Sortie du 4 avril 2022 par Pascal Aiguillette des Houches (2285m) par le Bettey

Beau, plutôt doux avec quand même un petit souffle du nord-ouest frais sur les crêtes, poussant quelques petits bancs stratocumulus au-dessus de 2500m durant l’après-midi, se dissipant en soirée.

Un jour de malchance ? C’est en tout cas sur la route, au vu des gros bancs de stratocumulus accrochant les sommets, que ce serait peut-être une bonne idée de renoncer au sommet préalpin convoité pour ne pas passer la journée dans la purée de pois... On bifurque donc sur la route de Chamonix pour aller tenter un "plan B" dans une région potentiellement plus ensoleillée...

14h au départ du Bettey. L’Aiguillette des Houches devrait bien se parcourir dans ces conditions. En tout cas, ici le soleil est bien là. Et en cette saison, il est suffisamment haut pour éclairer les magnifiques glaciers du Mont Blanc fraîchement repeints en blanc.

Longue montée en direction des chalets de Chailloux. Il fait plutôt chaud. Heureusement, il reste encore suffisamment de neige fraîche sur les arbres pour offrir cette belle ambiance hivernale, cependant celle-ci fond et tombe sur le chemin, parfois sur la tête, en masses plus ou moins grosses...

On chausse les raquettes juste après les chalets. Seuls quelques skieurs ont fait une trace en direction de l’Aiguillette. La neige fraîche est alourdie par la chaleur, heureusement celle-ci n’est pas trop épaisse, ce qui sera appréciable surtout sur le dernier raidillon pour accéder à l’Aiguillette.

16h30, l’Aiguillette des Houches. Changement radical de décor, face à l’immensité blanche des étendues de neige. Les nuages vont et viennent, créant des jeux de lumières sur les dunes recouvrant le plateau de Carlaveyron. Et en face, les aiguilles du massif du Mont Blanc resplendissent entre les bancs nuageux...

Une seule trace est visible, apparemment d’un groupe de skieurs descendus du Brévent pour traverser le plateau. Par contre, la ligne de crête provenant de la Pointe de Lapaz est encore vierge... On aura la joie de l’"inaugurer".

Mais avant de parcourir cette arête, on ne résistera pas à la tentation d’aller suivre la trace à travers le plateau et ses dunes. Le paysage décoré de nuages est presque onirique. La silhouette de l’Aiguille Verte transperçant en face son liseré de nuages semble sorti d’un décor de cinéma... C’est parti pour une merveilleuse balade contemplative... Puis on sort de la trace pour faire la sienne, au gré des bosses et des envies. La neige est ici est assez profonde, mais la contemplation du décor supprime toute pénibilité. Finalement, on vise la crête à l’est de l’Aiguillette du Brévent, pour ensuite y monter par le fil.

Un gros nuage est venu stationner au-dessus de la montagne, changeant le blanc pour des nuances de gris et de bleu. On suit la crête jusqu’à la Pointe de Lapaz, en attendant que celui-ci se pousse. Puis on refait un aller-retour purement contemplatif vers l’Aiguillette du Brévent, sur ce merveilleux fil entre ciel et neige... Toute la montagne pour soi tout seul, dans des conditions aussi magnifiques... On ne s’en lasse pas...

19h, la lumière jaunit, on poursuit la crête pour revenir à l’Aiguillette des Houches, faisant la trace toujours. Visiblement, seule la population locale quadrupède a parcouru cette crête plus tôt.

Maintenant, c’est au tour du Mont Blanc de faire le spectacle, se transformant progressivement en Mont Jaune, Mont Orange, Mont Rouge... On assistera à cela sur le petit collet juste sous l’Aiguillette.

Mais tout spectacle a une fin, et tout le décor se retrouve finalement entièrement dans l’ombre grise bleutée. Suivant la trace des skieurs, on plonge directement par quelques raides pentes sur le plan de Benoï, pour rejoindre le chemin de montée sans faire le détour par les chalets de Chailloux. Puis c’est la longue descente du chemin en forêt alors que la nuit tombe... Fin de la balade vers 21h.