Pic de la Soucarrane ou de la Rouge (2902m) par le couloir Nord-Est

De Vicdessos continuer par la D8 jusqu’à Auzat, Marc et poursuivre jusqu’au terminus de la route au lac de Soulcem. Se garer au parking des Orris du Carla.
Attention : la route d’accès à l’étang de Soulcem est rarement ouverte avant la mi-avril.

• J’ai gardé la cotation officielle en PD, mais je la trouve un peu exagérée et je pense que F+ serait plus adapté. En effet la difficulté dans le couloir reste modérée car la pente n’excède que rarement les 40°. Seul le final se redresse à 45° sur quelques dizaines de mètres en raison de la « corniche ».
  Par contre, si l’on ne contourne pas le dernier ressaut (50/55°) de la crête sommitale, la cotation PD n’est pas volée...
• Sens de l’orientation nécessaire.

Du parking des Orris du Carla, prendre la piste vers le Sud et la quitter rapidement au profit du GR. Arriver à la passerelle cotée 1776 et traverser le ruisseau de Soulcem afin de passer en rive gauche.

Passer devant la cascade de Labinas et poursuivre toujours en rive gauche jusqu’à un carrefour de sentier à proximité du point IGN 1810. Traverser à gué le torrent issu de la cascade descendant de l’étang de Roumazet et tourner à droite en direction de l’étang homonyme.

Le sentier se redresse afin de franchir le verrou et débouche dans un petit vallon le long du ruisseau. Poursuivre plein Ouest en direction de l’Orri de Roumazet à la cote 2111. Continuer ensuite Sud-Ouest dans un vallon évident s’évasant en vaste plateau, et arriver à proximité de l’étang de Roumazet.

Continuer toujours Sud-Ouest en direction d’un raide vallon évident au milieu de petites barres et débouchant dans une vaste « cuvette ». Traverser cette dernière vers l’Ouest, et par un dernier raide bombé, arriver dans un petit cirque au Nord de l’évidente crête rocheuse Est du Pic de la Soucarrane.

Remonter les pentes peux raides jusqu’à la base de l’évident couloir Nord-Est, situé à gauche de la longue ligne rocheuse verticale séparant la face en deux.

La pente se redresse à un petit peu plus de 40° dans le goulet à gauche d’une aiguille bien caractéristique. À la sortie du goulet le couloir s’évase en vaste entonnoir et la pente s’adoucit. Et puis quelques dizaine de mètres avant la sortie, elle se redresse à nouveau pour atteindre les 45° afin de franchir la « corniche » sommitale et d’arriver sur la crête Nord du Pic de la Soucarrane.

Continuer vers le Sud le long de la crête en franchissant quelques raides petits ressauts, et contourner un imposant bastion rocheux par la droite (Ouest).

Arriver au pied du très raide dôme sommitale d’environ trente mètres.

Deux solutions :

• Continuer tout droit afin de le gravir par une pente avec passage à 55° (mesuré à l’inclinomètre) exposée et arriver sur le faux plat de la crête finale conduisant au sommet.
• Repérer une raide rampe neigeuse située plus à l’Ouest du dôme et la gravir. Cette dernière permet de contourner le dôme et d’atteindre la crête finale par des pentes beaucoup plus douces.

Atteindre ensuite le sommet sans aucune difficulté.

Retour :

Retourner à l’arrivée du couloir Nord-Est, et poursuivre le long de la crête Nord en direction du Port de Roumazet. Peu de temps avant d’arriver au Port, repérer un couloir Nord-Nord-Est plongeant dans un raide goulet encerclé de petites aiguilles et s’orientant ensuite plein Est. Rejoindre ensuite facilement l’étang de Roumazet, à partir duquel l’itinéraire de retour est le même qu’à l’aller.

NB : on peut aussi poursuivre à crête jusqu’au port de Roumazet, et par des pentes beaucoup plus douces rejoindre l’itinéraire vers l’étang de Roumazet, mais c’est beaucoup moins esthétique.

Ma sortie :

Pour la troisième étape de mes vacances de printemps en Ariège, direction le Pic de la Soucarrane par le couloir Nord-Est. Ayant déjà randonné vers ce sommet il y a 6 ou 7 ans, je pensais en avoir terminé avec lui... Et puis lors de ma traversée de Crête Pic de l’Étang Fourcat/Malcaras à l’automne 2022, cette ligne vue de loin avait attiré mon regard !

