Sortie du 30 juillet 2011 par Sylvain Périple dans les Dolomites

Météo très capricieuse durant ce séjour de deux semaines.
Voyage réalisé avec un ami.

Été 2011, avec un ami nous avons prévu de longue date un roc trip dans les Dolomites. Malheureusement une opération de la main quelques semaines auparavant m’interdira de serrer la moindre prise pendant de longs mois.
Après pas mal d’hésitations, nous décidons de maintenir quand même notre projet, et d’aller visiter ces montagnes exceptionnelles. La grimpe en moins...

À cette époque nous passions une grande partie de notre temps à écumer les spots d’escalade de Catalogne, et à enchainer les grandes voies dans les gorges du Verdon. Tout ça pour dire que nous vivotions, il n’était donc pas envisageable de traverser une partie de la France et de l’Italie par l’autoroute...

Nous voici donc partie pour une cinquantaine d’heures de route aller-retour, sans compter les pauses. Après une courte étape dans la région des grands lacs en Italie, nous stoppons pour deux jours dans le Parc National du Stelvio à la frontière autrichienne.

Le premier jour nous partons pour une randonnée vers le Suldenspitze Cima di Solda, mais la raide montée au refuge G.Casati en brassant dans la neige jusqu’à mi cuisse, aura raison de notre détermination à poursuivre plus loin... de plus, de celui-ci la vue sur le grand plateau glaciaire du Monte Cevedale est déjà remarquable !

Le second jour, nous marchons vers le cirque glaciaire dei Forni sous la Punta San Matteo. La vue sur ces grands glaciers se rejoignant à leur base est exceptionnelle.

Notre première halte dans les Dolomites est pour les magnifiques Tres Cime di Lavaredo. N’ayant pas de parcours prédéfinit, nous prenons juste une tente et de la nourriture pour deux ou trois jours.

Nous commençons par en faire le tour en restant le plus proche possible des faces Nord, car je tiens absolument à voir de près le gigantesque toit de quarante mètres, dans lequel Alexander Huber a ouvert quatre ans auparavant l’incroyable ligne Pan Orama.

Nous poursuivons ensuite vers un beau sommet qui est remarquable de très loin, le Mont Paterno. Le chemin le rejoignant devient un peu aérien et se transforme en via ferrata. Les baudriers sont dans la voiture, nous continuons quand même... Par chance celle-ci est aisée, et malgré les gros sacs se parcours très bien sans longe. J’apprendrai plus tard que cette via ferrata est très connue, et qu’elle est en générale très fréquentée. Sûrement était-ce dû à l’heure déjà tardive, mais nous n’y avons croisé personne.

Nous installons le bivouac au bord d’un petit lac, peu après le refuge Locatelli. Le lendemain nous poursuivons jusqu’au plus près de la Einser Cima Una, avant de redescendre à la voiture en passant par les lacs di Cengia et le refuge Lavaredo.

Au hasard de la lecture de carte, notre prochaine étape sera dans le massif de Hochbrunner Schneid, afin de parcourir la belle ferrata de Roghel. À l’époque cette via était quasiment dépourvu d’échelons, il fallait parfois remonté des murs presque verticaux avec juste un cable. Le brouillard et la pluie nous ferrons faire demi tour avant d’arriver au bout.

L’incontournable Civetta sera notre prochain objectif. Nous démarrons le matin de bonne heure pour une longue journée en montagne. L’itinéraire longe la belle face Est de celle-ci dans un univers exclusivement minéral, avant de rejoindre la ferrata de Alleghes. Cette via est très longue mais jamais difficile. Son cheminement est très astucieux et se faufile à travers les rares zones de faiblesses dans les immenses parois, avant de conduire à la cime de ce sommet mythique. Malheureusement le mauvais temps nous privera de la moindre vue.

Nous redescendons par le petit refuge Torrani. Encore une fois le cheminement est complexe et astucieux, heureusement celui-ci est balisé, car nous évoluons en plein brouillard. Viendrons ensuite l’orage et la pluie, ne facilitant pas la descente dans cet univers totalement rocheux. Nous nous sommes bien fair secouer...

En temps normal je ne suis pas un fervent adepte de la via ferrata, mais dans les Dolomites elles prennent une toute autre dimension. Sans elles de nombreux sommets ne seraient pas accessibles sans une grande maitrise des techniques alpines. Celles-ci s’apparentent parfois à de véritables petites courses, et sont très souvent une belle aventure !

Nous partons ensuite dans le massif de la Marmolada, pour une randonnée sous sa gigantesque face Sud. Je tiens à voir de près un autre monument de l’escalade, la voie à travers le poisson. Celle-ci se trouve juste au dessus du refuge Fallier. J’éprouve un profond respect pour les grimpeurs osant se lancer dans une telle paroi de près de mille mètres, avec des difficultés aussi élevées et une météo aussi capricieuse...

Nous pensions poursuivre jusqu’à la Cime de Ombreta, mais un violent orage nous stoppe au Pas homonyme. Une petite baume dans la falaise nous sert d’abris un moment. Quand soudain, pour la première fois de notre vie nous entendons les abeilles, nous sommes en plein dans la zone électrique... Tant pis pour la pluie, il faut absolument décamper d’ici... Nous nous sommes encore une fois bien fait secouer.

De retour à la voiture, nous plions les affaires et reprenons directement la route pour la France.

Nous nous faisons la promesse de revenir un jour pour grimper, mais nous n’y sommes jamais retourné...