionnelles par Franck, le gardien : https://www.altituderando.com/Pointe-de-l-Echelle-Dent-Parrachée

    Le 4 septembre 2017 à 19h22
  • Voici une photo à comparer avec la 7. Pas facile de se repérer. C’est possible avec la pointe du Genèpy au centre sur l’un et l’autre cliché. Ma photo est de 1981. Et pas du début de saison ! Du 14 août !
    https://www.altituderando.com/IMG/jpg/b/a/9/1981-37.jpg

    Le 4 septembre 2017 à 19h52
  • "La dent est belle, mais sa gencive est particulièrement délabrée... "
    Magnifique !

    Le 4 septembre 2017 à 20h56
  • Merci à tous pour ces messages.
    Pour ce qui est de l’allaitement du jeune bouquetin, cette photo un pur coup de chance... qui a d’ailleurs failli tomber à l’eau : de retour à la maison, la tuile : carte mémoire corrompue, totalement illisible. Heureusement, on peut trouver sur internet des logiciels (pas donnés...) de restauration.
    Concernant les glaciers de la Vanoise, oui, c’est triste à pleurer. Je pense que les années 2016 et 2017 leur ont porté un coup terrible. La photo d’Alain d’il y a seulement 36 ans (c’est rien, à l’échelle de la terre) file un sacré blues.

    Le 4 septembre 2017 à 22h59
  • J’étais au même moment au sommet du Dôme de l’Arpont... Glaciers mourants, étendues glace grise ruisselant de flotte et laissant de plus en plus de place à la caillasse... Les crampons ont à peine servi sur ce qui était jadis une grande course glaciaire... Quelle tristesse !

    Le 4 septembre 2017 à 23h54
  • Des photos à couper le souffle, mais état des lieux affligeant.

    Le 11 septembre 2017 à 15h12
  • Merci Galipette.
    pour un état des lieux plus scientifique, et hélas encore plus affligeant :
    https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/la-fonte-des-glaciers-alpins-est-3-fois-plus-rapide-depuis-2003_116333

    Le 15 septembre 2017 à 18h27
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