Sortie du 19 juillet 2020 par gegers Pic de la Buffe d’en Haut (2933m), par le Chazelet

Crête intégralement parcourue à sec.

C’est un de ces jours parfaits. Un de ces jours où, alors que le petit matin frappe à la porte et fait flamboyer les sommets alentours, on se sent au bon endroit, au bon moment. Un pas, un deuxième, et la machine se met en route naturellement. Finalement, comme un réflexe. Pour rejoindre la longue crête menant aux Pics de la Buffe d’en Haut, il faut tout d’abord en passer par un bon coup de cul au-dessus des hameaux des Rivets. Mais cette crête est là, splendide, solitaire, offerte à votre cheminement ébahi face à tant d’esthétisme.

Jusqu’au pied de la Petite Buffe, rien que de très débonnaire. On se retourne régulièrement pour s’ébahir une nouvelle fois face à la Meije et au Rateau, Il fait bon, un petit vent d’ouest vient fouetter les mollets et nous préserver des cumulus qui ne se formeront que modestement à la mi-journée au-dessus du Pic du Mas de la Grave. Derrière lui, le secteur du Pic de l’Etendard, bien enneigé, apporte aux lieux une petite touche de blancheur supplémentaire.

On attaque l’ascension de la Petite Buffe comme on attaque le rangement d’un bureau négligé depuis plusieurs années. On navigue un peu sans trop savoir où aller, on se complique le chemin alors que, 10 mètres à gauche ou à droite, un passage semble plus aisé. Mais finalement, après s’être débattu dans ces blocs patibulaires et cette raide pente, on finit par entrer dans un univers d’une minéralité lunaire et attirante. La suite de la crête, jusqu’au pic sud de la Buffe d’en Haut, est un véritable plaisir. A mesure que l’on progresse vers le sommet convoité, la vue s’ouvre, sur l’Aiguille du Goléon, les Aiguilles de la Saussaz et les époustouflantes Aiguilles d’Arves.

Un dernier effort, pour gravir les pentes prononcées menant au pic nord, et la récompense est là, à 360 degrés. Du premier au dernier plan, du plateau d’Emparis au Mont Blanc, tout y passe, et le besoin de contempler longuement les paysages offerts devient impérieux. Lorsqu’il faut se résoudre à entreprendre le cheminement du retour, c’est alors un déchirement.

C’est la volonté de prolonger le plaisir par une boucle qui me jouera des tours. Je rejoins tout d’abord, en désescaladant un pierrier plutôt commode, le Col de Martignare, avec pour objectif d’atteindre le Signal de la Grave. Mauvaise idée, car descendant à vue en direction du Clos Bonnefin, je me retrouve à cheminer à travers des ravines fortement creusée, et relativement dangereuses à emprunter. Je cherche un meilleur chemin, mais les vagues traces ne mènent qu’à de nouvelles ravines qui ne m’inspirent pas plus confiance. Etant encore assez haut en altitude, je préfère alors remonter au Col de Martignare et jusqu’à la crête pour entreprendre en sens inverse le chemin emprunté à la montée. De là haut, je verrai, en regardant sous le Col de Martignare, quelques possibilités d’itinéraires qui ne m’avaient pas paru certains sur le terrain. Tant pis, la journée est belle et le plaisir de parcourir ces lieux solitaires reste intact. Une sortie panoramique, parfois un peu laborieuse mais sans aucune difficulté technique, à conseiller à tous les randonneurs entraînés.