Sortie du 20 août 2021 par Forêts-myrtilles-et-caillasse Le Jas des Lièvres (2325m), par le versant sud-ouest

La deuxième tentative sera la bonne ! Aujourd’hui nul patou, nulles nuées importunes pour décourager le pèlerin. Un grand calme auréolé de ciel bleu ceint la montagne.

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Récit de la sortie

Je pars de Prapoutel un peu avant 9h, déposé par le car n°407 des transports du Grésivaudan pour un euro symbolique, un grand car d’une soixantaine de places où nous ne serons que 5 personnes. Pendant ce temps les parkings sont pleins à craquer et le GIEC tire la sonnette d’alarme. Curieuse nature humaine où la dilution de la responsabilité nous rend aussi vifs d’esprit que la grenouille dans la casserole d’eau qui chauffe, qui chauffe…

Direction dans un premier temps la colonie de vacances du Pré de l’Arc. Alors que je parachève mon petit déj’ à grand renfort de framboises mûres à point, j’entends la vague rumeur d’un chant venant de la colo. Je poursuis mon chemin et le chant se fait plus distinct. C’est une chorale céleste où sopranos, altos et ténors chantent en canon « Alléluia ! », résonnant de plus en plus fort dans les profondeurs de la forêt. J’ai beau être agnostique, ce chant d’une pure beauté me transporte et remplit mon cœur d’allégresse.

Je les quitte un peu à regret, je les aurais bien écoutés un peu plus longtemps mais leur répétition semble terminée et je poursuis sur la longue piste qui mène au Habert d’Aiguebelle.

Je la quitte au bout d’un kilomètre ou deux pour enfin m’engager dans les pentes du large versant sud du Jas des Lièvres que je contemple depuis chez moi depuis fort longtemps sans avoir eu jusque là l’idée ou l’envie de m’y rendre. C’est raide, encombré de genévriers et je suis bien content de ne pas être en short !

À un moment je me demande si je ne me fourvoie pas un peu car à la faveur d’un mouvement de terrain, la pente se redresse encore davantage et je suis presque obligé de m’accrocher aux branches des genévriers (ouille ça pique !) pour faciliter la progression.

Un peu plus haut, je rejoins une vaste combe à peine moins pentue qui mène droit à la crête ouest du Jas et à des pentes un peu plus herbeuses. Pas de tergiversations, je monte droit en agrémentant le parcours par de régulières pauses myrtilles et je finis par tomber avec bonheur sur un sentier de mouton traversant à flanc vers l’est et contournant une épaule un peu plus raidasse.

J’aboutis à un petit thalweg où coule encore un ruisseau et je décide de le remonter tout droit. Ce n’est pas une bonne idée, la caillasse est fine sur les berges et c’est « un pas en avant, deux pas en arrière ». Ce sera un grand plaisir à la descente mais pour l’heure, je rejoins la rive droite et ses genévriers.

Heureusement, je tombe rapidement sur quelques sentes de chamois qui montent sans fioriture dans la pente et je prends enfin pied sur les pentes herbeuses. Un petit effort supplémentaire et me voilà sur la crête à la pente bien plus douce. Le sommet est alors en vue et c’est le nez au vent que je franchis les deux ou trois ressauts qui me sépare de mon objectif.

Quelques dizaines de mètres avant d’arriver, je vois passer au-dessus du sommet, un puis deux, puis trois vautours. Je mets l’accélérateur, je n’ai vu encore aucun animal sauvage aujourd’hui et la splendeur de leur vol m’enchante toujours autant. Je sais aussi qu’il y a de forte chances qu’à défaut de tournoyer au-dessus de moi, ils seront probablement suivis par le reste de la cohorte.

Je me mets à courir dans la pente finale, histoire d’être sûr de ne pas les rater et je fais bien. À peine pris pied sur le replat du sommet, trois autres mastodontes me passent au-dessus à une dizaine de mètres. L’instant est fugace mais j’ai le temps de prendre quelques photos, hélas un peu à contrejour. Je les vois s’éloigner vers le Grand Pic et je peux m’affaler dans l’herbe, complètement satisfait par ce comité d’accueil.

Le sommet en lui-même me surprend. Ce n’est ni une bosse, ni une pointe, ni un plateau mais une légère dépression encombrée d’oseille des Alpes et cernée par un talus mi rocheux mi herbeux. Quelques cairns tout autour marquent les petites proéminences et chacune d’entre elles offre un point de vue différent. Je choisis celui s’ouvrant sur le vallon du Vénétier pour me restaurer un peu.

En contrebas, à une petite centaine de mètres environ, je distingue clairement une sente à moutons s’étirant vers le lac supérieur. La rejoindre ne semble pas trop compliqué en suivant la crête sud-est, formée d’herbes et de petits ressauts rocheux facilement contournables. Mais je n’ai pas trop envie de rejoindre les nombreux promeneurs qui s’étirent sur le ruban du chemin des lacs et je continue à coincer la bulle sur les pelouses très confortables. La prochaine fois que j’irai au Jas des Lièvres, je tenterai de monter par là.

Bercé par l’odeur sucrée de l’alpe et du crissement des criquets, captivé par le mouvement des volutes de brumes remontant les pentes du massif du Ferrouillet, je finis par tomber dans un demi-sommeil bien doux. C’est le piaillement d’un trio de faucons crécerelles qui me tire de mes rêveries et sonne l’heure du départ.

. Randonnée réalisée le 20 août 2021

. Dernière modification : 24 août 2021 (Avertissements et Droits d'auteur)

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Afficher les commentaires précédents (3).
  • Belles photos en gros plan !
    Je partage ton désarroi. Le Giec tire la sonnette d’alarme depuis si longtemps !
    Nos forêts varoises sont parties en fumée. Prémices d’une catastrophe annoncée où il n’est plus temps de jouer les Cassandre.
    "La Terre fait le dos rond en attendant que l’Homme passe."

    Le 24 août 2021 à 14h34
  • Bravo pour des photos qui en jettent !

    Le 24 août 2021 à 23h03
  • Bien plaisant à lire, et que de belles photos !

    Le 24 août 2021 à 23h51
  • Merci à tous les trois pour vos commentaires gratifiants !

    Le 25 août 2021 à 07h48
  • Fan de tes récits et photos comme d’habitude !.

    Le 25 août 2021 à 16h46
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