Aiguille de Bionnassay (4052m) - arête de Tricot

Difficulté :
Alpinisme AD
Dénivelé :
2640m
Durée :
2 jours

On ne voit qu'elle depuis Sallanches, cette longue arête est une invitation à la parcourir. – Auteur :

Accès

De Saint-Gervais-les-Bains, se diriger vers les Contamines-Montjoie.
Des panneaux à gauche indiquent Bionnassay, traverser le hameau et continuer jusqu’au Crozat et se garer sur le parking.

Précisions sur la difficulté

  • Trace gps dessinée après coup. Elle n’est qu’illustrative ...
  • Rocher pas "béton".

Les infos essentielles

  • Carte IGN : 3531ET - Saint-Gervais-les-Bains
  • Dénivelé : +264o m en tout.
  • Difficulté  : AD (3b, 45°)
  • Matériel  :
    • Sangles, quelques broches pour les pentes glacées, corde de 50 m (rappels).
    • Coinceurs optionnels (moyens-gros).
    • Matériel de bivouac.
Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

Voir la carte en plus grand

Chargement de la carte en cours

Itinéraire

Montée

Du parking du Crozat, descendre dans le hameau, le traverser pour trouver un sentier menant à une piste en contrebas. La suivre quelques dizaines de mètres et s’engager sur un sentier à gauche dans une épingle (panneaux).
Le suivre jusqu’au col de Tricot.
À partir de là, il est plus raisonnable de dire "suivre l’arête au plus facile et logique dans l’optique d’aller vite en s’économisant." Mais en détaillant un peu :
Monter à la Pointe Inférieure de Tricot par des pentes pierreuses. Poursuivre vers la Pointe Centrale puis la Supérieure en restant le plus sur l’arête. Quelques pas grimpants ludiques (II ou III en fonction de son sens de l’itinéraire).
Après la Pointe Supérieure, passer une brèche pour gravir 2 gendarmes (III, délité).
On atteint alors une brèche sous l’Aiguille de Tricot, sorte de grande soeur de la Pointe Inférieure. Suivre grosso-modo les pentes et crêtes qui s’enchaînent jusqu’au sommet de l’Aiguille de Bionnassay (pentes parfois glacées, 45° max).

On trouve régulièrement des emplacements de bivouac sur l’arête.

Descente

Depuis le sommet s’engager dans les pentes au Sud pour rejoindre l’arête Sud.
Suivre celle-ci tout du long jusqu’au col de Miage (désescalade en II et rappels en place, max 25 m) où on trouve le refuge Durier.
Au col, descendre dans les pentes Nord-Ouest en restant sur un éperon au centre du couloir/face du col (balisage rouge) pour prendre pied sur le glacier de Miage français.
Se diriger ensuite de niveau vers les dalles sous l’Aiguille de Tricot. Une sente et balisage rouge mènent au refuge de Plan Glacier.
Suivre ensuite le sentier balcon menant au col de Tricot et retrouver l’itinéraire de montée.

Sortie

Pour mon premier 4000 je voulais soit un sommet esthétique, soit un itinéraire un peu sauvage et peu parcouru. Et en autonomie complète.
L’Aiguille de Bionnassay par son arête de Tricot réunit tous ces critères, et chaque compte-rendu lu me faisait saliver d’envie.

Premier jour, jusqu’à la Pointe Centrale de Tricot :
C’est plutôt de la randonnée, avec quelques pas de grimpe facile, la neige participant à l’ambiance haute-montagne.
Les sacs sont chargés, le matos déborde de partout et pourtant il n’y a que de l’utile. J’aurais juste pu m’économiser le poids d’un friend et d’une sangle, mais je regrette de ne pas avoir emporté mes bâtons et davantage d’eau (2 L semblent le bon compromis).
À la Pointe Inférieure de Tricot j’étais déjà cuit, montée trop rapide pour moi ce jour-là. De toute façon ce week-end je suis crevé. Il faut savoir rester stoïque.
Heureusement que ça grimpouille un peu après pour casser le rythme.
Je voulais dormir le plus haut possible, tomber les difficultés rocheuses et une bonne partie du dénivelé de jour, mais le timing, les rafales de vent et une confortable terrasse ont choisi pour nous. Ce sera à la Pointe Centrale qu’on dormira.

Nuit :
Pas si pire finalement. Après avoir creusé des fosses et des remparts pour nos duvets contre ce vent incessant (et ça réchauffe bien quand on n’a que la panne du piolet), la nuit est déjà là. Malgré les efforts de la journée je n’ai pas très faim, mais quelle soif  ! Parti le plus léger possible, j’ai fait l’impasse sur l’eau en n’en prenant qu’un litre et demi. Ce sera une erreur sur la durée.
Repas frugal mais énergétique, gourdes remplies (merci la neige), il est temps de dormir et tester le duvet d’hiver acheté le matin même. Avec l’ajout d’un sac de survie pour contrer l’effet du vent, j’ai eu plutôt chaud malgré des températures ressenties proches de -15°C.

