L’arche du ravin des Aiguilles

Difficulté :
Difficile
Dénivelé :
600m
Durée :
5h

.........Il s’agissait comme d’un trou dans la pente herbeuse, un gros trou, vertical, et dont on ne voyait pas le fond ! – Auteur :

Accès

Aller à Lus-la-Croix-Haute par la D 1075. Puis rejoindre La Jarjatte.
Aller au pied de la station de ski.
Continuer sur la "route de la Plainie" jusqu’à la fin du goudron (2 km)
Stationnement pour les voitures devant la maison.

Précisions sur la difficulté

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Sortie nécessitant de bonnes connaissances en matière de rappels sur corde (rappels non difficiles, mais pouvant être malcommodes). Rocher de l’arche, et sous l’arche, de médiocre qualité nécessitant des précautions.
Il faut aussi être à l’aise en descente dans une pente raide (terre + herbes).

Corde pour rappel de 30 m. Spits en place.
Matériels d’assurance. Casque.
Piolet + bâton rigide.

Séance de pierrier pour l’accès.
Torrents à traverser : obstacles dépendants de la saison, mais à ne pas négliger.
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Les infos essentielles

  • Carte IGN : 3337 OT - Dévoluy - Obiou Pic de Bure
  • Altitude minimale : 1260 m
  • Altitude maximale : 1840 m
  • Distance : environ 6 km
  • Horaires : comptez 4-5 h
  • Balisage : aucun
Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

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Partir de La Jarjatte, en suivant le GR de pays, le long des pistes de ski, en direction du col des Aiguilles.

Monter jusqu’aux dernières végétations (1700 m - 1750 m) et commencer la traversée à droite, à l’horizontale, en direction du vallon du col du Bouffet (pierrier raide mais stable).

Traverser le grand pierrier (direction sud) sous le Haut Bouffet, en légère descente afin de faciliter les efforts.
Rejoindre les 2 ruisseaux qui descendent dans ce vallon et les traverser aussi (passages à bien choisir car leurs rives peuvent être hautes, raides et meubles).

Viser à droite (cad en rive gauche de ces 2 ruisseaux) le petit vallon (orienté vers l’est) qui remonte au col herbeux (1840 m – voir photo) dans le contrefort nord du Roc de Garnesier : éboulis pas trop méchant en partie basse, puis herbes ensuite. On se trouve au niveau des pentes herbeuses supérieures.

Du col 1840, descendre le cône sur son autre versant (ouest). Rester en rive droite de son axe. Faire un bref crochet à droite pour éviter la dalle rocheuse fermant la partie basse du cône (10 mètres bien raides, avec des marches hautes ; bâton rigide très rassurant + piolet). On est arrivé sur la pente herbeuse inférieure.

Continuer la descente en restant à droite du pierrier. On atteint rapidement le bord du puits. Attention aux bordures d’herbes, surplombant le puits, qui pourraient présenter des fragilités et se détacher sous vos pieds, de la même façon que des corniches de neige !

Les 2 spits du premier rappel se trouvent sur le dernier caillou du bas (un bloc cubique, de 50 cm de côté, sert à poser une sangle d’assurance, le temps des manœuvres de corde).

Rappel de 30 mètres de long, qui n’est pas vertical, dans le fond rocheux d’écoulement des eaux. La roche est de mauvaise qualité, mais est assez bien nettoyée des graviers. Faire quand même attention de ne pas détacher de pierre.
On arrive sur la terre du fond du puits. Ce fond est pentu, en terre meuble, et ne permet pas de circuler librement : rester assuré au rappel.
La fenêtre latérale se trouve à gauche en descendant en rappel, à une dizaine de mètres à remonter.

