Trek au Ladakh, de Rumtse au Tso Moriri

Difficulté :
Difficile
Dénivelé :
3000m
Durée :
3 jours et plus

Un trek grandiose sur une terre de contraste dans l'une des plus hautes régions du monde, où la culture tibétaine et la foi bouddhiste sont encore pratiquées avec ferveur au milieu de cette véritable poudrière qu'est le Nord-Ouest himalayen. – Auteur :

Accès

Rumtse est situé à environ 80km de Leh sur la route de Manali. Il est possible de s’y rendre par bus mais c’est assez compliqué. Le plus simple est de louer un véhicule tout terrain avec chauffeur, ou d’avoir recours au service d’une agence de trekking à Leh.
Attention, aucun bus ne dessert Korzong situé sur les berges du Tso Moriri. Pour le retour en cas d’autonomie, il est indispensable de louer un véhicule tout terrain avec chauffeur.

Précisions sur la difficulté

  • Le tracé du trek en lui même est relativement simple. La difficulté est due uniquement à la combinaison de l’altitude constante et des nuits glaciales.
  • Le parcours est divisé en huit étapes avec pas moins de six cols à plus de cinq milles mètres à franchir. Bien qu’ils ne comportent aucune difficulté technique, l’altitude les rend difficile.
  • En raison de l’altitude, les étapes sont courtes et les dénivelés modérés. Environ 5h de marche par jour et 650m de dénivelé.
  • Une bonne acclimatation au préalable est indispensable avant de réaliser ce trek.
  • Trek très sauvage avec nuit sous tente obligatoire car pas d’hébergement en dur le long du parcours, ni aucun ravitaillement possible.
  • Il est possible de réaliser ce trek via une des nombreuses agences à Leh mais celui-ci est également réalisable en autonomie, la logistique est alors beaucoup plus compliqué.

Les infos essentielles

  • Carte : Olizane, Ladakh-Zanskar 1:150000
  • Altitude minimale : environ 4000 m
  • Altitude maximale : environ 5450 m
  • Distance : 100 km selon le tracé GPX et 120 km selon la carte et le topo.
  • Balisage : aucun balisage.
  • Permis : pour accéder à cette région des hauts plateaux du Changtang, il est indispensable de se procurer un permis. Celui-ci est généralement délivré sous 48h par les agences de Leh.
  • Saison : contrairement au Népal, le Ladakh est protégé de la mousson par la chaine himalayenne et se visite donc généralement en juillet-août. Même s’il est également possible de s’y rendre en hiver, le froid est extrême et de nombreux axes routiers et cols sont alors bloqués par la neige.
Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

Présentation du trek :

Le Ladakh est une région de hautes montagnes multicolores et arides car protégées de la mousson par la chaine himalayenne, située aux confins de l’Inde, du Pakistan et de la Chine.
C’est une terre de culture tibétaine ornée de grands lacs et de nombreux monastères. Avoir la chance d’assister à la psalmodie des moines lors d’une puja au rythme des tambours et des trompettes, et ressentir les vibrations qu’émettent ceux-ci jusque dans la cage thoracique fait indéniablement partie des moments forts d’un tel voyage.

Le trek se déroule sur les hauts plateaux du Changtang partagés entre l’Inde et la Chine, à une altitude moyenne de 4500m. Ces vastes étendues balayées par des vents glaciales sont encore habitées aujourd’hui par les nomades Changpas, qui subsistent tant bien que mal grâce à l’élevage de Yacks et de chèvres Pashmina. C’est de cette dernière qu’est prélever le précieux sous-poil qui se revendra au prix fort sur les marchés internationaux sous le nom de cachemire.

Les paysages parcourus tout le long du parcours sont désertiques, avec une palette de couleurs exceptionnelle rappelant un peu le Mustang au Népal. La faune y est malgré tout très présente, avec de nombreux oiseaux, marmottes et les Kiangs qui sont des ânes sauvages. Beaucoup plus rares et difficiles à apercevoir, le loup et la panthère des neiges arpentent également ces contrées sauvages.

