Sortie du 12 avril 2024 par CourtePatte Tour des Aiguilles du Rieutord et Roc du Caroux (1034m)

Ambiance de grande montagne pour une balade au parfum d'aventure, physique et parfois exposée.

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Grand beau. Chaud, presque trop.

Récit de la sortie

Ce Caroux c’est quelque chose. Plus bas que les croupes ardéchoises ou les ballons vosgiens, mais il s’y dresse des aiguilles, des châteaux de roche dans le ciel, qui ne seraient pas déplacés en des montagnes bien plus élevées. Et il y règne par endroits des ambiances d’une austérité minérale évocatrice d’une autre altitude.

Il faut dire que ça n’a rien de très surprenant, puisque les ossements du Caroux c’est du gneiss. Un superbe gneiss oeillé du Cambrien, donc aussi vieux sinon davantage que le matériau qui constitue, par exemple, une partie des reliefs de Belledonne.

Alors, puisqu’après de multiples sorties en pays calcaire j’ai une grosse envie de reliefs cristallins, je me décide à partir à la découverte de ce petit massif qui figurait depuis longtemps à la liste de mes projets. Et ce topo m’offre l’itinéraire dont je rêvais pour découvrir le fameux Ravin des Charbonniers, dont toutes les descriptions me promettent qu’il répond à mes envies de "mettre les mains".

Je n’ai pas été déçue.

On remonte d’abord les merveilleuses Gorges d’Héric : une succession de vasques et de cascades enserrées par des rochers blanchis. Les bassins ont des chatoiements d’émeraude qui réclament la baignade ; mais ce ne sera pas pour aujourd’hui. La journée est déjà bien entamée et j’ai rendez-vous avec l’Aventure. A moi le couloir secret du Ravin des Charbonniers !

Pour mettre les mains, je vais mettre les mains. J’ai même rarement fait une randonnée où j’aurai passé autant de temps à quatre pattes. Il y a des chaînes, des dalles à escalader ; on tire sur les bras, on pèse sur les cuisses. Les bâtons sont bien rangés au fond du sac et ils ne sont pas près d’en ressortir. Le relief est roide, et lorsque je me retourne je ne distingue même pas l’itinéraire dans la bouche sombre du couloir au creux des parois. Je me dis que si jamais je me vois forcée à redescendre là-dedans je ne ferai pas la fière.

Je trouve le moyen de me faire une petite frayeur sur le passage chaîné rendu malcommode par des suintements : je sais que mes chaussures se changent en patins à la moindre goutte d’eau, mais va éviter le ruisselet sous la chaîne ! Heureusement cela me coûtera seulement une bonne petite giclée d’adrénaline.

Mais l’ambiance. Malgré les petits chênes méditerranéens nichés aux plis des parois, c’est minéral, presque austère. Au-dessus de moi, l’Arête des Charbonniers accroche le ciel. Plus bas il y avait des grimpeurs, mais désormais je suis plus haut qu’eux ; il n’y a plus que moi, le gneiss et le silence.

Dans les moments où le relief permet la pause, je contemple le décor. Ce ne sont que murailles et parois ; plus bas, dans le bouillonnement des chênes on voit surgir tout un peuple d’aiguilles et de crêtes. Difficile de croire que je ne suis même pas encore à 1000 mètres d’altitude.

Puis c’est la vire Guy Pistre. Le gradient est un peu plus confortable, mais l’exposition est parfois plus présente. Lorsque je vois surgir les premiers moutonnements de genêts, je suis un peu surprise : déjà fini ? Pourtant je doute d’avoir passé sans m’en apercevoir la "courte cheminée (...) un peu plus technique" qui m’inquiète un peu. Je ne me trompais pas : lorsque je vais la croiser elle me donnera effectivement un peu de fil à retordre. Reste que cette vire est un régal, avec de la variété tant dans les décors que dans le tracé.

Me voilà au sommet du Roc du Caroux, entre la roche et les genêts. On a presque l’impression d’avoir gravi une montagne à l’envers, où la section végétale se trouverait en haut et non en bas.
On aperçoit l’aimable dôme du "vrai" sommet du Caroux, à deux petits kilomètres de là ; on surmonte les vastes étraves des Aiguilles. On distingue, à l’horizon, le fil bleuâtre de la Méditerranée ; mais bien sûr je tourne vite le regard vers le Sud-Ouest, où dans le poudroiement lumineux je parviens tout juste à distinguer le fantôme du Canigou.

A la redescente, je ne serai pas mécontente lorsque je parviendrai sur le Sentier des Gardes. Après les sentes escarpées, me trouver sur le GR aurait de toutes façons fait figure d’autoroute ; mais ce sentier, avec son dallage et ses terrasses, est aussi beau à l’œil que confortable aux jambes. Il est si efficace qu’il ne fait pas encore tout à fait nuit lorsque je reprends pied dans les Gorges d’Héric.

Je n’ai plus du tout envie de me baigner. Mais c’est égal ! je crois que je viens de tomber victime de l’envoûtement du Caroux.

. Randonnée réalisée le 12 avril

. Dernière modification : 15 avril 2024 (Avertissements et Droits d'auteur)

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Réagissez !

  • Bonjour CourtePatte,

    Merci pour ce récit dans le Caroux.
    Il m’a rappelé les deux sorties d’escalade que j’ai eu la chance de faire là-bas, et le plaisir dont le souvenir est resté bien ancré en moi.

    Il faut éviter les journées chaudes, dans ces reliefs. On y prend des coups de chaud mémorables. Sauf qu’alors la baignade est possible, et salvatrice...

    Le 18 avril à 15h02
  • Merci !
    Entièrement d’accord avec toi. Ce jour-là, la température était encore supportable, mais le lendemain (29° à Lamalou-les-bains) j’ai manigancé une balade avec retour par les Gorges d’Héric, et tu peux croire que je n’ai pas boudé les jolies vasques !

    Le 18 avril à 17h21
  • Bonjour,

    Ayant envisagé de faire un séjour dans la Montagne Noire et ne connaissant rien à ce massif, le récit de cette sortie tombe à pic. Et au vu des photos, franchement ç’a l’air d’être carrément top ! Il doit y avoir de ces panoramas !

    Photo 28 Le Carabe est magnifique !

    Le 19 avril à 09h41
  • Merci !
    Le massif vaut le détour. Seul bémol, comme on disait avec François : il faut se méfier de la chaleur (mais je pense que ça vaut pour l’ensemble de la Montagne Noire).

    Le 19 avril à 15h13
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