Le Ranc-Traversier, par la Grande Vire et la rampe Pagran

Difficulté :
Alpinisme PD
Dénivelé :
1200m
Durée :
1 jour

Jusqu’à peu en arrière, la vire de Serre-Brion était la seule vire pratiquée dans la partie des falaises qui constituent la barrière est du Vercors, entre le pas de la Balme et le Grand Veymont. Au cours des étés 2012 et 2013, un long parcours de vires aériennes, voire très aériennes, a été mis au jour. Il commence au nord au niveau de la 6e tour du Playnet, et se termine au sud juste avant Malaval, au col 2012 m. Ce parcours est probablement le plus long connu dans le Vercors, et peut-être même au-delà, car il fait un peu plus de trois kilomètres. Sa longueur, ses parties techniques nécessitant des manœuvres de corde, son âpre beauté en font un summum en termes de Randonnées du Vertige. La Grande Vire du Ranc Traversier n’en est qu’une partie : le quart côté sud, dont la rampe Pagran en constitue le point d’orgue. – Auteur :

Accès

Depuis Monestier-de-Clermont, aller à Saint-Andéol, puis jusqu’à Bourg Menu, par la route.
Parking un peu au sud du lieu-dit Bourgmenu, au départ du sentier (4 ou 5 places de voiture, seulement).

Précisions sur la difficulté

Randonnée du vertige très engagée, avec de nombreux passages en bordure du vide ne tolérant aucune faute d’équilibre.

Un rappel de 25 m au départ de la vire de Serre-Brion (bien descendre jusqu’au fond du pierrier pour trouver les 2 spits du rappel ; tirer sur la gauche en descendant le rappel, pour atteindre la vire).

Remontée de la rampe Pagran plus simple que l’on pourrait craindre (ce n’est pas de l’escalade, mais plutôt comme un escalier raide).

Piolet utile pour la remontée du dernier grand cirque.

Forte chaleur dans cette face est, aux beaux jours de l’été.

Les infos essentielles

  • Carte IGN : Top 25 - 3236OT - Villard-De-Lans/Mont Aiguille/PNR du Vercors
  • Altitude minimale : 1026 m
  • Altitude maximale : 2090 m
  • Dénivelé total : D+ environ 1200 m
  • Distance : environ 8 km
  • Horaires : comptez entre 9 h et 10 h
  • Balisage : aucun, mais une belle trace de bête tout du long
Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

La marche d’approche se fait par le sentier du pas de Serre-Brion, versant est de la barrière de falaises du Vercors.

Il faut aller jusqu’au bout de la fameuse vire de Serre-Brion (extrémité sud). Au lieu de remonter le couloir qui mène au pas, il faut le descendre. Avant de descendre, et par précaution contre le risque de pierres envoyées par les chamois du dessus, poussez quelques cris qui feront aller un peu plus loin ces éventuelles bêtes… Soyez attentifs, et osez descendre jusqu’au bout du pierrier. Franchir (à la descente, bien sûr) un bloc de 1 mètre de haut pour accéder à une espèce de "terrasse", sur laquelle vous trouverez, rive gauche, les 2 spits du rappel.

Un rappel de 25 m est juste suffisant.
Pour accéder directement à la vire, et pendant le rappel, tirer à gauche sous la paroi surplombante. Vous serez de plus protégés des pierres.

La vire commence là, avec une trace qui ne fera qu’aller en s’améliorant. Elle joue les montagnes russes, faisant franchir d’abord 2 éperons, puis un petit couloir en forme de cône terreux (passage délicat sur 15 m de long), puis enfin 2 derniers éperons.
Vous êtes arrivés au bout de la Grande Vire du Ranc-Traversier.

Ensuite, c’est l’histoire de la rampe Pagran.
L’accès à la rampe se fait par un passage délicat et exposé sur 10 mètres.

Cette rampe Pagran est rocheuse sur sa droite, d’un caillou friable, recouverte d’une couche de terre mais par endroits insuffisante en épaisseur. Ce secteur n’est pas vraiment accueillant. La partie gauche, elle, est herbeuse. C’est déjà plus sympathique, mais toutefois bien impressionnant. L’ensemble est fortement pentu, d’une inclinaison qui, à l’estime, doit être environ 35°- 40° d’angle. Mais cette rampe est plus impressionnante que réellement difficile.