Les 2 spits du second rappel se trouvent tout en bas du puits, sur la rive droite de son fond (place très réduite et malcommode si l’on est plusieurs : ou bien tailler une terrasse dans la terre). A cause de la mauvaise qualité du rocher, les spits n’ont pu être posés qu’en partie basse du mur, et sont susceptibles d’être endommagés par des chutes de pierres.
Ce rappel fait une petite vingtaine de mètres pour arriver dans les herbes inférieures (10 mètres sont verticaux).

Descendre facilement le talus, à pied, jusqu’au ruisseau des Aiguilles (traversée à chercher pour avoir la plus facile). Rejoindre le GR de pays. Descendre à La Jarjatte.

NB :
Les pentes herbeuses, supérieures et inférieures, peuvent être visitées. Des traces de chamois sont présentes et facilitent les déambulations qui, parfois, sont délicates. Rien n’a été remarqué de particulier lors de cette fois-ci.
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Souvenirs de la première fois :

Du sommet de Serre Long, je scrutais aux jumelles les reliefs alentours…
Il y avait de quoi faire !
La lumière était si belle que le spectacle n’en finissait pas.

Plongeant dans le ravin des Aiguilles, direction la Jarjatte, l’observation s’est tout à coup figée sur un « truc » bizarre. Il s’agissait comme d’un trou dans la pente herbeuse, un gros trou, vertical, et dont on ne voyait pas le fond.
En fait, c’était un puits.
Ce puits, donc, se trouvait juste en bordure d’une falaise.
Seul un fin pan de roche, délimitant son bord extérieur, empêchait à ce relief étonnant de s’éventrer dans le fond du vallon. Le diamètre paraissait assez important ; peut-être une dizaine de mètres !
Je regardais cela avec attention car il est rare de pouvoir détecter de tels volumes qui ne soient pas signalés sur les cartes.

Cette après-midi-là, le retour devait se faire côté col du Festre, et non vers la Jarjatte. Il fallait donc en rester là de ces observations.
Mais à l’ordinateur, la recherche fut enclenchée, et elle ne fut pas longue.

Le blog de Pascal Sombardier signalait une arche, justement sur le côté droit du GR de pays, en montant depuis La Jarjatte vers le col des Aiguilles, c’est-à-dire pile dans la zone de ce relief étonnant. Le commentaire était minimaliste : un nom, « arche de Serre Long », mais aucune photo.
Sur Altituderando, Laurent avait mis une photo montrant cette arche, mais avec un point d’interrogation, faute d’en avoir su plus. (voir avant-dernière photo).
Sur Altituderando également, Dyn’s y avait fait allusion, en restant mystérieux sur la localisation... (voir avant-dernière photo également).
Sur leur blog, Yougs et Claire indiquaient qu’ils étaient allés au pied de la falaise dans laquelle s’ouvre cette arche. Mais, comme elle n’est accessible, par le bas, que par une escalade, ils n’étaient pas allés sous l’arche elle-même. Par contre les quelques photos mises en ligne la montraient de belle façon.

L’enquête semblait ne pas pouvoir donner plus d’informations.
Toutefois il était évident que le puits observé par en haut communiquait avec l’arche décrite par en bas. Cela rendait cette affaire intéressante. Il n’était pas question d’en rester là. Une sortie était aussitôt programmée pour aller sur place, et faire la traversée sous l’arc de roche.

Le problème d’une telle sortie, c’est le poids du sac à dos.
En effet, en plus de l’habituel barda du « randonneur-qui-aime-bien-sortir-des-sentiers », il fallait ajouter cette fois le matériel pour équiper des rappels. Et oui, parce qu’aller sous l’arche ne pouvait se faire simplement en marchant. Cela signifiait de faire au moins deux rappels de corde. Et que donc ce sont quatre kilogrammes de matériels supplémentaires à mettre dans le sac, sur le dos ! Ouf…

Une liste fut élaborée de tout ce qu’il fallait prendre pour parer aux diverses éventualités d’un tel programme, mais une liste qui fut aussi rabotée de tout l’inutile afin d’en réduire autant que faire se peut le poids final. Un tel travail, d’ajouts puis de retraits de matériels, est le classique dilemme d’un bonhomme qui se crée des projets de « jeune homme » mais qui, malgré tout, affiche un « certain âge au compteur » … !

