La Pyramide (2839m), traversée des Rochères, arête nord-est

Vizille - Séchilienne - l’Alpe du Grand Serre, prendre la route du Poursollet jusqu’à son terminus, et se garer sur le petit parking qui s’y trouve, sinon au mieux le long de la route (bondé les weekends d’été).

Départ envisageable versant Bourg d’Oisans depuis Ornon ou Oulles.

Ce parcours s’adresse aux randonneurs expérimentés et habitués aux terrains d’aventure. Au-dessus du plateau des lacs, l’ascension se déroule hors-sentier, sans balisage visible, bien que parfois de petites sentes facilitent le parcours. La navigation dans la face nord des Rochères n’est pas trop difficile, mais nécessite quand même un peu de sens de l’itinéraire pour ne pas se fourvoyer dans des dévers trop raides ou des passages délicats.

Techniquement, les nombreux petits passages à grimper sont toujours faciles et en général peu exposés, les mains sont à peine utiles. L’arête séparant les Rochères de la Pyramide est parfois aérienne et demande un peu plus d’attention, mais les passages les plus délicats sont contournables.

Ascension

Depuis le Poursollet, monter le sentier classique du lac Fourchu, et poursuivre en direction du lac de l’Agneau. On pourra également faire la tournée des lacs Culasson juste pour le plaisir. Se diriger enfin vers l’est au lac de la Vèche.

Quitter le sentier pour contourner la lac par le sud. Partir dans une longue traversée vers l’est pour rejoindre le bas d’une combe descendant de la montagne. Remonter cette combe. Ne pas suivre son infléchissement à droite, mais monter tout droit vers une vire couverte de vernes qu’on traverse vers la gauche par une petite sente pour rejoindre le lit d’un torrent.

Juste avant d’atteindre le lit, remonter un petit couloir humide qui se prolonge en une courte vire encombrée de quelques vernes (franchissement pénible d’un fouillis de branches) et qui par quelques dalles débouche dans un petit creux. Sortir de ce creux par un couloir herbeux évident, bien raide sur le haut.

On débouche sur un grand plan incliné au-dessus duquel se trouve la suite de l’itinéraire. Alternativement, on pourra atteindre ce lieu en montant, à l’est des lacs Culasson, une grande croupe défendue par un ressaut qui se franchit par un couloir évident, puis en traversant horizontalement vers l’est une grande vire de caillasses un peu pénible.

Monter au-dessus du plan incliné sur une petite croupe de caillasses bordant un petit lit de torrent, puis poursuivre la montée au mieux sur le terrain qui y fait suite, en s’aidant éventuellement de petites sentes. On monte ainsi à vue en diagonale vers l’est. Il faudra observer et chercher un peu les meilleurs passages, mais le parcours doit toujours rester facile, peu exposé et quasiment "sans les mains". En général, on cherchera à contourner les zones difficiles par le haut.

Dès que possible, repérer une petite rampe de caillasses rousses, indiquant le seul passage commode pour déboucher sur la crête. Celui-ci est défendu par le lit d’un torrent de roches jaunes qu’il faudra franchir au bon endroit (trop haut le lit n’est pas franchissable et trop bas les pentes sont trop raides).

On aboutit sur une large épaule de la crête nord-est vers 2500m où la vue sur l’Oisans se dévoile. Poursuivre la montée de la crête. La partie rocheuse est défendue par un petit ressaut qui se contourne par la gauche. Grimper ensuite la crête sur le fil, ou en contournant éventuellement de petites difficultés par la droite. Malgré la raideur, le parcours est toujours agréable et facile, les mains sont à peine utile.

On aboutit sur la partie supérieure de la crête, plus large, avec moins de roches et plus de caillasses. Remonter facilement cette partie jusqu’au sommet des Rochères. Vue magistrale sur le plateau des lacs, ainsi que sur l’Oisans.

Poursuivre l’arête vers le sud. La première partie de l’arête est facile, et se franchit sans difficultés en restant sur le fil. Puis le parcours se fait plus étroit et aérien avec quelques courts ressauts à franchir. On finit par buter sur un passage délicat franchissant une petite brèche. On pourra alors préférer descendre dans le raide versant ouest pour rejoindre une légère sente dans la caillasse permettant de contourner ce passage.

La partie finale de l’arête est raide, mais se remonte proche du fil sans grandes difficultés. On débouche enfin sur le large plateau sommital de la Pyramide où, après un petit détour vers le promontoire est (antenne) pour admirer la vue, on ira se reposer sur le beau "salon aménagé" du sommet pour le casse-croûte.

Descente

Partir vers l’ouest dans les grandes pentes de caillasses débonnaires. Quelques cairns indiquent la présence d’une légère sente facilitant la descente, sinon on peu très bien descendre à vue. On visera, au bas de la pente, le creux où se trouve le col de la Pyramide.

Suivre le creux vers le nord. En général, celui-ci est occupé par un névé tardif qui peut être un peu délicat si il est "béton", sinon une légère trace dans la caillasse côté droit de la cuvette peut faciliter la descente. On débouche sur la large combe du versant nord du Taillefer, qu’on traverse vers la gauche en suivant un sentier marqué de cairns.