Chercher un vague éperon rocheux, dans la partie centrale, au calcaire tout à fait satisfaisant même s’il est recouvert de cailloutis, et le remonter droit vers le haut. Une fois mis en confiance, tout se déroulera facilement jusqu’en haut. Arrivés sur la crête sommitale, osez (mais pas trop quand même) faire le funambule sur l’arête aigüe : vous aurez alors la sensation d’avancer entre 2 précipices insondables ! La salle à manger se trouve tout au bout, au-delà du petit téton rocheux, sur un espace dont l’herbe épaisse fournira les meilleurs sièges possibles (nombre de places limité…).

Option : au cas où la rampe Pagran apparaisse trop rebutante, il existe une façon honorable de continuer la balade : il faut simplement faire demi-tour sur la vire, jusqu’à l’endroit du rappel.

Prendre alors la suite du couloir de Serre-Brion, vers le bas, dans un éboulis largement assez stable (même précaution en ce qui concerne les chutes éventuelles de pierres). A la sortie de ce couloir étroit, aller sur la rive droite rejoindre un plus vaste entonnoir herbeux. Continuer la descente dans cet entonnoir, jusqu’au bas. Les 20 derniers mètres sont à nouveau en terre durcie par les ravinements et nécessitent là encore le piolet. Le pas de sortie est un peu amusant : il faut se mettre à plat ventre sur le gros caillou rondouillard qui ferme la ravine, laisser ses jambes pendre pour attraper de bonnes marches en-dessous dudit caillou. Cela paraît difficile, mais quand on connait la combine, c’est finalement très aisé. Les quelques derniers mètres sont sans souci, même s’ils peuvent inquiéter vus d’en haut : bien rester en rive droite contre le rocher.

Ce n’est pas complètement la fin.
Il faut quitter cette zone de risques que sont les pentes sous les barres et les falaises : en effet, on n’y est toujours pas à l’abri (j’ai vu une pierre, bien ronde, descendre presque jusqu’au sentier du Périmètre !). Ne pas rester dans la trace tentante de l’éboulis qui continue droit en-dessous, mais emprunter l’éperon herbeux juste à droite (en descendant), car les pierres « choisissent » plus les ravines et « évitent » mieux les éperons...
Aller au plus rapide pour retrouver le sentier du Périmètre et sortir de la zone exposée.

Sinon, dans le cas où la rampe Pagran vous ait plu, continuer l’aventure vers le sud.
La trace des bouquetins est maintenant très nette, parfois même très confortable. Il faut toutefois rester bien concentré car la vire devient beaucoup plus étroite qu’avant. Vous vous engagerez alors dans une nouvelle série de montagnes russes, d’un effet très ludique, et qui, à chaque nouvel éperon, vous émerveillera chaque fois un peu plus.
Le dernier cirque, qui fait faire une descente et une remontée un peu longues, est plus que magnifique… !
Là encore, osez avancer, prudemment, et vous vous retrouverez au cœur d’une montagne inoubliable.

La sortie se fait lorsque l’on sent la crête toute proche, en tirant vers la droite le long de la barre rocheuse. La trace vous mène vers une petite brèche à laquelle on voudrait ne pas arriver trop vite pour profiter encore des sensations si puissantes éprouvées jusque-là.

Point coté 2012 : vous êtes sur la crête !
Le versant ouest de la barrière du Vercors vous accueille, avec tout son confort herbeux, ses pentes douces et rassurantes. Mais l’esprit reste encore dans l’ambiance hors du commun de cette Grande Vire du Ranc Traversier.

Pour rentrer chez soi, il faut suivre une autre trace de bouquetin, vers le nord cette fois, et retourner au pas de Serre-Brion. Là, la descente vous remettra un moment supplémentaire dans l’atmosphère de la journée. Puis le cheminement en lacets, au pied des falaises, procurera de nouveaux panoramas éblouissants.

