Grand Bargy (2301m) par la combe Servagin

Le Grand Bornand - Chinaillon ou Marnaz - le Reposoir, route du col de la Colombière, parking le long de la route au départ du téléski du Chalet Neuf.

La remontée de la combe Servagin se fait en dehors de tout sentier. Les pentes herbeuses sont parfois raides, mais on trouve de bonnes traces laissées par les bouquetins. De grandes barres rocheuses se trouvent à l’aplomb de la traversée finale (chute proscrite).
La montée au Grand Bargy depuis le col emprunte une cheminée facile (II).
La traversée vers le col d’Encrenaz impose de mettre quelquefois les mains, mais il n’y a rien de difficile, à condition de bien suivre les cairns et le balisage.

Cotation de la randonnée : T4

Montée

Suivre la piste du Chalet Neuf ou couper à travers les alpages en suivant le téléski. Une fois au Chalet Neuf, se diriger au nord-ouest en direction de la combe Servagin. Remonter celle-ci en restant en rive droite du pierrier situé à l’est de la combe. Arrivé en haut du pierrier, il y a deux possibilités :

• Suivre le lit d’un nant asséché (quelques pas de grimpette faciles).
• Suivre un couloir herbeux raide à gauche du nant.

Une fois en haut du nant, suivre en ascendance à gauche les pentes herbeuses jusqu’à un replat depuis lequel on devine le col situé entre la Tour et le Grand Bargy. Remonter vers celui-ci en appuyant vers les parois sur la fin.

Une fois au col, trouver une marque orange sur la paroi côté Grand Bargy. Suivre les marques en ascendance à droite en direction d’une cheminée facile (pas de II). Revenir ensuite à gauche sur une vire étroite pour rejoindre le plateau sommital. Atteindre la croix sommitale en quelques minutes (2301 mètres).

Descente

Traverser l’intégralité du plateau sommital en direction du col d’Encrenaz. Il suffit de suivre les marques oranges et les cairns. Aucun passage difficile si l’on est sur le bon cheminement. Une fois au col d’Encrenaz, descendre en versant sud jusqu’aux chalets de "La Cha". Suivre le sentier vers l’ouest pour retrouver Chalet Neuf.

Vidéo de la sortie

Récit de la sortie

Cet itinéraire était dans ma liste "à faire à l’occasion". La tentative de Pascal, passant par la combe voisine (celle située immédiatement à droite de l’itinéraire de la croupe sud-est de la Tour), m’avait fait de l’œil. Après une rapide étude des photos de Pascal et des images de Géoportail (IGN et image satellite), il devient évident que la solution est à chercher du côté de la combe Servagin. La combe empruntée par Pascal semble définitivement trop raide dans ses parties herbeuses, et trop difficile dans les parties rocheuses. La météo des derniers jours a été capricieuse, mais les webcam du Grand Bornand laissent deviner des faces sud pas trop mal nettoyées du côté du Buclon. A priori, ça devrait le faire du côté du Grand Bargy.

Départ à 10h de la Boucherie. Le soleil est radieux et une belle journée d’automne s’annonce. Les vaches ont quitté les alpages et il n’y a pas âme qui vive, alors que je remonte tranquillement vers Chalet Neuf. Le gypaète vient déjà me saluer. Je profite de la montée pour observer la combe empruntée par Pascal. A priori ça ne sort pas. Les vires herbeuses qui mènent à la croupe rocheuse de droite sont effectivement très raides. La partie rocheuse du haut est encore hors de ma vue, mais l’étude de photos trouvées ailleurs sur la net m’avait bien découragé. A priori, on est là dans de l’escalade verticale bien hors de portée d’un randonneur. La base de la croupe rocheuse, que Pascal avait tenté de rejoindre par les vires, semble elle aussi très difficile. Direction combe Servagin pour voir si ça sort sans trop de soucis.

Je quitte le sentier derrière Chalet Neuf, pour me diriger vers le pierrier qui se trouve en rive ouest de la combe Servagin. Je remonte à droite de celui-ci, en suivant des sentes laissées par les vaches. Arrivé en haut du pierrier la pente commence à se raidir un peu, et je décide de remonter vers un nant asséché. À gauche de celui-ci, il y a un petit couloir herbeux qui suit la croupe rocheuse qui limite la rive ouest de la combe. Le nant et ses gros bancs rocheux me semblent plus engageants, malgré une petite chute de pierres qui m’invite à sortir casque et piolet.

La grimpette est facile, et seules quelques prises piégeuses me ralentissent. Au 3/4 du nant, je quitte celui-ci pour remonter les pentes herbeuses à gauche. Celles-ci deviennent moins raides à mesure que je me rapproche d’un petit replat. La vue se dégage enfin sur la suite de l’itinéraire. Encore et toujours des pentes herbeuses, jusqu’à une petite vire herbeuse qui doit mener au col entre la Tour et le Grand Bargy. Quelques névés sont encore visibles ça et là. Mais rien qui ne devrait me gêner sérieusement.

Je poursuis ma montée en ascendance vers la gauche, avant de monter droit vers une grande tour rocheuse. Au pied de celle-ci se trouve un petit massif rocheux avec une rampe herbeuse qui remonte à sa droite. Je longue le pied de la paroi pour traverser vers la rampe, et remarque un chamois qui traverse au-dessus de moi. Pas le temps de sortir le téléphone. En haut de la rampe, je retrouve encore des pentes herbeuses, cette fois-ci entrecoupées de petits bancs rocheux. Je slalome un peu entre les bancs et les névés avant de remonter vers la vire de sortie. Plusieurs bouquetins m’observent depuis les tours rocheuses que je viens de dépasser.

La vire de sortie rejoint le col facilement et je suis cueilli par un vent glacial. J’en profite pour jeter un œil au versant nord du col, dans l’optique d’un projet futur. Bien raide tout ça quand même...J’enfile deux couches et me dirige vers la cheminée facile et la vire qui mènent au plateau sommital. La neige est ici beaucoup plus présente et le vent glacial est bien plus fort qu’au col. Gros changement d’ambiance après la remontée de la combe en t-shirt. Sommet à 11h45.

Après une pause repas de 20 minutes, j’entame la traversée vers le col d’Encrenaz. Celle-ci prend des allures de partie de démineur avec les belles quantités de neige qui couvrent imparfaitement les lapiaz. Un coup on trouve le rocher, un coup on manque de se rompre une cheville dans une faille. Le passage le plus difficile se trouve dans la dernière descente vers le col d’Encrenaz, lorsque la trace emprunte des passages raides orientées au nord-est. La neige se trouve ici en grandes quantités, et le piolet me rassure bien dans cette portion casse-gueule. Heureusement, quelques bouquetins viennent donner un peu de vie au secteur.

Une fois au col, je descend vers les chalets de "La Cha", avant d’emprunter le sentier vers Chalet Neuf. Je me trompe en suivant une mauvaise trace et me retrouve au-dessus d’une belle barre rocheuse, sous laquelle se trouve le vrai sentier. Demi-tour ! La suite est bucolique au possible, avec un soleil agréable et des couleurs vives comme seul l’automne peut en produire. Un dernier regard vers la combe Servagin en passant à Chalet Neuf. Rien de difficile aujourd’hui, mais une belle journée comme seul l’automne peut en offrir...