Sortie du 18 août 2023 par jean331 Cime des Torches ou Grand Agnelin (2958m), en boucle par la crête du Petit Agnelin

Beau temps, très chaud

Départ de Saint-Sorlin - la journée commence donc par une descente matinale jusqu’au Pont de la Villette. Après quelques arbres, quelques chalets et quelques vaches, c’est très vite le hors sentier et une montée bien raide dans une végétation un poil trop exubérante pour progresser facilement jusqu’aux abords du sommet du Montzard.
Une petite traversée dans une herbe enfin moins haute et le cheminement sur la longue crête facile démarre.

La balade est très agréable avec notamment une jolie vue sur les sommets de Grandes Rousses. Je double deux groupes de randonneurs qui me disent à chaque fois avoir vu des chamois "un peu plus haut" mais hélas - peut-être suis-je trop bruyant - pas l’ombre d’un capriné ne daignera pointer le bout d’une corne à mon passage.

Dans le final entre le Petit Agnelin et la Cime des Torches, le terrain devient plus minéral avec une très belle vue sur la très curieuse Montagne des Lauzes côté ouest. Comme indiqué dans les différents topos, le sommet de la Cime des Torches est vaste et surtout herbeux ce qui est assez rare et un peu incongru à cette altitude.
Après un peu de contemplation (et il y a matière à contempler de ce belvédère remarquable : du Glacier des Quirlies aux Aiguilles d’Arves en passant par l’Echine de Praouat ou le Vallon de la Valette) je poursuis d’abord jusqu’au Col de l’Agnelin puis continue sur la crête vers le sud-est.

Le point haut à 2904m non nommé par l’IGN atteint, la vue se dégage sur le vaste secteur du Col de l’Infernet, un vrai désert d’altitude coincé entre les Pics de la Buffe d’en Haut et la Cime de Redoute.

Le prochain sommet sur cette longue ligne de crête qui court jusqu’au Pic du Mas de la Grave est celui de Roche Courbe. Voilà une montagne qui porte bien son nom avec les étranges stries rocheuses qui semblent onduler sur ses différentes faces. Il est encore assez tôt et je décide de lui rendre une petite visite. Une descente suivie d’une remontée dans un univers désolé de sombres pierrailles et ce sommet au profil intriguant est rejoint. Les stries observées plus tôt sont en fait constituées de hérissement de lauzes qui barrent les pentes arrondies de la montagne.

Le panorama au sud porte désormais sur une Meije spectrale aux couleurs complètement délavées par les nappes de chaleur. Au nord, on pourra observer la Cime des Torches et la crête suivie depuis son sommet tandis qu’à l’est, le regard sera capté par les Aiguilles d’Arves bien sûr, mais aussi à leurs pieds par la tranchée colossale de Val-Froide donnant l’impression qu’une hache gigantesque est venue cisailler les alpages.

J’hésite quant à la suite des opérations. De belles boucles sauvages sont envisageables d’ici : je pourrais par exemple gagner la vaste échancrure du Col de l’Infernet et tenter de redescendre vers Val-Froide ou bien suivre la crête par la Redoute pour gagner le Pic du Mas de la Grave et voir si je peux rentrer par l’immense Combe de Tirequeue puis le Col des Prés Nouveaux.
Seul problème, l’heure tourne et une obligation m’impose d’être redescendu à Saint-Sorlin en fin d’après-midi.

Après quelques tergiversations, je finis donc par mettre en sourdine la tentation de prolonger la découverte des belles crêtes faciles qui me narguent au sud et entame sagement le retour vers la Cime des Torches : redescente de Roche Courbe puis remontée jusqu’au point 2904m, redescente au Col de l’Agnelin puis remontée jusqu’à la Cime des Torches. Comme souvent sur ce genre de parcours, les distances semblent s’être rallongées au retour.

En grignotant sous un soleil de plomb, j’envisage les différentes possibilités de retour. N’ayant pas envie d’emprunter le même chemin qu’à l’aller, le plus simple serait de suivre à la lettre le topo et d’effectuer la boucle par la Cabane de Chanin. Mais cela m’obligerait ensuite à remonter jusqu’à Saint-Sorlin par la route, perspective qui ne me transporte pas d’enthousiasme. Je décide finalement de descendre directement au Col des Prés Nouveaux par le versant ouest de la Cime des Torches, ce qui me permettra de finir la balade par le charmant Vallon des Prés Plans. Vu d’en haut, ça a l’air jouable même si c’est du genre pentu.

Je me lance donc dans la face pierreuse et rapidement, je me rends à l’évidence : cette descente ne restera pas dans mes annales (toutes personnelles) des descentes les plus agréables de ma vie de randonneur. C’est très raide et c’est croulant alors que vu l’inclinaison, il vaut quand même mieux ne pas se casser la figure par ici.
Je m’applique donc à descendre avec prudence et concentration, rien de vraiment difficile mais c’est long, un peu casse gueule et franchement usant de constater que l’herbe bien verte, 600 mètres en contrebas, telle un mirage, ne semble pas du tout décidée à se rapprocher.

Une bonne heure plus tard, je prends enfin pied sur les rondeurs verdoyantes à proximité du Col de Tirequeue. La vue est splendide sur le Glacier des Quirlies et avec l’avancée de la journée, les couleurs ressortent de mieux en mieux.
Quel contraste entre la rocaille du versant Ouest de la Cime des Torches et la douceur des Prés Nouveaux....

La suite n’est qu’une belle promenade dans le cadre enchanteur du long mais magnifique vallon qui m’amène en douceur jusqu’au minuscule Hameau des Prés Plans puis à Saint-Sorlin.

Les photos en musique (une fois la vidéo lancée, cliquer sur les paramètres (le petit écrou en bas à droite) et régler sur 1080P pour une bonne résolution) :