. Randonnée réalisée le 30 juillet 2013

. Dernière modification : 11 juillet 2023 (Avertissements et Droits d'auteur)

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  • Les photos me sont familières après avoir passé beaucoup de temps sur tes précédentes publications, au sujet de ces vires. Un sacré fait d’arme. Quelles explorations et mises au point de ces itinéraires extraordinaires que vous avez réalisées dans ce secteur, entre le pas Morta et Malaval, en 2012-2013. J’irais jusqu’en 2014 avec la première intégrale de La Traversée. Un summum de la rando du vertige, à jamais associé à ton nom. Comme tu le sais, j’ai déjà commencé à me familiariser avec certains tronçons. Et il est certain que cette rampe Pagran est dans mes grands objectifs de l’année prochaine. Je ne sais pas si tu as vu la dernière sortie datée du 1er août, publiée sur C2C, avec les ancolies sur le retour. Les photos y sont superbes et j’ai comme l’impression qu’il a dû zieuter aussi sur mon topo de juillet avant de s’y rendre. En tous cas, j’invite vraiment les amoureux de ces parcours à consulter l’historique, les repérages publiés qui ont mené à ces réalisations. C’est passionnant. Aventure majuscule. Bien à toi.

    Le 9 novembre 2020 à 21h46
  • On n’imagine pas de tels passages, à voir cette barrière du Vercors qui parait infranchissable.
    Déjà parcourir ses crêtes en accédant aux différents Pas (accessibles au commun des mortels !) procure un grand bonheur, alors j’imagine en voyant ces photos....Elles font à la fois peur et envie, et c’est vous que j’envie !
    Merci pour le partage.

    Le 9 novembre 2020 à 22h41
  • Bonjour Vermatoiz et bibox,

    @Vermatoiz,

    Comme toi, quand je regarde ces falaises d’en face (par exemple depuis le Serpaton) je suis interloqué de savoir qu’il y a là un passage - aérien certes ! - mais faisable quand même.
    C’était un peu la même sensation quand j’observais les voies d’escalade, après les avoir faites.
    Sauf que dans le cas des Randonnées du Vertige, je trouve la sensation de liberté encore plus grande qu"en escalade.

    En effet il n’y a pas l’usage de la corde.
    On peut donc déplacer de quelques mètres à droite ou à gauche.
    Parfois un emplacement - vaguement plat - donnerait presque l’envie d’y planter une tente pour une nuit (si ce n’était le risque de chute éventuelle d’un caillou !).

    Et puis - comme tu l’écris - il y a les parcours des crêtes. Ceux-là aussi sont superbes ! Et je ne me prive pas d’en profiter également : confer l’arête NO du Rognon...

    Amicalement

    @ bibox,

    Oui bien sûr les photos sont les mêmes que sur les autres sites... !
    Je ne suis allé sur place qu’une fois seulement (sauf sur le début et sur la fin de la Grande Vire).

    C’est évident que cet été 2012 a été une belle réussite.
    Précision : la première intégrale, par Rafael Rodon, et en solo, a eu lieu le samedi 27 juillet 2013. Il avait ce jour-là réussit quelque chose de très grand, qui avait eu entre autre conséquence de me décider à retourner sur place pour faire la rampe Pagran : ce mardi 30 juillet de la même année, j’étais avec PatDeGap. Un souvenir magnifique !

    Quant à tes photos : une fois qu’on les a regardées, ce sont de pures incitations à aller soi-même au même endroit...
    Voilà pourquoi les gens suivent tes parcours.

    A une prochaine !

    Le 10 novembre 2020 à 15h29
  • C’était un clin d’œil pour dire que je connaissais déjà cette belle traversée réalisée avec PatDeGap, en aucun cas une remarque évidemment.

    Après, pour 2014, je crois que l’on ne parle pas de la même chose car je pensais à la réalisation de Raf Rodon sur l’ensemble des vires du secteur et pas sa première traversée de la Grande Vire présentée ici. C’est de cette intégrale aussi dont je parle, pour faire écho à ton texte d’accroche, comme d’un summum de la rando du vertige puisque tu l’évoques aussi sur la dernière photo. Les 3 kilomètres, le nec plus ultra. T’inquiètes, je connais les dates pour 2013 sur cette rampe Pagran. Juste dommage de ne pas avoir atteint le col 2012 en 2012 ahah 🙂

    À une prochaine !

    Le 10 novembre 2020 à 16h59
  • bibox,

    Tu as raison, et je me trompais sur les dates...

    La traversée complète, depuis Morta jusqu’au col 2012, par Raf c’était bien en 2014 comme tu l’écris tout en haut : le 21 juin.