Bref…

A La Jarjatte, ce matin du 30 septembre promettait d’être parfait : beau temps, soleil, pas de vent, température ni chaude ni froide. Oui, vraiment tout pour plaire, comme le sont certains jours de ce mois où l’automne commence. Personne sur le GR de pays. Calme. Plaisir.

En montant j’observe l’arche : elle est bien là !
« Laisse-moi deux-trois heures de temps, et je serais à côté de toi ».
Il faut aller chercher la voie d’accès en contournant le contrefort nord du Roc de Garnesier par la gauche, dans des pierriers impressionnants de longueur, dont certains blocs ont la taille de cabanes de chantier. Ici, ça ne rigole pas, l’eau ne roule pas pour rien !

Au petit col (1840 m) qui permet d’atteindre les pentes herbeuses de l’approche, un chamois me surveille. Il ne bouge pas encore, compte tenu de la distance respectable entre nous deux. Mais aussi, il ne bouge pas encore parce qu’il n’est pas certain que je vais venir vers lui : « Inutile de se fatiguer, doit-il penser, si ce n’est pas nécessaire ».
Sauf que si, je viens vers lui.

Par petits pas, le chamois se décale, un peu seulement, et attend encore de voir. Il veut vérifier jusqu’au bout.
Finalement, me voyant opter pour la montée vers lui, au col, il démarre son échappatoire, calmement. Puis s’arrête encore. Reste en suspens, comme fixé.
J’ai tout le temps d’en faire des photos.
Mais les choses vont reprendre leur cours normal, et à peine ai-je fait vingt mètres supplémentaires que sa course est lancée en travers du pierrier. Cela faisait presque dix minutes que je montais péniblement vers lui. En quinze secondes, il a disparu du quartier, me rendant brutalement à la solitude…

Le bord de l’arche est là.
Méfiance, car cette bordure pourrait être traitresse : en-dessous c’est un cône d’éboulis raide dans lequel la terre, les pierres et les pans d’herbes sont engloutis lorsqu’un orage puissant s’abat ici.
Calmement, j’installe les spits, pose la corde, et descends.
Tout va bien, le cône est relativement propre et, moyennant de choisir les appuis de pieds, rien ne tombe.

Le fond du puits est atteint.
Ce n’est pas profond, environ une quinzaine de mètres. Mais ici l’inclinaison du sol, qui est en terre meuble, est forte et il ne serait pas question d’y tenir sans l’aide de la corde. Ça dérape, d’ailleurs. Je dois m’employer avec le piolet, pour traverser vers la rive droite.

Ce que j’avais intuité se confirme : il y a une fenêtre latérale à l’arche, qui permettrait de déboucher sur de petites terrasses herbeuses dans la falaise. Mais l’inconvénient de la progression sur ce fond, l’envie aussi de ne pas trop passer de temps sous cet arc de roche, dont la qualité est plus que douteuse, me font abandonner l’idée d’aller visiter cette fenêtre. Je la laisse : ce sera pour d’autres audacieux qui en auraient l’envie.

A vue d’œil, l’arche doit faire 6-7 mètres de large, et peut-être un peu plus en hauteur. Ce sont finalement de belles dimensions !

Arrivé à sa bordure basse, il faut installer le second rappel. Avec le piolet-marteau, j’ai beau tester la roche, partout les sons sonnent creux ! Rien ne tient vraiment ici. Bigre… Sauf à ras du sol, où le rocher semble franc.
Pourvu que l’arche ne s’écroule pas lorsque la perceuse à percussion entrera en lice… ???
Je me résous à forer les deux trous à ras le sol, ce qui n’est pas la meilleure solution, puisqu’une chute de pierres pourrait venir endommager ces spits. Mais quoi faire d’autre ? Pour le moment, ils tiennent bien.

