Le Rougnou (2576m), face Est directe en hivernale

De Veynes, prendre la direction Superdévoluy et la Joue du Loup. Peu après le col du Festre poursuivre en direction d’Agnières-en-Dévoluy, le Grand Villard et peu avant St-Didier, tourner à gauche en direction du Mas. Un petit parking est présent à l’arrivée.

• Petite course d’alpinisme en PD- peu exposée, idéale pour un début de saison ou pour une initiation en pente moyennement raide. Cotation ski 4.3.
• Face d’environ 250 m entre 35 et 40° de moyenne avec deux passages plus soutenus à environ 45°.
• La crête du Rougnou peut être délicate en fonction des conditions d’enneigement.
• Long parcours au dénivelé conséquent et sans aucun balisage.

Du parking du Mas, traverser le hameau et tourner très rapidement à gauche, donc Nord-Ouest le long d’un sentier balisé PR.

Passer à proximité de deux petites maisons et ensuite sur des dalles calcaires à plusieurs reprises en suivant le discret balisage jaune.

La trace rejoint ensuite une piste évidente jusqu’à une jonction au point IGN 1485. Partir à gauche, donc vers l’Ouest en direction de la Pierre Baudinard.

Arrivé à proximité de la Pierre Baudinard, franchir un petit collet situé au Sud du point IGN 1699 afin de pénétrer dans le vallon du Mas.

Remonter le vallon du Mas vers l’Ouest par une alternance de zones plates et de trois ou quatre étages assez raides, jusqu’à l’altitude 2150m d’où l’on domine une impressionnante dépression.

Passer devant un petit chalet pastoral (fermé) et poursuivre Nord-Ouest afin de prendre pied sur un plateau (2379m) sous le Tête de Lapras par une rude montée contournant par la droite un mamelon rocheux.

Continuer vers l’Ouest et rejoindre facilement le col de Lapras par une descente légèrement déversante.

Du col de Lapras se diriger vers le bas de la face Est du Rougnou en restant sur son coté droit (Nord), afin d’éviter de grimper au-dessus des barres rocheuses situées plus à gauche, plus ou moins dans l’axe du sommet 2576.

Au départ peu raide dans le premier tiers, la pente se redresse ensuite une première fois aux environs de 45° sur un court passage, avant de s’atténuer nettement (35°/40° environ) sur une portion assez longue, jusqu’à un nouveau redressement à 45° un peu plus long que le premier.

Arriver ensuite très rapidement sur la crête sommitale, qui peut être plus ou moins délicate en fonction des conditions de neige et des corniches, et rejoindre soit le sommet 2576 ou le 2577. Panorama immense à 360° et vertigineux coté Trièves, mais le regard est incontestablement attiré vers le cœur du Dévoluy et l’impressionnante et majestueuse face Sud de la Tête de la Cavale.

Retour : si les conditions de neige sont bonnes, en suivant la crête soit en direction du col du Rougnou, ou soit vers le col de Courtet. Dans le cas contraire, il est plus prudent de redescendre par l’itinéraire de montée dans lequel il sera nécessaire d’effectuer quelques passages en marche arrière.

Du bas de la face, rejoindre le col de Lapras à partir duquel l’itinéraire de retour est le même qu’à l’aller.

Notre sortie :

Le Rougnou, ce magnifique sommet incontournable du Dévoluy je n’y étais plus remonté depuis août 2017. La lumière écrasante de l’été n’était pas terrible, et comme souvent dans le secteur, la brume débordant du Trièves avait ajouté une belle ambiance sur la crête mais un peu perturbé le panorama. Il me faudrait donc y retourner, mais la prochaine serait en condition hivernale !

Cette belle face Est m’avait tapé dans l’œil lors de notre retour de la Tête de la Cavale l’hiver dernier avec Mika. Depuis lors je ne savais pas quand, mais je savais par où se ferait l’ascension de mon prochain Rougnou !

Christian est motivé pour m’accompagner dans cette belle randonnée et passe me récupérer samedi matin à 4h.

À notre arrivée au col du Festre le ciel est complètement bâché... Un petit visionnage des webcams de la station va nous rassurer, les sommets baignent dans la lumière matinale par-dessus une immense mer de nuages !

Nous trouvons rapidement la neige après notre départ du hameau du Mas, les sapins sont blanchis et égayent un peu l’ambiance lugubre de ce début de journée.

Peu après être entré dans le vallon nous passons définitivement par-dessus la brume. Le regel est quasiment nul et nous brassons tant bien que mal pour prendre de l’altitude. Si bien qu’à notre arrivée à la cabane pastorale au-dessus de la grande dépression sous la Tête de l’Aupet, nous sommes déjà rincés...

Encore un bon coup de rein et nous arrivons sur la butte 2379. La face Est du Rougnou est maintenant presque à portée de main ! Une petite pause s’impose au col de Lapras pour reprendre des forces. De ce dernier, la vue sur la sublime face Sud de la Cavale et les Agards est toujours aussi majestueuse ! Christian est lessivé et renonce au sommet, mais il est malgré tout ravi d’avoir découvert ce superbe secteur !

Je vais donc poursuivre seul pendant qu’il redescendra tranquillement. Après avoir troqué les raquettes contre les crampons je commence à déchanter... À chaque pas je m’enfonce jusqu’aux genoux, les 250 derniers mètres s’annoncent difficiles.

Le début de la face est le plus pénible, lorsque cette dernière ce redresse au niveau du premier passage raide je m’enfonce jusqu’aux coudes à chaque appuis de piolets... Après ça, la longue portion centrale moins déclive me parait presque reposante. Malgré tout je me régale et suis heureux d’être dans ma première pente un peu raide de la saison !

Arrive ensuite le second ressaut à 45°, encore une fois je brasse, mais plus haut la pente semble un peu plus verglacée. Miracle, la neige est maintenant béton ! Quel plaisir de gravir ce final sur les pointes avants, après de longs mois à attendre le retour de l’hiver !

Encore quelques mètres et j’arrive sur la crête, avec les mauvaises conditions de neige du jour cette dernière me paraît trop dangereuse. Je me contente d’effectuer une cinquantaine de mètres sur le fil pour rejoindre le sommet 2576, et préfère renoncer à la parcourir intégralement.

Pour la descente je choisis de replonger dans la face en suivant mes traces de montée.

De retour dans le vallon du Mas le jour commence à décliner et les lumières crépusculaires derrières la montagne de Faraut concluent à merveille cette magnifique journée en montagne !