Deux grands lacs agrémentent cet itinéraire, le premier, le Tso Kar dont les berges sont marécageuses et recouvertes d’une épaisse couche de sel est un peu austère mais d’une sauvagerie impressionnante.
Le second, le Tso Moriri est idyllique avec ses eaux turquoises dominées par des sommets enneigés à plus de 6000m. Après des jours de marches dans un environnement rude, la vision sur celui-ci du col Yalung Niau à 5450m semble irréel tant sa couleur exceptionnelle contraste dans cet univers exclusivement minéral.

Le trek en détails :

Ayant réalisé ce trek il y a maintenant pas mal d’années et n’étant pas certains de mes souvenirs concernant les étapes, j’ai receuilli mes informations dans un ouvrage incontournable pour qui envisage un trek dans cette région : Grands treks au Ladakh-Zanskar d’Élodie et Rambert Jamen.

Étape 1 : de Rumtse (4000m) à Chorten Sumdo (4450m)
Environ 4 h de marche et 450m de dénivelé +

Étape 2 : de Chorten Sumdo (4450m) à Stazurna (4700m), en passant par le Kumur La (5000m)
Environ 5 h de marche et 650m de dénivelé + et 400m de dénivelé -

Étape 3 : de Stazurna (4700m) à Nabukha (4800m), en passant par le Shingbuk La (5100m)
Environ 5 h de marche et 400m de dénivelé + et 300m de dénivelé -

Étape 4 : de Nabukha (4800m) à Thukje (4650m)
Environ 4 h de marche et 100m de dénivelé + et 250m de dénivelé -

Étape 5 : de Thukje (4650m) à Nuruchan (4650m)
Environ 5 h de marche et 50m de dénivelé + et 50m de dénivelé -

Étape 6 : de Nuruchan (4650m) à Rajun Karu (4900m) en passant par le Horam Kongka La (4900m)
Environ 5 h de marche et 400m de dénivelé + et 150m de dénivelé -

Étape 7 : de Rajun Karu (4900m) à Gyama Barma (5000m) en passant par le Kyamayuri La (5300m)
Environ 5 h de marche et 400m de dénivelé + et 300m de dénivelé -

Étape 8 : de Gyama Barma (5000m) à Korzong (4600m) en passant par le Kontze La (5200m) et le Yalung Niau La (5450m)
Environ 8 h de marche et 700m de dénivelé + et 1100m de dénivelé -

Notre voyage et le trek en brefs :

Août 2008, notre premier voyage en Himalaya ! Pas de grandes courses glaciaires au programme mais juste une fervente envie de découvrir le Ladakh et ses hautes terres de culture Bouddhique et ses montagnes si particulières.

Tout comme à la Paz l’atterrissage à Leh est un peu rude pour l’organisme, et quelques jours d’acclimatation s’imposent avant de monter un peu plus haut en altitude. Ça tombe bien car la vallée de l’Indus regorge de joyaux archéologiques dont certains monastères sont de véritables perles accrochées à flan de paroi.

Seul ombre au tableau, la proximité de la NO Delimited Area entre l’Inde, la Chine et le Pakistan. De ce fait, la région est très militarisée et il faut s’accommoder des nombreux checkpoint sur les routes ainsi que des permis requis nécessaires à la visite de certaines vallées et zones un peu trop frontalières des géants voisins.

Nous débutons notre séjour par la découverte de Leh et de son marché où les étales regorgent d’abricots secs, et poursuivons par la visite du fort et du grand palais dominants la ville.

Les jours suivants sont consacrés à la visite des somptueux monastères d’Hemis et de Tiksey, dont la ressemblance du second avec le Potala est frappante.

Nous faisons ensuite du stop pour nous rendre au monastère d’Alchi, un camion nous permet de monter dans sa benne. Hélas quelques kilomètres avant d’arriver, celui-ci glisse et bascule sur la route en épingle en contre-bas. L’espace d’un instant je nous ai vu plonger dans les flots tumultueux de l’Indus... Une année auparavant un incident similaire nous était déjà arrivé en Bolivie, les transports dans les pays en voie de développement sont décidément très dangereux...

Le lendemain alors que nous pensions poursuivre notre périple vers Lamayuru, de violents orages durant la nuit provoquèrent d’importants glissements de terrain sur la route d’accès... Changement de programme et retour à Leh.

