Sortie du 11 août 2018 par CourtePatte Tour et Pointe des Cerces (3097m)

Une nuit à sept étoiles à la Pointe des Cerces.

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Très beau.

Récit de la sortie

En 2017 j’avais découvert la Vallée de la Clarée avec une cousine. Nous avions fait la classique Lac des Béraudes - Ponsonnière - Col des Rochilles, et j’avais, en passant, ressenti un coup de cœur pour le flanc bariolé d’une grosse montagne au-dessus du lac des Cerces. Plus tard je l’avais identifiée : elle s’appelle la Pointe des Cerces et... oh dis donc, il y a des topos pour y monter, elle a l’air tout à fait dans mes cordes !
Alors l’année dernière, avec le retour en service de la RD1091, je fais mon sac et me voilà bientôt dans le bus Grenoble-Briançon.

Or ce bus n’est pas très pratique pour les randonneurs puisqu’il part à 11h de Grenoble... là-dessus voilà que les routes sont congestionnées par les départs en vacances, et ça fait que je ne pars qu’à presque 15h du Pont de l’Alpe. Ajoutons que dans l’enthousiasme, lorsque j’ai évalué la dénivelée pour la balade, j’ai négligé le léger obstacle du Col de la Ponsonnière ; si bien qu’il est à peu près 18h lorsque j’arrive au Col des Cerces. Bah ! Montons toujours ! Si je suis épuisée ou prise par le crépuscule quelque part au flanc de la montagne, je me poserai où je pourrai.

Le sentier est lisible, et le topo limpide. La seule chose qui m’inquiète c’est qu’il est question d’un "passage délicat" et j’espère juste que je serai encore assez en forme pour en venir à bout.

Je passe le grand névé qui m’inquiétait un peu d’en bas, et que finalement on ne fait que longer. Tiens ? Voilà une petite cheminée. Elle se franchit sans problème, mais arrivée au-dessus je fais bien attention à repérer son entrée en prévision du retour.

Ça monte, ça monte. Le sac commence à peser lourd. Ce qui m’inquiète, c’est que je n’ai toujours pas croisé le passage délicat (enfin c’est ce que je crois. Je ne ferai le lien avec "la petite cheminée" que bien plus tard), donc je dois être encore loin du sommet ! Heureusement, l’apparition du Mont Blanc par-delà les rochers me redonne un peu de cœur.

Ça monte toujours. Désormais je fais des pauses toutes les dix minutes... Et tout à coup, une croix juste au-dessus de moi. Ça ne peut pas être le sommet ? Mais si, je reconnais la fameuse devise. Je lève alors les yeux et... toute ma fatigue s’envole d’un coup.

C’est que le soleil se couche, il n’y a pas un nuage, et je suis suspendue dans l’espace au-dessus d’une marée de sommets. Il y en a des enneigés, des rocheux, des doux, des acérés ; et tout ça rosit, doré, par la lumière déclinante. Je ne sais pas où donner de la tête, et de l’appareil photo. En plus il n’y a pas un souffle de vent ; je suis encore en short et T-shirt, mais de toutes façons je n’ai même pas l’idée d’avoir froid dans tout ce spectacle. Je n’ai qu’un regret, c’est que les Aiguilles d’Arves sont en plein contre-jour : tant pis, ce sera pour demain matin.

Car avec tout ça, la nuit est imminente, il n’est plus question d’amorcer la descente. Je vais dormir là-haut. Dans ce terrain pentu et caillasseux je suis préparée à m’installer carrément dans le sentier, lorsque j’avise une sorte de petite aire de bivouac. Alors ça, c’est trop gentil. Plate et sablonneuse, je l’aurais commandée sur mesure que je n’aurais pas fait mieux.

Ça n’empêche que je vais passer une nuit médiocre - sur le plan du sommeil s’entend. Car je suis à peine dans mon cocon qu’il se lève un vent comme ce massif en a le secret. Plein nord, et je suis pile dans l’axe. Je vais donc passer l’essentiel de ma nuit à me battre avec la climatisation. Mais ce n’est pas grave, car au-dessus de ma tête j’ai un ciel ruisselant d’étoiles. Mieux encore, c’est le début des Perséides et... je compterai pas moins de sept étoiles filantes au fil de mes réveils successifs.

Au (tout) petit jour, je passe la tête hors du duvet. Il fait encore trop sombre pour les photos mais c’est très prometteur : dégagé, avec une petite mer de nuages qui recouvre les Trois Lacs. Ça va faire des photos du tonnerre.

Je somnole encore un peu en attendant que la lumière soit plus franche et... lorsque je ressors à nouveau la tête il n’y a plus rien à voir. Rien de rien ! Je suis dans l’étoupe, le coton, même la croix sommitale est avalée par l’épaisse brume qui préside désormais à mon lever. Je pourrais être en pleine mer ! C’est punitif car le vent, lui, est toujours là.

Du coup c’est dans un froid de canard que je prends rapidement mon petit déjeuner, et la fuite. Non sans essayer, au passage, de descendre par la mauvaise cheminée (si si, il y a moyen de faire ça). Autant pour ma mémoire visuelle ("Me rappelais pas que c’était aussi scabreux..."), la prochaine fois ça m’apprendra à prendre une photo !

Pour la petite histoire, ce jour-là les nuages n’ont débarrassé la Pointe que vers 11h. Et moi je voguais vers d’autres aventures...

. Randonnée réalisée le 11 août 2018

. Dernière modification : 20 août 2019 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

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  • Daniel

    Très belles les Arves à contre jour
    14 c’est la Scolette.

    Le 20 août 2019 à 11h44
  • Comme quoi elles ont leurs admirateurs, même sous la forme d’ombres chinoises...
    Merci pour l’identification !

    Le 20 août 2019 à 20h41
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