Tête de la Cavale (2697m), en hivernale par le couloir Sud

De Veynes, prendre la direction Superdévoluy et la Joue du Loup. Peu après le col du Festre poursuivre en direction d’Agnières-en-Dévoluy, le Grand Villard et peu avant St-Didier, tourner à gauche en direction du Mas. Un petit parking est présent à l’arrivée.

• Course d’alpinisme cotée PD+.
• Couloir de 250m débutant à 40 degrés, avec ensuite un long passage à 45 et se terminant avec une section très redressée d’environ 60m de dénivelé à 48 degrés.
• En cas d’enneigement conséquent il est probable que l’arête sommitale (débonnaire en été) avec ses corniches et passages effilés nécessite des traversées en dévers exposées.
• Longue course au dénivelé conséquent, sens de l’orientation nécessaire.

Le parcours

Du parking du Mas, traverser le hameau et tourner très rapidement à gauche, donc Nord-ouest le long d’un sentier balisé PR.

Passer à proximité de deux petites maisons et ensuite sur des dalles calcaires à plusieurs reprises, en suivant le discret balisage jaune.

La trace rejoint ensuite une piste évidente jusqu’à une jonction au point IGN 1485m. Partir à gauche, donc vers l’Ouest en direction de la Pierre Baudinard.

Arrivé à proximité de la Pierre Baudinard, franchir un petit collet situé au Sud du point IGN 1699 afin de pénétrer dans le vallon du Mas.

Remonter le vallon du Mas vers l’Ouest par une alternance de zones plates et de trois ou quatre étages assez raides, jusqu’à l’altitude 2150m d’où l’on domine une impressionnante dépression.

Passer devant un petit chalet pastoral (fermé), et poursuivre Nord/Nord-ouest afin de prendre pied sur un plateau (2379m) sous la Tête de Lapras par une rude montée contournant par la droite un mamelon rocheux.

Continuer vers l’Ouest et rejoindre facilement le col de Lapras par une descente légèrement déversante.

La superbe face Sud de la Tête de la Cavale prend enfin place dans le décor. Sans être réellement impressionnant, l’esthétique couloir la remontant dans son intégralité promet déjà une belle aventure !

Plonger dans la raide descente de la combe de la Prison sans aller jusqu’en bas afin de ne pas perdre inutilement trop de dénivelé, et longer par une traversée déversante les raides pentes sous le Nid afin de rejoindre dès que possible la base du couloir Sud de la Tête de la Cavale.

Remonter le cône de déjection (moins raide qu’il ne le semblait vu du col de Lapras) jusqu’à un gros bloc rocheux situé à la base du couloir.

Au départ peu raide (environ 40 degrés) pendant un bon moment, celui-ci se redresse progressivement pour atteindre les 45 degrés.

Vers le haut la déclivité s’accentue encore un peu plus.

Nous sommes surpris de voir que ce couloir annoncé à 40/45 degrés maximum puisse se cambrer encore un peu plus, nous sortons la boussole afin d’en mesurer l’angle exact !

La suite est un long passage soutenu d’environ 60 mètres à 48 degrés.

Cette zone du couloir de forme concave, accentue encore un peu plus la sensation de verticalité !

À la sortie la pente s’infléchit nettement et conduit rapidement à l’épaule située toute proche du sommet principal.

Longer l’arête et rejoindre très rapidement le sommet de la Tête de la Cavale.

Descente

Attention, ne pas essayer de descendre directement du sommet par le versant Est, présence de barres rocheuses en contrebas.

Longer l’arête vers le Nord jusqu’au petit col avant le Bonnet de l’Evêque. Celle-ci peut-être délicate en fonction de l’enneigement, ne pas sous estimer ce passage.

Descendre en versant Est dans l’entonnoir évident dans la combe de la Fuvelle et rejoindre le col homonyme.

Par une raide descente plein Sud rejoindre la combe de la Prison, et remonter au col de Lapras à partir duquel l’itinéraire de retour est le même qu’à l’aller.

Notre sortie

Lors de ma randonnée au Nid quatre jours plus tôt, j’ai pu constater que la face Sud de la Cavale était en conditions !

Avec Mika nous prévoyons donc de réaliser cette course le 1er janvier. Comment mieux commencer l’année qu’avec une journée dans le Dévoluy ?

Après un départ à quatre heures et demie d’Aix-en-Provence nous démarrons tranquillement du hameau du Mas. Le ciel est chargé et la température anormalement chaude pour la saison...

La lumière matinale avec les nuages au-dessus de la montagne de Faraut offrent une belle ambiance dramatique, et puis le ciel se dégage peu avant notre arrivée au col de Lapras. Vue d’ici la Cavale a vraiment fière allure !

Arrivés au-dessus de la combe de la Prison et afin de perdre le moins de dénivelé possible, nous rejoignons la base de la face par une traversée déversante sous le Nid.

Le cône de déjection est vite remonté et nous prenons enfin pied dans le couloir. Celui-ci est large et peu raide au départ.

La vue sur le col du Portail et la forêt d’aiguilles nous dominant est superbe !

Nous progressons sans difficulté malgré une neige qui a déjà bien chauffé, et puis la pente se redresse pour atteindre les 45 degrés.

L’ambiance commence à se faire sentir et en regardant vers le haut, la déclivité semble encore s’accentuer.

Au plus raide, nous mesurons l’inclinaison à 48 degrés sur un long passage de plusieurs dizaines de mètres. Cette face est plus raide qu’annoncé sur les tous les différents topos que j’ai pu lire !

En regardant vers le bas, l’atmosphère est des plus vertigineuse et le couloir ne semble toujours pas s’infléchir. Le climat est dantesque !

Plus nous progressons vers le haut et plus la neige est de mauvaise qualité, c’est comme si nous grimpions dans du sucre en poudre...

Le final se déroule sur un terrain mixte et délité mais la pente est maintenant beaucoup moins soutenue.

De l’épaule, l’arête finale ressemble à une énorme meringue immaculée, c’est très beau mais contrairement à ce que nous pensions les difficultés ne semblent pas terminées...

Nous faisons quelques photos du sommet, d’où la vue sur le Dévoluy et l’Obiou est sans pareil, mais un vent glacial nous incite à ne pas trainer.

Bien que relativement courte, la crête de descente nécessite la plus grande prudence sur quelques passages rendus délicats et aériens par l’accumulation de neige sculptée par le vent.

Après un léger détour à l’arche de la Cavale, nous entamons la très longue redescente jusqu’au Mas.

C’était pour Mika sa seconde Tête de la Cavale et la troisième pour moi. Peu importe les voies d’accès, celles-ci sont toujours de belles aventures, mais la face Sud en hivernale est probablement la plus haletante et la plus exceptionnelle !
Bien que l’ascension par le rideau et les couloirs du versant Ouest doit aussi être là promesse d’une belle aventure...