Sortie du 3 juillet 2023 par Pascal Mont Charvet (2538m) par les Confins, en boucle

Beau temps se remplissant de cumulus assez encombrants accrochant la montagne au-dessus de 2300m au cours de la journée, s’étalant et peinant à se dissiper en soirée.

Deuxième essai vers le Mont Charvet après avoir abandonné sous le sommet quelques mois plus tôt pour cause de raide pente de glace... Mais maintenant que la glace a fondu, ce ne devrait plus être une excuse pour renoncer au sommet...

14h, c’est parti en direction d’une chaîne de montagnes déjà bardée de cumulus, qu’on espérera voir s’estomper un peu à la fin de la journée. Une marche un peu longuette vers Bombardellaz servira de mise en jambes pour aborder le sentier. Le premier obstacle sera la traversée d’un enclos de moutons, dont on espère que parmi les bêlements ne se feront pas entendre des aboiements.

On poursuit tranquillement vers la combe du Charvet entre ombre et trouées ensoleillées. Le bas de cette combe est bien accueillante, tapissée d’un beau vert ponctué de fleurs et de bosquets de rhododendrons. On rejoint la bifurcation où le choix doit se faire entre l’ascension par la croupe ouest, itinéraire direct et pas trop difficile, ou l’ascension par la face sud qui, après un joli détour autour de la Petite Miaz et les crêtes, présente un petit ressaut malcommode à escalader, qui par le passé avait laissé d’assez mauvais souvenirs.

C’est la deuxième option qu’on choisira, en vue de maximiser l’esthétique d’un parcours en boucle en abordant les difficultés à la montée, et sacrifiant un peu de la certitude d’atteindre facilement le sommet.

On poursuit la montée jusqu’au collet entre la Mamule et la Petite Miaz. Changement radical de décor, l’herbe fait place à la caillasse, rendue austère par le sombre plafond de la base d’un cumulus sur lequel on ne va pas tarder à se cogner... Quelques petits névés à traverser en progressant de collet en collet dans le brouillard, puis voilà enfin la crête principale de la chaîne, derrière laquelle, par quelques trouées, la vue sur Sallanches et Mégève se dévoile... Une petite pause sur la crête en attendant que la vue se découvre sur la face sud du Charvet, où se concentrent les difficultés...

Bon, on s’y met... La première petite grimpette pour accéder à l’entonnoir de la face se remonte facilement, malgré le rocher pas très franc. Puis on poursuit sur une vague sente dans la pente de caillasses...

La crête sommitale est défendue par une petite barre, sous laquelle l’itinéraire monte vers la droite jusqu’à l’aplomb du sommet où se situe la petite cheminée scabreuse à escalader. Pas du tout chaud pour s’y frotter, peut-être est-il possible de trouver un plan B... Pourquoi pas traverser plutôt vers la gauche où un petit dévers semble permettre de rejoindre la crête à son autre extrémité ? Et ensuite, quid de l’arête jusqu’au sommet ?

Allez, on essaye... Pas de problèmes pour le dévers, voici l’arête, et les quelques ressauts du fil qu’il va falloir franchir pour atteindre le sommet... Le premier ressaut passe sans problèmes, c’est le deuxième qui concentre les difficultés. Tout d’abord prendre pied sur le fil de la crête avec un petit pas d’adhérence sur une dalle, puis un peu plus haut, un petit dièdre peu pentu à grimper. C’est facile et peu exposé, incomparablement moins délicat que la cheminée de l’itinéraire habituel. Et le tout semble d’ailleurs contournable par des vires et de la caillasse sur la face est... Au-delà, l’arête ne pose plus aucune difficulté jusqu’au sommet.

18h30. Bien content d’avoir trouvé cette variante qui sera désormais le parcours de choix du sommet par sa face sud, on profite de la vue au sommet. Ou du moins, on essaye, car les cumulus vont et viennent, offrant parfois quelques belles trouées pour voir le paysage. Si la vue vers l’est est souvent dégagée, vers l’ouest, c’est un défilé de nuées qui, avec parfois quelques petites trouées de bleu au-dessus du coton, est le plus souvent juste un brouillard gris...

20h. La patience est de mise, car les cumulus tendent souvent à se dissiper en soirée, mais cela se produit souvent après un "baroud d’honneur" où ils s’étalent pour recouvrir le ciel tout en perdant de la hauteur. Mais l’itinéraire de descente est long et assez complexe, pas envie de le parcourir de nuit, il faut descendre maintenant...

À regret, on quitte le sommet pour plonger dans la caillasse descendant vers la croupe ouest, où un retrouve une raide petite sente. On la descend dans le brouillard, sans trop de difficultés, incomparablement plus facile que la version couverte de glace d’il y a quelques mois...

On quitte la croupe pour les pentes redescendant vers la combe. On y retrouve la verdure fleurie, alors qu’on passe enfin sous le brouillard. Au loin, quelques rayons de soleil se faufilent sous les nuées, signalant un coucher de soleil dont on ne verra pas grand chose d’autre... À l’arrière, une petite trouée montre le sommet du Charvet maintenant au-dessus de la couche de nuages.

On poursuit la descente à la nuit tombante, en espérant qu’il ne fasse pas trop sombre pour la traversée de l’enclos à moutons de Bombardellaz, la crainte d’y affronter un patou dans l’obscurité n’étant guère réjouissant... Heureusement, toujours pas de patou, ou alors il s’était bien endormi.

Retour tranquille mais longuette pour revenir aux Confins, dans la tranquillité totale, uniquement ponctuée par les sonnailles de quelques vaches... Fin de la balade vers 22h30.