Sortie du 21 mars 2018 par ViveLaMontagne67 Le Hohneck (1363m) et six lacs vosgiens

Une journée mémorable ! Très belle ... mais aussi très éprouvante !... Ce cadre dangereusement beau m'a infligé une grande leçon d'humilité, en me rappelant un message sans équivoque : nous sommes bien peu de choses face à la montagne et aux forces de la nature. À moi de ne plus l'oublier à l'avenir ! J'ai la chance d'être ressorti indemne de cette aventure. Un avertissement sans frais donc ! Mais je ne dois pas voir ça comme une victoire, en tout cas pas sur la nature. Je ne dois en être que plus prudent encore.

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

Pour découvrir la carte, l'itinéraire et les infos détaillées, veuillez consulter le topo de référence

Conditions météo

Soleil radieux toute la journée. Peu de nuages.
Vent de nord-est sensible mais comme j’évoluais presque tout le temps sur des versants orientés vers le sud ou en forêt, j’étais quasiment tout le temps à l’abri.
1°C à 11h et -2°C à 19h à Mittlach. Températures à l’ombre négatives tout au long de la rando. Mais ressenti agréable grâce au soleil et à l’abri du vent. Dans les moments les plus physiques, j’avais même beaucoup trop chaud, mais c’était tout à fait accessoire ...

Récit de la sortie

Les objectifs prévus initialement

En venant ici, mon objectif principal était de venir admirer les belles faces Est enneigées des sommets du Rothenbachkopf (1316m) et du Rainkopf (1305m), ainsi que la face Sud du Hohneck (1363m).
Comme objectif secondaire, j’envisageais aussi de revoir la vallée de la Wormsa et les lacs de Fischboedle et de Schiessrothried, déjà vus en famille il y a quelques années.
Et enfin, j’espérais que les versants sur lesquels j’évoluerais me protégeraient en grande partie du vent froid en provenance du nord-est, ce qui fut le cas.

Le programme prévu était le suivant :

  • Départ de Mittlach
  • Montée à la ferme auberge du Kastelbergwasen (avec un léger détour par le lieu-dit Koepflé)
  • Redescente vers la chaume du Kerbholz
  • Poursuite de la redescente vers le lac de Fischboedle
  • Petite remontée pour rallier le lac de Schiessrothried
  • Retour à Mittlach en empruntant la vallée de la Wormsa

Mais c’était bien présomptueux et surtout naïf de ma part. C’était sans tenir compte des conditions d’enneigement sur ces pentes très fortes, où les raquettes ne suffisent pas forcément !
Je ne pouvais quand même pas sérieusement espérer voir ces hauts sommets des Vosges bien enneigés, sans imaginer rencontrer des difficultés sur le parcours, à seulement quelques centaines de mètres plus bas ...
Certes, j’avais les raquettes avec moi. Mais ça ne règle pas tout ! Je n’avais aucun matériel d’alpinisme : ni piolet, ni crampon. J’avais envisagé d’acheter des crampons les jours précédents et puis finalement, ça ne s’était pas fait ...

Le déroulement réel de la rando

Tout a pourtant très bien commencé, avec un temps magnifique (grand soleil, beau ciel bleu et presque pas de nuage). Et dès le parking de Mittlach, j’avais une vue magnifique sur le Rothenbachkopf, tout de blanc vêtu. Ensuite les choses continuaient très bien sur le sentier du Kastelberg, notamment grâce à de très belles sculptures de glace tout du long d’un ruisseau que le sentier côtoie régulièrement.
Et jusque vers 900m d’altitude, j’étais même quasiment persuadé que je n’aurais pas à chausser les raquettes car même quand la neige s’est faite plus épaisse, les pieds n’enfonçaient pas.

Et puis, vers 950m, la pente s’est sérieusement redressée, sans chemin bien tracé pour la gravir en lacets. Le chemin normal attaque la pente frontalement. Et il n’était de toute façon plus visible à cause de la neige.
Au bout d’un moment, la neige en surface entraînait avec elle mes pieds vers le bas et me faisait reculer presqu’autant que je m’efforçais d’avancer, si ce n’est plus. J’ai chaussé les raquettes en espérant mieux accrocher. Mais la neige de surface n’étant pas stabilisée, j’eus le même résultat.

Au lieu de renoncer, j’ai rejoint un bois situé à droite. Une fois dans ce bois, la progression est redevenue possible, bien que laborieuse, grâce aux arbres qui me servaient d’appui. Mais j’évitais de monter face à la pente (NO). J’ai plutôt continué un peu de travers, vers le nord, jusqu’à rejoindre la piste qui mène à la ferme auberge du Kastelbergwasen.
La poursuite sur la piste fut une formalité et avant d’arriver au Kastelbergwasen, j’ai même pu contempler les faces Est du Rothenbachkopf et du Rainkopf. Parfait ! Après les efforts, le réconfort ! SAUF ... que les difficultés n’étaient pas terminées ... loin de là ...

L’étape suivante pour rejoindre la chaume du Kerbholz depuis le Kastelbergwasen, via le GR531, a été une épreuve dont j’ai bien cru ne jamais revenir vivant ...

En effet, pour gagner la chaume du Kerbholz, le GR531, nous fait franchir un dévers sur environ 400m avant de gagner un bois. Sur les premiers 100m, la pente reste "raisonnable". Mais sur environ 250m, la pente est de l’ordre de 60% ... C’est très impressionnant ! Surtout sur une neige glissante dans laquelle on peine à s’enfoncer ...