Deuxième jour :
Nuit suffisamment longue pour être suffisamment reposante, le réveil est quand même long (1h).
La traversée de la Pointe Supérieure de Tricot et ses gendarmes demande d’être vigilant, de nuit on a j’ai eu vite fait de choisir les passages les moins efficaces histoire de perdre du temps.
Toujours fatigué, mon rythme est lent, et la neige nous oblige parfois à brasser un peu. Progressivement on se rend compte et accepte que le Mont-Blanc ce ne sera pas pour cette fois.
En ajoutant le temps maussade et les bourrasques qui nous déséquilibrent, au sommet on décide également de faire l’impasse sur l’arête effilée qui mène au Dôme du Goûter. Un coup à se casser la gueule sur un manque de chance provoqué. Ce sera donc par Durier qu’on descendra.
Le soleil revient par éclaircies, ce qui nous dynamise un peu, mais le Mont-Blanc reste toujours dans son nuage et la montagne toujours caressée par Éole.
Je n’avais pas potassé le topo de la voie normale, mais déjà lu il y a quelques temps je me souvenais d’une mention relative à un rappel. 15 mètres de mémoire, et naturellement la mémoire est faillible.
Arrivé sur les ressauts rocheux, je commence la désescalade, snobant un magnifique relais chaîné. Je me dis que le rappel passé, la suite devrait dérouler rapidement.
Mais il y a d’autres ressauts, et finalement je bute sur l’un d’eux. On se décide alors à tirer un rappel (bonne intuition que d’avoir pris un brin de 60 encordé à double), et on n’y a pas perdu en temps. Du coup en 2 rappels on retrouve une arête neigeuse, la suite n’est plus qu’une longue descente dans de la neige transformée, pour arriver sur le glacier de Miage à la nuit tombante.
Quelques questionnements sur l’itinéraire à suivre vite balayés quand on a vu le balisage rosé se poursuivre dans les dalles surplombant le glacier. Il ne reste maintenant plus qu’à faire taire la fatigue et les douleurs aux genoux (pas de bâtons, l’autre grosse erreur) jusqu’au parking, loin, bas.

Arrivé éreinté, déçu sur le moment par la météo, déçus par l’horaire explosé (je ne suis clairement pas assez affûté physiquement) ne souhaitant qu’un bon bain relaxant, une citronnade et une longue nuit. Dommage qu’il faille se lever tôt pour travailler le lendemain.

Bilan :
Après une journée, les douleurs et souvenirs déçus s’estompent, ne restent que les bons et le bilan.
Paysage grandiose, itinéraire ludique et varié. À refaire et à conseiller.
Personnellement manque de forme certes, mais mental et résistance présents. Ces bourrasques de vent qui nous ont pourri l’ascension ainsi que ma misère physique vont finalement renforcer ma satisfaction d’avoir réussi cet itinéraire. Maintenant il s’agit de ne pas se ramollir, il y a encore d’autres itinéraires à parcourir.

Merci à Adrien d’avoir partagé cette "aventure".

. Randonnée réalisée le 13 octobre 2019

. Crédits : Beaucoup de photos de mon coéquipier du jour.

. Dernière modification : 6 septembre 2022 (Avertissements et Droits d'auteur)

Réagissez !

  • Hello, superbe itinéraire, bravo. Récit et photos top ! A+. Patrick

    Le 28 août 2022 à 20h11
  • Merci

    Le 28 août 2022 à 22h02
  • Bravo ! magnifique et quel bel arête rocheuse puis neigeuse...il ne faut pas être somnambule pour passer la nuit sur un arête pareil.

    Le 3 septembre 2022 à 17h33
Chargement en cours Chargement en cours...
Veuillez patienter ...
Nouveau commentaire

Vous avez fait cette rando récemment ? Prenez votre plus belle plume pour écrire un petit mot sympathique à l'auteur ! Par exemple, avez-vous apprécié cette rando ? Avez-vous relevé des changements par rapport à l'itinéraire décrit ? Un témoignage récent est toujours intéressant pour nos lecteurs. 😊


Nous vous conseillons de vous connecter !

Nous posons cette question pour lutter contre le spam.

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

En postant votre message, vous acceptez la charte d'utilisation des commentaires.

Dernières sorties

Retrouvez les récits et photos de randonneurs ayant déjà parcouru cet itinéraire.

Aucune sortie pour le moment. Soyez le premier à en épingler une !

Ces randos pourraient vous intéresser :

Col de Tricot (2120m) par le Crozat