Sortie du 13 avril 2024 par gegers Charmant Som (1867m), en boucle par le Col de la Charmette

L’accès par la combe nord est encore impossible, le mur de neige étant encore bien en place.

Après les aubes bleues de l’hiver, les verts matins de printemps sont une invitation. "Sors ! Que tes pas te mènent loin, et longtemps !", voici ce que j’entends, diffus, résonner dans ma tête tandis que j’habille mon lourd sac comme une deuxième peau, ce sac compagnon du premier bivouac de la saison.

Moi qui ai attendu l’approche de la quarantaine pour me convertir à cette activité de manière plus sérieuse, préférant jusqu’alors le confort (parfois tout relatif) des refuges, j’ai l’impression de redécouvrir la montagne. Aux abords du Col de la Charmette, les sentiers cent fois arpentés ont la douce saveur suave de la liberté. Les yeux s’ouvrent comme pour la première fois, comme s’ils avaient eu besoin de s’affranchir de la contrainte du temps pour voir enfin.

J’atteins Pré Bâtard, au moment où le soleil se met à lécher les belles pentes herbeuses peuplées de mouflons, marmottes et autres chamois qui se laissent aisément observer, sur le qui-vive.

M’approchant doucement, je remarque qu’un noble représentant de l’espèce me fixe à la manière de Clint Eastwood. Remplacez le chant du coucou par un harmonica, et nous voici dans un de ces western-fleuves d’Ennio Morricone qui laissent doucement monter la tension. Là encore, le temps est un ami.

L’accès au sommet du Charmant Som est encore défendu par un impraticable mur de neige dans son couloir ouest (sans doute au moins jusqu’au mois de mai). Je déambule donc à loisir dans les alpages et sur les crêtes, avant de prendre la direction de la Grande Sure pour la suite de mon périple chartroussin.