Sortie du 8 août 2023 par jean331 Le Rocher Blanc (2928m) par le lac de la Croix au départ du col du Glandon

Beau et chaud

Profitant d’un séjour estival à Saint Sorlin, je me suis dit qu’en plus des balades de secteur, il serait chouette de faire un tour vers Belledonne Nord où je n’ai jamais eu l’occasion de randonner. Seul hic, je suis comme d’habitude non motorisé en ce mois d’août 2023, ce qui risque de rallonger quelque peu la balade.

J’ai jeté mon dévolu sur le Rocher Blanc, tout séduit par l’excellent topo de Vincent qui propose un départ du Col du Glandon soit juste à côté de Saint Sorlin (enfin presque.)

Sur le papier, l’idée est géniale : départ aux aurores du village, montée d’un pas alerte au Col de la Croix de Fer, redescente express sur le Glandon et hop, sur les coups de 7h30, l’affaire serait dans le sac : il ne resterait plus qu’à faire la magnifique randonnée sans me presser (puis en fin de journée, remonter au Col de la Croix de Fer et redescendre sur St Sorlin mais c’est un détail).

Premier accroc dans mon plan machiavélique, un réveil qui ne sonne pas assez fort ou bien moi qui ronfle avec trop d’enthousiasme, le départ initialement prévu à 6h est décalé trois bons quart d’heures plus tard.
Pas grave, j’avale sans problème la grimpée vers le Col de la Croix de Fer (je pourrais bien sûr tenter le stop pour m’avancer un peu mais ce serait tricher) et enchaine énergiquement la descente jusqu’au Glandon. Il est 8 heures 20.

Dans la montée vers le Lac puis le Col de la Croix, les premiers signes de baisse de motivation commencent à se manifester. Le cadre est enchanteur dans la Combe de la Croix et la tentation de simplement s’allonger dans l’herbe pour profiter d’un beau matin en montagne se fait insistante même si je continue (d’un pas nettement moins décidé toutefois).
Après le très joli Lac de la Croix, la fatigue commence aussi à faire des siennes. Il faut dire que je ne la voyais pas si longue cette montée au Col - en tous cas, la veille quand je repérais la balade sur la carte, j’allais nettement plus vite..

10h40 : le col atteint, la découverte subite du chemin restant à parcourir est un peu comme un coup de bambou. Le Rocher Blanc trône tout au fond de la Combe Madame, à une distance intimidante surtout quand on jette un coup d’œil en contrebas vers la descente qu’il faudra au préalable effectuer avant de réellement commencer l’ascension. Sans parler du fait qu’il faudra remonter tout ça au retour, bien sûr.

J’hésite un moment, je prends des photos, j’envisage des plans B, bref je suis un peu découragé.

Je me décide finalement à basculer dans la Combe Madame. Ca descend bigrement beaucoup (et raide en plus) et à chaque lacet, j’imagine la tête que j’aurai dans quelques heures quand il faudra regrimper tout ça.
Enfin, je quitte le sentier et continue avec la traversée vers le fond de la Combe. Est-ce la lucidité qui me fait défaut, une barre de céréale avariée avalée par mégarde, en tous cas je perd très vite de vue les cairns et m’embarque bien trop à gauche en contrebas de la Crête de la Marmottane (de cela je ne me rendrai compte qu’à la descente évidemment) ce qui me donne l’occasion de visiter un vaste fatras de caillasses remarquablement instables (et remarquablement pénibles pour le randonneur un brin émoussé).

Tandis que je repique laborieusement vers ce qui s’avèrera être le bon itinéraire, mes pensées fluctuent entre deux idées entêtantes, rebrousser chemin et aller faire une bonne sieste sur les rives du Lac de la Croix ou continuer car après avoir parcouru tout ce chemin, il serait bien dommage de ne pas atteindre le sommet qui n’est plus si loin maintenant. Un bouquetin solitaire une centaine de mètres plus haut me sort de ce dilemme, je continue vers lui pour le prendre en photo puis l’apparition de quelques cairns me rebooste définitivement.

Le plus dur est passé, je débouche enfin sur la Crête entre les Rochers Badon et Blanc, la vue s’ouvre sur l’ouest et les Sept Laux, tandis que dans mon dos les sommets de la Vanoise et du Mont Blanc s’imposent dans le panorama. Magnifique.

13h30 : je rejoins le sommet où trône un cairn énorme, aussi discret qu’un batteur de Heavy Metal qui se serait égaré dans la chorale des petits chanteurs de la Croix de bois. La vue porte loin du sommet du Rocher Blanc, avec de nombreux lacs dont celui du Bourget. Une grande partie des Alpes du Nord offre une superbe toile de fond pour les Aiguilles de l’Argentière, le Rocher Badon et les Grandes Rousses qui occupent avec brio le premier plan.
Un randonneur débarque peu après au sommet, je constate - petite pensée mesquine que je m’empresse de chasser - qu’il a l’air bien fatigué lui aussi.
On tape la discute cinq minutes puis, 14h15, c’est le long, long, long retour qui commence.

La descente de la Combe Madame est bien plus simple quand on suit les cairns forcément, et la présence de quelques névés permet de ne pas trop brusquer les articulations qui commencent à couiner.
Comme prévu la remontée vers le Col de la Croix n’est pas ce que j’appellerai une partie de rigolade avec les kilomètres au compteur du jour (et les kilomètres au compteur tout court d’ailleurs) mais les couleurs de fin d’après-midi sur les parois de Belledonne affolent mes pupilles et finalement ce passage s’avère moins abominable que je ne le craignais.

En revanche, après la redescente vers le lac d’un bleu envoûtant, la belle Combe de la Croix et le Col du Glandon, mes genoux dégustent comme il se doit l’interminable faux plat montant vers la Croix de Fer.

18h20, c’est avec un plaisir non feint que je vois enfin apparaitre les rotondités verdoyantes de l’Arvan. Un petit détour par le Lac Guichard (au point où j’en suis…) pour prendre quelques photos et je rejoins le village à la cadence d’un escargot sous morphine, un chouïa flagada mais aussi enchanté par la variété et la splendeur des paysages traversés au cours de cette interminable mais très belle journée en montagne.

Les photos en musique (une fois la vidéo lancée, cliquer sur les paramètres (le petit écrou en bas à droite) et régler sur 1080P pour une bonne résolution) :