Les Aravis / une brise se lève
Nous tenions à vous partager le début de cet excellent article de Philippe Bonhème, notre ami d’Alpes Magazine.
Un article qui donne la pêche en ces moments difficiles !
Vous pouvez retrouver la totalité de cet article dans le numéro d’Alpes Magazine en kiosque ! Nous vous invitons vivement à vous le procurer !
En Haute-savoie, dans les Aravis, l’économie florissante génère aujourd’hui un sentiment de « trop-plein ». Localement, des citoyens ont décidé de se mobiliser contre ce modèle du toujours plus…
Textes : Philippe Bonhème / Photos : Nacho Grez
Jusque-là, tout allait bien… Puis il y eut un murmure, un gazouillis ; des « posts » déposés sur les réseaux sociaux pour diffuser une information ou s’indigner… « C’est toujours difficile de savoir qui a été le premier lanceur d’alerte, notent la journaliste Sandra Stavo Debauge et son amie Caroline Bagland, une jeune architecte de 29 ans. Ce qui est sûr, c’est qu’au cours de l’été 2017, il y a eu d’importants travaux de remodelage d’une piste rouge (la Gypaète) au Lachat sur Le Grand-Bornand. Pour la transformer en piste bleue (l’Aiglon), des alpages ont été dévastés. J’ai vu apparaître sur Facebook une page intitulée “Sauvons le Lachat du Grand-Bornand de la destruction”. Derrière cette page, un individu : Marc Lucchesi, ancien grimpeur spécialisé dans la danse escalade, bientôt rejoint par un jeune ingénieur en génie thermique et civil, Jordan Rémy, proche de mouvements écologistes : « Le chantier du Lachat représentait 8 000 litres de carburant par jour, soit 20 tonnes de CO2 ; on ne peut plus laisser faire ça ! » déplore Jordan.
« J’ai créé cette page comme on entre dans le maquis, rigole Marc Lucchesi. Plus sérieusement, quand j’ai vu l’impact des travaux – des milliers de mètres cubes de bonne terre à reblochon déplacés, qui mettront des décennies à revenir à leur état initial –, je me suis dit, là, on franchit
un cap ! » L’année suivante, les chantiers de remodelage de piste se poursuivent et, cette fois, Marc Lucchesi décide de bloquer tout seul les travaux avec sa camionnette… « Ça n’a duré guère plus qu’une journée, reprend Marc, mais les services de la préfecture ont mis leur nez dans le dossier. Localement, j’ai vécu ce que vivent tous les lanceurs d’alerte : un grand vide s’est fait autour de moi ! Mon fils, qui travaille comme moniteur de ski au Grand-Bornand, a été ostracisé. » Il n’empêche... pour la première fois, au Grand-Bornand, une station village où tout le monde partage des intérêts croisés et vit plutôt bien du tourisme et de l’agriculture, un individu a osé s’opposer à un modèle de développement
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