On finit par rejoindre, côté gauche de la combe, le sentier descendant du col du Grand Van qu’on a plus qu’à suivre. Après le franchissement d’un couloir raide (petit pas à désescalader, très délicat en cas de névé, attention à la glace de ruissellement en fin d’automne), on aboutit sur les pentes verdoyantes dominant le lac Fourchu où, après un détour facultatif pour visiter les lacs Culasson, on rattrape le sentier descendant au Poursollet.

Détail de la sortie du 17 juillet 2022

Cette pyramide des Rochères, ce magnifique triangle minéral servant d’avant-poste au sommet qui lui est effectivement nommé la Pyramide... Une petite envie de monter là-haut ?

Mais voilà, il semblerait que ce sommet ne soit pas vraiment parcouru. Impossible de mettre la main sur le moindre topo là-dessus, si ce n’est quelques topos ski de pente raide... Donc, si c’est possible d’y monter, il faudra trouver comment tout seul... C’est donc à coup des photos prises lors de sorties précédentes qu’on va élaborer cet itinéraire. D’ailleurs, la carte IGN n’est d’aucune utilité ici, représentant le versant nord des Rochères comme une grande pente uniforme, alors que le plateau des lacs juste à côté est représenté comme un dédale de rochers... Ainsi, après une demi-année à étudier la question (le temps que l’hiver passe et que la face nord retrouve le soleil), il est enfin temps de se lancer...

Il est 13h30 lorsqu’on part du Poursollet, la foule dominicale de l’été ayant obligé à se garer beaucoup plus haut sur la route. Montée classique vers le lac Foruchu sous la cagnard de la mi-journée, d’où on enchaînera avec la tournée des lacs Culasson et du lac de l’Agneau. Pas vraiment le temps de faire du tourisme, mais la beauté rafraîchissante de ces lacs pousse au détour...

On quitte enfin les parcours connus au lac de la Vèche, il est temps pour l’aventure. C’est parti pour la première combe et surtout le premier couloir permettant d’en sortir par le haut, première inconnue de la journée. Finalement, après s’être un peu débattu dans les vernes, on s’en sort bien. On s’évitera ainsi le "plan B" par la grande vire de caillasses plus à l’ouest...

Puis la montée dans la face... "Monter en diagonale vers la gauche" est à peu près la seule info disponible, on se lance... Mais finalement, on n’a guère le choix : plus bas c’est trop raide, plus haut ça ne semble mener nulle part... Finalement, au niveau d’un lit de torrent de rochers jaunes, on est bien soulagé de voir qu’on aboutit pile-poil au seul passage qui semble raisonnable pour rejoindre l’arête nord-est.

Bon, maintenant l’arête. Petit doute au niveau de ce ressaut qui défend la suite au-dessus de l’épaule, mais finalement une rampe providentielle permet de le contourner par la gauche. Au-dessus, ça grimpe raide, mais ce n’est jamais difficile, le rocher bien prisu est agréable et c’est ludique... Puis l’arête s’élargit et se couche, la montée se poursuit dans la caillasse où on ne manquera pas d’apercevoir quelques beaux cristaux de quartz... Et enfin, voici le sommet, le panorama s’étale sur le plateau des lacs et sur l’Oisans, bien joli malgré la brume du jour... Il est temps pour une bonne pause.

17h, l’aventure n’est pas finie. Il reste encore cette arête rocheuse à parcourir pour rejoindre la Pyramide. De là ça a l’air praticable, mais on est toujours à la merci d’une brèche scabreuse et incontournable qui obligerait à redescendre par l’itinéraire de montée... De visu, seule certitude pour l’instant, ne pas compter sur le versant est pour un éventuel contournement.

C’est parti. Au début c’est facile, on marche tranquillement sur les blocs du fil. Puis ça se corse progressivement, avec quelques bosses à franchir où il faudra sortir les mains dans une ambiance de plus en plus aérienne... Et puis, finalement, la brèche redoutée, parcourue par un fil un peu trop engagé... Heureusement, un peu plus bas versant ouest, une petite vire de caillasses parcourue d’une sente se fait voir. Il n’y a qu’à descendre pour la rejoindre...

Retour sur le fil pour la dernière montée, raide mais ou les prises forment un escalier ludique. Et voilà, on débouche sur le grand plateau de caillasses sommital, peut-être maintenant un peu trop plat en regard du parcours du jour... Mais ce n’est pas grave, la vue est magnifique, on se pose pour le casse-croûte...

18h30, il est temps de commencer la descente. Cette fois, on est en terrain connu, et il n’y a qu’à se laisser descendre dans les champs de caillasses... Retour au col de la Pyramide, maintenant à l’ombre, où le célèbre névé tardif qui occupe sa descente fait vraiment triste mine, malgré un été pas si avancé que ça... Bon, on en sera quitte pour les dévers de caillasses...

On retrouve la sente qui traverse la combe, puis le sentier des Grands Vans... Descente classique vers le lac Fourchu où on retrouve le soleil vespéral illuminant les prairies... Après une dernière pause pour profiter de l’air frais avant de replonger dans la canicule, on poursuit la descente vers le Poursollet face au couchant... Fin de la balade vers 21h30.