De retour à la maison et en fouinant sur le net j’ai trouvé des infos ici et la (deux sites dont je m’inspire souvent pour mes escapades pyrénéennes) sur ce beau couloir ! Ne restait plus qu’à trouver l’occasion et attendre les bonnes conditions pour aller y faire un tour !

En cette mi-avril les températures annoncées sont élevées pour la saison, mais encore une fois grâce à une nuit claire je peux compter sur un bon regel. Le couloir prenant le soleil dès le lever du jour, il me faudra donc être à sa base dès l’aube.

C’est donc à quatre heures et demie que je démarre des Orris du Carla dans une nuit d’encre. Le massif de l’Estats/Montcalm est réputé pour abriter l’ours, jusqu’à présent et malgré mes très nombreuses incursions dans le secteur, je ne m’étais jamais posé de questions à ce sujet... Mais ce matin, en marchant seul dans le noir, je ne peux m’empêcher de repenser à une publication datant juste de quelques semaines sur C2C, où l’autrice avait vue l’ours.

L’aube se lève à peine lorsque j’arrive à l’étang de Roumazet, où j’enfile les raquettes pour passer les deux ressauts qu’il me reste encore à gravir avant d’atteindre le pied du couloir. Une fois ce premier franchi, j’aperçois de loin une trace allant du Port de Roumazet et traversant les pentes déversantes vers les points IGN 2445 et 2385. Pas de traces de skis, ni de raquettes, ni de crampons... La régularité deux et deux ne peuvent être que celles d’un animal à quatre pattes, et un gros... Je verrais bien une fois sur place car mon itinéraire vers le point IGN 2445 va me faire couper cette trace. Effectivement, ce sont bien les traces d’un ours et elles doivent être récentes car avec la chaleur de ces derniers jours elles ne résisteraient pas même une journée avant de fondre. Drôle de sensation que le mélange de deux sentiments opposés à ce moment précis : la satisfaction de savoir que ce bel animal est peut-être encore dans le secteur, et en même temps l’inquiétude réelle de le croiser...

Je décide de ne pas trainer et de poursuivre rapidement mon chemin vers le pied du couloir. Celui-ci est maintenant parfaitement ensoleillé lorsque j’attaque sa remontée. La neige commence tout juste à décailler et est encore parfaitement portante, un régal ! La pente se redresse doucement et de manière modéré au niveau de l’aiguille et du goulet central, avant de fléchir un peu et de s’évaser en grand entonnoir. Régulièrement je jette un œil en arrière, au cas où je verrais l’ours, ou des fois qu’il ne me suive...

La déclivité se cambre à 45° sur tout juste quelques dizaines de mètres à la sortie en raison de la « corniche », et je prend pied sur la crête sommitale. La vue s’ouvre maintenant vers l’Ouest et le lointain Aneto.

Il ne me reste plus qu’à longer la crête vers le Nord avec quelques petits ressauts, les difficultés sont terminées. Enfin c’est ce que je crois sur le moment... Et puis après avoir contourné un bastion rocheux, j’arrive à la base d’un énorme dôme de neige d’une trentaine de mètres défendant l’accès au sommet convoité... Zut, c’est vraiment raide !! Je commence à le gravir sur quelques mètres et sort l’inclinomètre, 55°... C’est vraiment très raide... J’hésite à poursuivre, non pas que je doute sur ma capacité à grimper cette pente, mais en redescendre, c’est une autre histoire...

Je grimpe encore quelques mètres et puis fait marche arrière, histoire de voir mes sensations en descente. Je me suis levé à quatre heures, j’ai déjà gravi le couloir et aurait pu me faire dévorer par un ours :)), pas question de renoncer aussi près du but ! Je me lance, mais il ne faudra pas trainer au sommet, car la neige chauffe vite.

Et voila, c’est fini ! Je crois bien avoir tout monté en apnée... Encore une centaine de mètres sur un faut plat et c’est le sommet, quelle belle aventure pour arriver jusqu’ici !

Vu d’ici je m’aperçois que le mur sommital était contournable en versant Ouest, alors que d’en bas cela semblait impossible... Tant mieux, je peux donc profiter plus longuement du panorama avant d’attaquer sereinement la descente !

De retour sur la crête, je repère un couloir au milieu d’élégantes petites aiguilles et qui m’évite de poursuivre jusqu’au Port de Roumazet. Ensuite je n’ai plus qu’à suivre mes propres traces pour le retour aux Orris du Carla.

Encore une belle journée en Ariège !