Sortie du 4 mars 2023 par Pascal Mont Charvet (2538m) par les Confins, en boucle

Beau au-dessus des nuages bas se dissipant en fin de matinée, plutôt doux, de plus en plus brumeux au cours de l’après-midi, et s’encombrant de petits cumulus accrochant les sommets sous 2600m.

Cela fait un moment qu’on avait pas fréquenté ce lieu en hiver... Alors profitons que du risque soit vissé à 1 sur le bulletin d’avalanches depuis un certain temps déjà pour aller s’offrir un joli sommet du coin...

13h sous un grand beau heureusement pas trop chaud, c’est parti depuis les Confins, où les pistes de ski nordique commencent sérieusement à manquer de neige... Quelques hésitations au départ, mais finalement cette fois on délaissera les classiques Tête Pelouse et Tardevant pour aller chercher cet esthétique sommet qui se montre un peu plus loin, le Mont Charvet.

Ce sommet, plus éloigné et sauvage, se mérite, à commencer par la longuette piste traversant vers la Bombardellaz, moitié sèche, moitié glace. On dépassera ainsi les combes du Grand Crêt, de Paccaly, et de Tardevant avant de quitter le chemin pour attaquer la montée.

Quelques traces de skieurs marquent l’itinéraire, mais en versant nord la neige est bien là, pas trop transformée alors qu’elle est vieille de six semaines... On chausse donc les raquettes, puis peu après les crampons pour affronter quelques raidillons damés par les skieurs, puis encore les raquettes car plus haut, on s’enfonce encore pas mal...

Il est temps de quitter l’aplomb de la combe de la Grande Forclaz pour traverser vers celle du Mont Charvet. par un long dévers assez pénible, un peu trop raide pour les raquettes. On rechausse donc encore les crampons et on essaie de tirer au mieux parti de quelques anciennes traces de ski pour ne pas trop s’enfoncer...

Retour aux raquettes pour aborder les pentes plus débonnaires de la combe, mais ici on s’enfonce pas mal, la neige y est étonnamment peu transformée. Il faudra négocier au mieux les bosses de la combe pour éviter le plus possible l’exposition nord.

Puis on se dirige vers le collet permettant d’aborder le crêt ouest du sommet. Un traître petit dévers glacé recouvert de quelques centimètres de neige sans consistance vaudra une belle petite glissade malgré une pente bien inférieure à 30°, la neige empêchant totalement les pointes des raquettes de mordre la glace. On les enlève encore et on cherche quelques pentes mieux exposées avec une neige plus transformée pour pouvoir monter sans...

Changement radical d’ambiance au collet. Il fait plus frais, et les pentes de la croupe sont assez dégarnies, avec quand même quelques gros pans de neige dure et glacée recouvrant les pentes. Cette fois, ce sera piolet-crampons.

Prudence est de mise pour la remontée de cette croupe, plus raide que d’apparence, et plus raide que dans les souvenirs. Le ciel brumeux s’est maintenant chargé de petits cumulus devenant assez encombrants, mais là-haut les sommets semblent encore dégagés...

Le léger replat, une bonne centaine de mètres sous le sommet, aurait dû faire office de répit, mais la neige glacée recouvrant l’herbe interdit de relâcher l’attention. On s’attaque au petit mixte défendant le sommet. Hélas, on n’a pas du tout la vieille neige ferme dans laquelle creuser de bonnes marches qu’on aurait souhaité, ici c’est une petite couche de poudreuse sans consistance sous laquelle une neige "béton" n’autorise que les pointes des crampons à s’enfoncer... Conditions un peu trop alpines pour cette sortie théoriquement "rando", la sagesse impose le demi-tour...

On redescend prudemment dans le brouillard vers le replat pour une petite pause, alors qu’on devine que juste au dessus à peine 100m plus haut, le sommet est au soleil au dessus des nuées... Quelques regrets de ne pas s’être contenté des "valeurs sûres" du coin que sont Tardevant ou Tête Pelouse, et de ne pas avoir atteint la ligne de crête pour admirer la vue de l’autre côté au dessus des nuages... Mais ce n’est pas grave, cela fait partie du charme de ne pas gagner à tout les coups...

17h, la redescente de la croupe se fera dans la plus grande prudence, alternant un mixte rocher et glace parfois recouvert de quelques centimètres de neige fraîche empêchant de voir si c’est sur de la glace ou du caillou qu’on pose les crampons... Ailleurs, ce sont quelques dévers bien durs et verglacés qui obligent à remettre en pratique ce qu’on a appris lors des cours de cramponnage, tout en se méfiant de petits dépôts "placo" se brisant et glissant dans la pente dès qu’on y pose le pied,... Par une prudence jamais trop excessive, on mettra bien plus d’une heure à redescendre cette croupe qu’on avait gravi en moitié moins du temps.

Finalement de retour au collet, on peut enfin se lâcher, il n’y a plus qu’à dévaler de belles pentes enfin tranquilles en essayant d’imiter quelques chamois qui gambadent pas trop loin... Le soleil s’est couché, la combe est bien austère sous les nuages... On poursuit à la nuit tombante par une marche un peu galère par endroits, notamment pour la traversée entre les deux combes où on s’enfonce souvent dans la neige molle, mais pas envie de rechausser les raquettes...

19h30, de retour à Bombardellaz. Les nuages se dissipent enfin et laissent passer une belle lune presque pleine illuminant les lieux... On peut éteindre la frontale pour repartir sur la longue piste, gelée au point que les crampons seront de nouveau bien utiles... Fin de la balade peu après 20h, alors que les Aravis étincellent sous la lune et les étoiles.