[ Actus ] // 10 novembre 2017

Victoire de la FRAPNA contre le bétonnage irraisonné de la montagne

Le 19 octobre 2017 le tribunal administratif de Grenoble a donné raison à la FRAPNA Isère dans deux recours l’opposant à la commune d’Huez. Mobilisée pour la protection des milieux naturels et la lutte contre une artificialisation sans fin de la montagne, l’association a obtenu l’annulation du PLU approuvé en 2015, et d’un permis d’aménager autorisant l’urbanisation d’une zone naturelle située en discontinuité de l’urbanisation existante, abritant des espèces présentant de nombreux enjeux en termes de conservation ; notamment le papillon Apollon – espèce protégée.

Une politique d’aménagement non durable sanctionnée par le juge

Alors que le tourisme d’hiver subit de plein fouet le réchauffement climatique et que la fréquentation s’effrite, l’industrie du ski refuse d’évoluer mais continue de croire au développement éternel du ski. Pour les petites stations, l’idée de s’orienter vers un tourisme doux et quatre saisons a déjà germé, mais pour les grands domaines, c’est la politique de l’autruche.

Ainsi, l’Alpe d’Huez a construit son plan local d’urbanisme sur des hypothèses de développement complètement farfelues. La commune prévoyait la construction de près de 6000 nouveaux lits touristiques et espérait une augmentation de la fréquentation des remontées mécaniques de +34%, alors que 65% des 33000 lits de la station sont des lits froids, c’est-à-dire occupés moins de 3 semaines par an, et que la fréquentation des domaines skiables stagne depuis 10 ans dans un contexte climatique franchement défavorable pour le tourisme de neige. L’augmentation de la population permanente de +40% était également au programme. C’est l’ensemble de ce plan d’urbanisme approuvé en 2015 qui a été remis en cause par la justice pour son impact sur l’environnement et son caractère non justifié.

La FRAPNA a également obtenu l’annulation d’un permis d’aménager prévoyant la construction d’immeubles dans une zone naturelle très sensible d’un point de vue paysager car surplombant la plaine de l’Oisans. Les constructions envisagées auraient gravement fragmenté l’un des derniers habitats du Papillon Apollon, espèce protégée inscrite sur liste rouge (échelle nationale, européenne et mondiale).

En avant vers la station d’excellence !

Avec l’annulation du PLU, le Plan d’Occupation des Sols remis en vigueur est inapplicable car illégal. La commune d’Huez a donc une nouvelle chance de planifier un avenir durable. La station de l’Alpe d’Huez qui a été élue deuxième meilleure station d’Europe aux European Best Destinations en 2015, et qui se veut être « la station de demain »[1], ne peut pas se focaliser uniquement sur la longueur des pistes, mais prendre complètement en compte les enjeux environnementaux (transport, eau, protection des milieux…).

Quelques jours après le congrès de Domaines Skiables de France (DSF) où les lobbies du tout-ski et du BTP ont pu faire entendre leurs atermoiements et réclamer une fois de plus des souplesses dans la réglementation, le juge a fait passer un message clair à la commune d’Huez : si les stations de ski sont des acteurs majeurs de l’économie montagnarde, elles doivent se montrer exemplaires dans leur approche du développement durable, le respect de l’environnement et des lois.

Crédit photo : Thomas Guiblain

[1] https://www.alpedhuez.com/fr/hiver/facebook-alpe-d-huez/alpe-drhuez-la-station-de-demain.html