Nous y rencontrons un couple de suisses et partons ensemble pour le Pangong Tso, qui est un immense lac turquoise de 134km de long perché à 4250m à la frontière tibétaine. Pour y accéder il faut emprunter la piste franchissant le Chang La à près de 5400m. Peu avant d’arriver au col nous restons bloquer de longues heures derrière un camion en panne, les moteurs manquent eux aussi d’oxygène...

L’étape suivante est la vallée de la Nubra via le Kardung La à 5600m qui a la réputation d’être le plus haut col routier du monde, à vérifier étant donné que chaques pays himalayen et Andin ont leur propre col carrossable le plus haut du monde... Le panorama sur le Karakoram est censé y être fabuleux, mais la très forte mousson dans le Golf du Bengale de cette année 2008 a franchi la barrière himalayenne et les sommets sont restés dissimulés dans les nuages.

À cette époque la Nubra venait de s’ouvrir au tourisme depuis seulement quelques années. Elle était auparavant totalement verrouillée car directement issu du Glacier de Siachen que revendiquent encore aujourd’hui vigoureusement l’Inde et le Pakistan. Ce conflit armé permanent à près de six milles mètres d’altitude continue à faire de nombreux morts depuis quarante ans.

Après la Nubra nous partons pour la vallée de la Shyok qui plus en aval devient un des grands fleuves pakistanais, dont Skardu point de départ du célèbre trek du Baltoro a été bâti sur ses rives. Nous en sommes très proches mais inutile d’espérer poursuivre plus loin, ce point de passage vers le pays voisin est un NO man’s land entièrement contrôlé par l’armée.

Quitter cette vallée fût compliqué, la seule porte de sortie étant le Khardung La qui demeura infranchissable durant plusieurs jours en raison d’une météo exécrable.

La route ayant été réhabilitée, nous repartons pour Lamayuru qui est un village situé dans un cirque de montagnes multicolores et à l’érosion surprenante. Son monastère millénaire bâti sur un éperon rocheux dominant le village est un des joyaux du Ladakh, le tout formant un ensemble d’une parfaite harmonie dans le paysage environnant.

La visite de ce monastère avec ses poutres et son parquet patinés par le temps est incontournable lors d’un voyage dans la vallée de l’Indus.

Au lever du jour, nous avons la chance d’assister à une puja célébrée par des dizaines de moines. Les sensations ressenties à l’écoute de ces psalmodies ainsi que les vibrations émises par les tambours et les trompettes dans cette somptueuse salle de prières sont indescriptibles. Depuis, nous avons eu d’autres occasions d’assister à des pujas, mais jamais d’une telle intensité.

Cela fait maintenant trois semaines que nous sommes au Ladakh, nous retrouvons nos amis suisses à Rumtse pour réaliser un trek de huit jours dans le Changtang. Ce parcours constamment en altitude traverse des montagnes d’une grande sauvagerie à l’extrême aridité et à la beauté envoutante.

Au fil des jours nous progressons de col en col dans un décor de steppes habité par des chevaux sauvages au milieu de sommets multicolores. Hormis le souffle court et les nuits glaciales, il est difficile d’imaginer que nous évoluons en permanence aux alentours de 5000m.

À l’approche du Tso Kar nous passons à proximité du camp d’hiver des nomades, mais ceux-ci ne l’occupent pas à cette époque de l’année.

Puis nous apercevons enfin dans le lointain les tentes disséminées des Changpas, des troupeaux de yacks et de chèvres Pashmina s’abreuvent au bord de la rivière.

Nous montons notre camp à quelques encablures du leur, et terminons l’après-midi à regarder aller et venir les troupeaux lorsque deux vieilles dames viennent vers nous. L’une d’elle a l’œil rouge et très gonflé. Au bout d’un certain temps d’une discussion uniquement gestuelle, nous comprenons qu’elles désirent des médicaments. Hormis du doliprane nous n’avons aucune autre pharmacie... Nous leur donnons la boite avant qu’elles ne repartent toutes les deux.

Peu de temps après, un jeune homme revient vers nous et nous invite à le suivre à l’intérieur d’une tente. Un poêle alimenté par des bouses de yacks séchées procure une douce chaleur et le sol est recouvert par un épais tapis en feutre. Une dame nous fait comprendre de nous assoir avant de nous servir un thé salé au beurre, ce n’est pas mauvais mais un peu surprenant...