    La date du 27 juillet 2013 dont je parle, c’est en fait une traversée depuis le couloir de la Peyrouse seulement, jusqu’au col 2012, par Raf toujours. Il était en fait parti pour trouver l’accès à l’arche au Gorille, qui se trouve dans ces rochers du Ranc Traversier. Et finalement, il a enchaîné les vires qui étaient au sud de cette arche.
    Voilà : j’avais oublié le détail de tout cela. Et j’ai vérifié dans l’historique de mes courriels.

    Sinon pour le col 2012, je l’ai bien reconnu en juillet 2012 quand même.
    Je n’en parle pas, de ce jour-là, car je n’avais pas réussi à faire la traversée de la Grande Vire. Je n’avais parcouru qu’une partie de la vire - la partie sud. C’était à titre de reconnaissance seulement, pourrait-on dire.

    D’ailleurs, ce jour-là, l’ambiance était bien lugubre car il y avait beaucoup de brouillard. Et découvrir cette vire dans un tel contexte, c’était un peu rude ! J’y allais mollo.

    L’avantage du brouillard, c’est que tu ne vois pas en bas ce qu’il y a. Je veux dire : tu ne vois pas le vide qu’il y a sous toi....
    C’est un bon côté de la chose,
    ...en quelques sorte...

    Le 10 novembre 2020 à 20h45
  • Laurent

    Salut François, rando faites ce jour , superbe , tout déroule bien sauf l accès au rappel que je trouve expo , j ai fait le retour depuis le Ranc Traversier par la vire des Ancolies, belle boucle ,météo magnifique

    Le 26 juin 2021 à 21h07
  • Bonjour Laurent,

    Bien content que tu sois allé faire cette randonnée du vertige. Il semble que cela t’aie plu.

    Pour ce qui est de l’accès au rappel, effectivement il est un peu exposé. Pour ma part, j’ai pris l’habitude de le faire face au vide, les fesses posées sur le rocher et, grâce à mes longues jambes, je peux prendre appui sur une prise pied gauche. Cela permet alors de descendre plus facilement sur la "terrasse" en-dessous.... Chacun sa méthode.
    Toutefois je pense que ce pas d’accès au rappel est moins exposé et délicat que la petite descente à faire sur la vire des Ancolies, là où elle est semi-écroulée ......voir photo de bibox : https://www.altituderando.com/spip.php?page=album-photo&id_rando=15502#&gid=1&pid=80

    En tout cas bravo pour cette sortie, et merci de ton petit mot à ce sujet.

    Le 27 juin 2021 à 11h59
  • Salut François , c ’était une très belle boucle , je connais bien le secteur et je voulais faire ce circuit depuis un moment dèja , l’accès au rappel est un peu expo , mais avec un peu de concentration et sans precipitation , ça passe bien , Merci pour les Photos de bibox.

    Savais tu que la partie semi ecroulée de la vire des Ancolies est maintenant équipée d’un cable avec goujons et plaquettes , grand Confort !

    Si tout va bien en fin de semaine je vais sur la Toupie d’Agathe , tu connais j’imagine ?

    A très bientot , laurent

    Le 28 juin 2021 à 17h50
  • Bonsoir lolo38,

    De la chance que je lise votre commentaire par rapport à la vire aux ancolies. Si le passage délité est maintenant équipé, cela nécessite des modifications sur le topo que j’ai publié ici ! Pourriez-vous me le reconfirmer svp car si je modifie, juste pour être sûr dans ma tête (lol), j’aurais besoin d’une double affirmation. Si ça vous disait de m’envoyer une photo (que je n’utiliserai pas sur le topo, ni ailleurs bien sûr, sauf votre aval), c’est possible dans la rubrique contacter l’auteur sur ma page profil.

    Bien à vous, bravo pour cet enchainement grande vire du ranc traversier, vire aux ancolies ! Et merci pour votre commentaire par rapport à mes photos.

    Rémi

    Le 28 juin 2021 à 18h31
  • Bonsoir Laurent,

    Pour la vire aux Ancolies, non je n’avais pas l’information de ce câble. Cela me paraît tout à fait logique que cet équipement ait été fait, car cette belle vire ne pouvait pas rester avec ce "point noir"...

    Pour la Toupie d’Agathe, oui je la connais puisque Pascal Sombardier m’avait invité à venir la voir le jour où il l’avait équipé des spits. Belle ambiance également.
    Bonne journée.

    Le 28 juin 2021 à 23h02
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