Sortie du 12 septembre 2022 par gegers Lac des Bèches (2401m), Lac des Rouies (2722m) et Lac des Fétoules (2249m)

Grand beau, chaud.

En Oisans, les tourments s’apaisent, se perdent dans l’écho de l’immensité. Pour avoir trop négligé le secteur cette année, lui préférant de nombreuses incursions en Belledonne, j’en avais fini par oublier combien ses pentes, ses vallées, ses lacs, participent au maintien de la bonne santé mentale de l’être humain en général, et à la mienne en particulier. Bien entendu, tous les massifs ont leurs vertus. Mais il y a ici quelque chose d’à la fois unique et universel qui, j’en suis persuadé, soigne et revigore.

Frustré par la nécessité de redescendre lors de mes précédentes visites dans le Vallon de la Lavey, je décide d’y rester deux jours afin d’arpenter les lieux de manière plus exhaustive. Je démarre dimanche matin, à la fraîche, alors qu’en cette fin septembre le vallon semble paresseux, peu enclin à sortir de l’ombre. L’objectif de cette première journée est le Lac des Bèches, qui m’avait laissé un souvenir ému d’une précédente visite. Je trouve finalement le soleil dans les premières pentes de l’ascension finale, peu après avoir passé le Refuge de la Lavey et rejoins le Lac en milieu de matinée. Ce sympathique lac glaciaire, enchassé sous les impressionnantes aiguilles qui le surplombent, est un petit paradis. J’y passerai le reste de la journée, à déambuler entre les gouilles, monter prendre le pique-nique sur la moraine au plus près de l’ancien glacier du lac, observer les marmottes et bouquiner dans le paisible plan situé en aval du lac. Je descends au Refuge de la Lavey pour le dîner. En ce dimanche soir, nous ne serons que cinq clients dans le refuge. Avoir un dortoir pour soi tout seul : le luxe.

Lundi matin, je démarre avec des fourmis dans les jambes, et remonte jusqu’au fond du vallon, avec pour objectif le Lac des Rouies. Lorsque l’ascension démarre réellement, au niveau du Deuxième Clôt, celle-ci se fait plus complexe et technique que la veille. La montée est laborieuse, ralentie par quelques franchissement rocheux, mais lorsque la vue s’ouvre sur le Lac et la Pointe de la Muande, la Pointe du Vallon, sur les pentes desquels quelques glaciers s’accrochent encore, la récompense est déjà là. Un dernier effort, parmi les roches moutonnées, puis à travers un pierrier qui semble ne pas avoir de fin, et les eaux laiteuses du Lac des Rouies se révèlent. Le lac est encore à moitié à l’ombre, mais l’ambiance est là, à la fois austère et enivrante. Ce que je pense être un aigle royal, tournoyant au-dessus de moi, et quelques cris lointains de marmottes sont les seules preuves de vie dans ce secteur faussement désolé.

La longue descente sera entrecoupée de nombreuses pauses, et peu avant de rejoindre le refuge je bifurque pour monter cette fois-ci en rive droite du vallon pour rejoindre le Lac des Fétoules. Les ambiances sont ici différentes dans ces immenses pentes à travers lesquels le sentier, bien que parfois exposé, serpente astucieusement. Oasis dans cet environnement bien sec, le Lac des Fétoules se fait autant discret que charmant. A partir de là, la descente se fait pénible. Le sentier se perd parfois dans les barres rocheuses, j’arrive au bout de mes 2 litres d’eau, quantité un peu juste pour cette chaude journée, et l’entrée du vallon peine à se rapprocher. Néanmoins, après avoir traversé un ultime alpage, je rejoins le sentier emprunté la veille et retrouve le pont romain juste avant que l’ombre ne l’enveloppe. Un dernier effort pour remonter jusqu’au parking, et ainsi s’achève ces deux journées hors du temps.