Le jeune homme nous tend ensuite un bol de fromage blanc au lait de yack, et la dame qui vient tout juste d’attraper des bouses à pleine main afin d’alimenter le feu s’empresse d’y rajouter de la tsampa... n’osant pas refuser je me force à gouter et trouve ça délicieux !

Nous apprécions énormément ce moment auquel nous n’avions même pas osé rêver, mais notre culture et nos modes de vie son tellement différents que les nomades, comme nous, sommes mal à l’aise. De plus, hormis quelques djule, la communication est très difficile... Le regard tellement triste du jeune homme et l’accueil si chaleureux de cette famille sont des souvenirs qui resteront gravés en moi pour toujours.

Deux jours plus tard, nous franchissons le dernier col de notre périple, le Yalung Niau à 5450m. Après des jours de marche dans un paysage presque lunaire, le bleu du Tso Moriri situé mille mètres plus bas est d’une beauté à couper le souffle.

L’arrivée au village de Korzong sur les berges du lac clôture en beauté ce superbe trek.

. Randonnée réalisée le 12 août 2008

. Dernière modification : 13 octobre 2022 (Avertissements et Droits d'auteur)

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Afficher les commentaires précédents (3).
  • Superbe !!! Un grand MERCI pour ce partage qui nous permet un merveilleux voyage ’virtuel’. Que de forts souvenirs pour vous certainement !

    Le 14 octobre 2022 à 14h48
  • merci de ce magnifique partage

    Le 15 octobre 2022 à 12h02
  • Hello, merci à vous deux pour ces retours !
    Effectivement Jean Marc ce voyage et ces rencontres nous ont laissé des souvenirs impérissables !
    A+

    Le 16 octobre 2022 à 10h16
  • Salut Sylvain. Celui-là je l’ai manqué au passage. J’y ai retrouvé l’ambiance de mes souvenirs indiens.
    Poignante ta photo 169. Par contre j’ai relevé la photo 146 :
    https://www.altituderando.com/IMG/jpg/d/d/4/p1010283_1_.jpg

    il s’agit d’un des mantras les plus connus, le fameux Om mani padme hum (en tibétain), traduit par plein de personnes sans qu’il y ait de consensus net. Phonétique approximative. Quant à la prononciation :
    https://www.youtube.com/watch?v=pvhl-07qw-g
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Om_Mani_Peme_Hung.vorb.oga

    C’est le mantra de six syllabes : de gauche à droite om (générosité), ma (éthique), ni (tolérance), pad (persévérance), mé (concentration), hum (discernement).

    http://centreguephel.org/images/OmManiPadmeHum2.gif

    C’est très simple :
    " Ainsi, les six syllabes OM MANI PÉMÉ HOUNG signifient qu’en fonction de la pratique d’une voie, qui est l’union indivisible d’une méthode et d’une sagesse, vous pouvez transformer votre corps, votre parole et votre esprit impurs en corps, parole et esprit purs et glorieux d’un Bouddha. II est dit qu’il ne faut pas chercher la bouddhéité hors de soi ; les matériaux pour y parvenir se trouvent à l’intérieur. Maitreya l’a dit dans son « Sublime continuum du Grand Véhicule » (Uttaratantra), tous les êtres ont naturellement la nature de Bouddha dans leur propre continuum. Nous avons en nous-mêmes le germe de la pureté, l’essence de Celui Qui S’en Est Ainsi Allé (Tathâgatagarbha), qui doit être transformé et pleinement développé en bouddhéité. »", d’après le XIVe Dalaï Lama Tenzin Gyatso.

    Tu as tout compris ? Alors te voilà transformé, comme Tintin dans le "Lotus bleu" : "il faut trouver la voie ! ".

    En plus léger : à faire et ne pas faire.
    https://blogmaharajahdriver.wordpress.com/2020/01/31/13-codes-a-maitriser-en-inde/

    Le 19 octobre 2022 à 23h26
  • Salut Hereme, bien content de t’avoir rappeler de bons souvenirs !
    Merci pour toutes ces précisions très intéressantes !
    Par contre je ne suis pas sur que la meilleur manière de trouver la voie soit celle du Lotus bleu... haha !
    A+

    Le 20 octobre 2022 à 12h48
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