Sortie du 13 janvier 2024 par Peyuko Le Rognon (1851m) et la Crête de Côte Belle (1757m)

Grand ciel bleu. Température agréable. Pas de vent.
Jusqu’à 1 mètre de poudreuse sur les crêtes.

Entre les fêtes de fin d’année et la météo capricieuse, voilà trois semaines que je ne suis pas sorti en montagne. Je trépigne, d’autant qu’une belle journée est annoncée. J’ai envie de neige, de lumière et d’une reprise en douceur (deviendrais-je exigeant ?). Les sommets à proximité de Sisteron ont presque intégralement perdu leur drap blanc. Même au-dessus de 1800m (Aujour, Jouère...), en versant sud, la neige tombée les jours derniers est réduite à peau de chagrin.

Je demande à Arnaud ce qu’il en est vers Lus et sa réponse avec une photo prise la veille au col de la Croix me fait jeter mon dévolu sur le Dévoluy. Direction le Rognon, qui coche toutes mes envies.

Aux Sièzes, une fine couche blanche couvre le hameau. La crête sous le Boutouret est en partie dégarnie. L’ensemble du parcours est exposé sud et il y a fait beau les jours précédents. Avec le peu de neige qu’il y avait plus au sud sur des sommets d’altitude similaire, j’imagine qu’il ne doit pas y avoir plus de 20 cm sur le parcours et après une courte hésitation, je décide de ne pas prendre mes raquettes, "pas envie de les trimbaler inutilement toute la journée"...

Quelle grande idée ! Arrivé vers 1500 m, les 20 cm de poudreuse me font douter de la pertinence de mon choix. Je marche depuis 30min, tant pis, il est trop tard pour retourner les chercher, trop tard aussi pour regretter, "assume ta bêtise et ta flemme !" Sur la crête qui mène au Boutouret, je m’enfonce de 30-40 cm à chaque pas et je m’insulte copieusement.

Une fois sur la crête de Côte Belle, une belle surprise vient récompenser mes efforts : mer de nuage à l’horizon ! Cette consolation m’aide à progresser sans trop pester contre moi-même dans un matelas moelleux qui à présent atteint 50 cm à près d’un mètre d’épaisseur par endroits. Même si le relief est relativement "plat", il va sans dire que je ne galope pas.

Étonnamment, la crête sommitale est bien moins pénible que ce que je viens de traverser et je m’accorde une pause méritée face à la mer (Calogero, sort de ma tête, ne vient pas gâcher ce moment !). La mer à la montagne, quoi de plus merveilleux ?

Sur la crête est, je peine à nouveau mais je suis passé en mode moine bouddhiste, "accepte l’erreur, accepte la douleur". Je suis le fil jusqu’à un imposant ressaut rocheux que je contourne en basculant versant est par une brèche, pour retrouver le sentier qui vient du col de la Chante.

J’avais initialement caressé l’idée d’enchainer avec le Chevalet mais, même en versant nord, la neige reste résolument molle. Ça sera pour une prochaine fois. Et surtout, la prochaine fois, je n’hésiterai pas à m’encombrer des raquettes... mieux vaut regretter de les avoir prises que l’inverse !