La corde.
Dix mètres de rochers, tout à fait verticaux, donnent pied sur le talus d’herbes.
C’est fini.
Voilà une visite qui s’est bien déroulée. Heureusement !

Une dernière photo, faite depuis le versant d’en face, montre l’arche dans toute sa lugubre présence. Oui, elle se trouve dans l’ombre du grand contrefort nord du Roc de Garnesier, et n’offre ainsi guère d’attrait. Peut-être qu’avec un soleil plus vertical, pendant les mois de mai-juin-juillet, et en début d’après-midi, serait-elle plus sympathique si quelques rayons descendant droit dans le cône illuminaient son œil de cyclope… ???
Va savoir ??

Ne reste plus qu’à rentrer à la voiture, puis à la maison.
Belle sortie !
Bien passée…
Tout baigne.
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Remarque :

L’appellation initiale « d’arche de Serre Long » n’apparaissait pas adéquate. En effet, géographiquement, cette arche ne se trouve pas dans le « bloc rocheux » du sommet de Serre Long. Après discussion, le choix du nom « Arche du ravin des Aiguilles » est ressorti comme mieux adapté. D’où le titre de ce compte-rendu.
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. Randonnée réalisée le 30 septembre 2021

. Dernière modification : 31 octobre 2022 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

Réagissez !

  • Bravo pour l’exploration, François.
    Les photos permettent de te suivre, comme si on était avec toi, en immersion dans ces contreforts du Roc. Superbe !

    Je me rappelais de l’avoir évoqué également dans une de mes sorties sur AR, et effectivement après une recherche parmi mes nombreux passages dans ce ravin des Aiguilles, j’ai enfin trouvé :

    Le 6 octobre 2021 à 11h09
  • Bonjour Dyn’s,

    Bon et bien tant mieux si les photos permettent de suivre le cheminement !
    Altituderando est fait pour cela, n’est-ce pas ??

    Quant à retrouver cette photo de l’arche - que tu avais mise en ligne - je n’y étais pas arrivé tout seul. Heureusement que tu m’aides, parce qu’au milieu des milliers de photos que tu as produites... ! La tâche était insurmontable.

    Mais ce manque est maintenant corrigé.

    Le 6 octobre 2021 à 15h28
  • Salut François,

    Tu as répondu à mes interrogations de 2008 !! quant à l’esthétisme de cette arche :
    https://www.bivouak.net/photos/photo-11879-arche-en-montant-au-col-des-aiguilles-sport-2.html

    Je suis curieux de savoir qui a posé les spits ? C’est toi ? ou ils étaient déjà présents ?
    Continue à nous ouvrir les yeux avec tes belles "explorations".

    Seb

    Le 7 octobre 2021 à 19h55
  • Bonsoir SebL,

    2008 !
    Bigre...
    C’est déjà loin.

    Ta photo me rappelle un souvenir, effectivement.
    Mais je ne savais plus où la retrouver.

    Tu écrivais "...que l’on doit pouvoir monter dessus (l’arche)".
    A mon humble avis, il vaudrait mieux ne pas essayer. D’abord parce que c’est assez étroit. Mais surtout, parce que le rocher est médiocre. Et qu’il vaudrait mieux ne pas favoriser une accélération de l’érosion naturelle des sols, et laisser le gel, le vent et les eaux faire leur oeuvre tout seuls.

    Oui c’est moi qui ai posé les spits.
    C’’est pour ça que je me plaignais du poids su sac à dos, car entre la perceuse à percussion, la batterie, les spits (10 spits = 1 kg), plus les sangles pour les relais, le maillon rapide pour rappeler facilement la corde.... le sac change vite.... " de présence" sur les épaules !

    A+
    François

    Le 7 octobre 2021 à 20h49
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