J’ai donc progressé sur ce dévers, sans réaliser que la pente croissait progressivement jusqu’à devenir très impressionnante. Ce n’est qu’une fois que j’étais trop avancé, que je me suis rendu compte du piège dans lequel je m’étais mis ... Je n’osais pas me retourner pour revenir sur mes pas, de peur de partir en glissade incontrôlée dans la pente pendant la manœuvre de retournement. Du coup, je n’avais donc pas d’autre choix que d’aller de l’avant et de franchir ces 200 à 300m immenses et effrayants qui me séparaient du bois.

J’ai bien cru que ma dernière heure était venue. Ça fait bizarre surtout quand on ne s’y est pas préparé. J’ai passé 20 minutes interminables et éprouvantes, tant physiquement (surtout pour ma cuisse gauche vers l’amont) que mentalement. Quand je soulevais ma raquette gauche, c’était pour avancer de 20 ou 30cm en moyenne. Et ensuite, je me contentais de ramener ma raquette droite à hauteur.
Je crois que ce qui m’a aidé à tenir le coup mentalement, c’est la peur que ma femme et mes filles se retrouvent seules. Heureusement, cette peur ne m’a pas fait céder irrémédiablement à la panique mais m’a au contraire encouragé juste assez pour ne pas baisser les bras.

Et puis finalement, au bord des crampes, j’ai réussi à m’accrocher et à gagner le bois salvateur. Je me suis assis sur la neige (merci la pochette plastique de mes cartes ...) au pied d’un arbre (un hêtre je crois) pour récupérer. : sucre, eau et repos des jambes.

Après, les difficultés n’étaient pas terminées et il y a encore eu des frayeurs et des émotions jusqu’à ce que j’atteigne enfin la chaume du Kerbholz. Car pendant la traversée, au lieu d’avancer en perdant progressivement de l’altitude, j’avais au contraire avancé en gagnant progressivement de l’altitude. Du coup, pour gagner le Kerbholz, je devais perdre pas mal d’altitude sur des pentes à peu près aussi fortes.
Sauf que cette fois, c’était à travers bois, ce qui m’a beaucoup rassuré et aidé. Et puis j’étais un peu galvanisé par cette victoire que je venais de remporter sur moi-même. Plus je me rapprochais du Kerbholz et plus je me disais que je ne pouvais quand même pas avoir traversé tout ça pour échouer maintenant, si près du but. Alors j’ai continué à endurer l’épreuve malgré l’imminence de plus en plus forte d’une crampe à la cuisse gauche. Et j’ai réussi à gagner le Kerbholz avant d’être pris d’une crampe. VICTOIRE (SUR MOI, pas sur la montagne) !!!

Je suis évidemment resté un moment à admirer le magnifique panorama offert par la chaume du Kerbholz, tout en reposant à nouveau mes jambes par la même occasion.

Ensuite, la descente du Kerbholz en direction du Lac de Fischboedle n’a pas été de tout repos non plus, comme c’est d’ailleurs signalé dans le topo. On navigue encore dans de fortes pentes, en traversant des pierriers, le tout sous la neige.
Avec la neige ce n’était pas l’idéal sans les raquettes.
Mais avec les pierres et les rochers, ce n’était pas l’idéal avec les raquettes non plus.
Malgré tout, ça s’est avéré pénible mais sans commune mesure avec les émotions endurées auparavant entre le Kastelbergwasen et le Kerbholz.

À un moment donné, j’ai rejoint une large piste. Il était possible de gagner le Lac de Fischboedle au choix en continuant le sentier ou en faisant un détour par cette piste. Compte-tenu de tous mes efforts précédents et de l’enneigement, j’ai évidemment opté pour la piste. Quel confort soudain pour les raquettes !

Et puis quand j’ai dû choisir à une intersection entre aller au Lac de Fischboedle ou rentrer à Mittlach, je n’ai pas hésité longtemps à jouer la carte de la raison et à rentrer. D’autant qu’il ne restait qu’une heure avant l’heure le coucher du soleil.
Je retournerai rendre visite à la vallée de la Wormsa et aux lacs de Fischboedle et de Schiessrothried une autre fois (en souvenir de précédentes visites estivales en famille).

Variations par rapport au topo

Pour le point de départ, Mittlach n’est pas très éloigné de Steinabruck.
Sinon, dans le parcours que j’avais prévu au départ, il y avait plusieurs points de passage communs avec le topo : le Kerbholz, les lacs de Fischboedle et de Schiessrothried et la vallée de la Wormsa.
Mais au final, le seul point de passage commun s’est avéré être le Kerbholz, celui-là même que j’ai eu tellement de mal à rejoindre ...

La Rando parcourue (pas celle prévue) en chiffres

  • Participants : 1 personne (moi seul)
  • Distance : environ 8 km
  • Dénivelé : environ 680 m cumulés
  • Pente moyenne : environ 17%
  • Altitude au départ : 525m (parking à l’entrée de Mittlach)
  • Altitude point bas : 525m (parking à l’entrée de Mittlach)
  • Altitude point haut : 1166m (ferme auberge du Kastelbergwasen)
  • Durée de ce jour : 7h50 pauses comprises (de 11h15 à 19h05).

. Randonnée réalisée le 21 mars 2018

. Dernière modification : 31 mars 2018 (Avertissements et Droits d'auteur)

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