Sortie du 6 janvier 2021 par Pascal Chamechaude (2082m) par le Col de Porte

Stratus compact et tenace entre 1500m et 1900m. Petite bise glaciale au dessous, grand beau au dessus, sans aucun vent.

On peut certes aller loin et chercher le grand beau dans les hauts massifs alpins... Mais le "moins beau que beau" des modestes sommets préalpins peut aussi apporter son caractère original et atypique : Tout d’abord les nuages bas qui encombrent les vallées contribuent à la personnalité du décor. Mais aussi, lorsque durant les frimas de l’hiver, lesdits nuages déposent leur couche de givre de blancheur étincelante... Direction Chamechaude, le point culminant de Chartreuse, objectif facilement réalisable en hiver... C’est certes un pari risqué : Les webcams consultés en matinée montraient un stratus louvoyant avec les 2000m, pour peu qu’il monte un peu et voilà que le sommet se retrouverait dans les nuages...

Départ vers 13h du col de Porte, dans un froid glacial sous la grisaille. Cependant, la forêt givrée offre déjà un décor d’une magnifique blancheur... Quand c’est gris, la forêt c’est mieux. Plutôt que de remonter la large piste de ski, on s’offrira quelques digressions touristiques en sous-bois...

Le Bachasson est dans le brouillard, et le décor est glauque. Mais le cheminement est bien tracé, les raquettes mordent bien dans la neige dure, les pentes raides s’avalent sans trop de difficultés... On monte entre les sapins givrés...

On navigue à l’aveugle au gré des traces sur le grand plan supérieur, mais peu importe, on finira toujours à rejoindre la crête. C’est d’ailleurs en la rejoignant qu’enfin le soleil commence à transpercer les nuées... On monte vers la lumière de l’espoir...

Et voilà qu’arrivent sur la crête vers la Brèche Arnaud, on se retrouve dans le grand bleu, entouré par l’aveuglante blancheur de la neige et des nuages... Délaissant les traces montant vers le sommet, on fera le choix de monter par quelques détours au plus près du fil de la crête, naviguant entre les pins couverts de choux-fleurs de givre étincelant... Ça se visite comme un musée...

La crête sommitale, et hop on tire un peu sur le câble pour monter au sommet... Tout est blanc de blanc, sous un ciel bleu profond et une atmosphère limpide... L’impression qu’au sommet d’une montagne de glace himalayenne, on se retrouve à tutoyer la stratosphère... La vue porte à des centaines de kilomètres, et à l’est on n’aura pas du tout le temps d’énumérer tous les sommets visibles. A l’ouest, le mer de nuages s’étend à l’infini. Seul les 3 autres "2000" de Chartreuse émergent tel de petites îles. Et mise à part les chaînes du Grand Veymont et la Grande Moucherolle qui pointent au loin, tout le Vercors est recouvert.

15h. Pas un souffle de vent au sommet, malgré la bise du jour qui pousse les vagues nuageuses plus bas. Casse-croûte et grosse séance contemplation et photos... Finalement, dans la lumière qui inonde le lieu, on a presque chaud. Le coucher de soleil promet d’être magnifique, mais il y a encore deux heures à attendre. Alors on s’aménage une couchette dans la neige, et on s’offre une bonne sieste...

16h30, commençons tranquillement à descendre... Retour dans les pins givrés qui ont troqué leur blancheur pour les chaudes couleurs du soleil descendant... On ne se presse pas, il serait dommage de se retrouver dans les nuées avant que le soleil se couche... On choisit d’y assister sur le fil de la crête à proximité de la brèche Arnaud...

Le spectacle des couleurs se finit, et on plonge à regret dans les nuées et le froid. La descente est vite dévalée dans une neige excellente, avec quelques belles glissades pour expédier les parties raides. Retour au col de Porte à la nuit tombante, alors que quelques skieurs se lancent dans l’ascension dans le brouillard nocturne... Fin de la balade vers 18h.