Les cornéennes de l’Ile Milliau, ou : Milliau par les rochers

Difficulté :
Moyen
Dénivelé :
20m
Durée :
2h

La plupart des visiteurs ne voient en l'Ile Milliau que la carte postale romantique sur fond de lande et de granite. Mais pour l'amateur de spectacles minéraux, la côte sud-ouest de l'île présente un décor extraordinaire à base de cornéennes enrubannées. – Auteur :

Accès

Parking conseillé : grand parking du port à Trébeurden

Précisions sur la difficulté

  • Balade contrainte par les horaires de marée : impossible certains jours. La mairie de Trébeurden met à disposition les horaires de passage sur Internet (actuellement ici)
  • Marche en terrain rocheux (type éboulis/pierrier) et forte probabilité d’avoir à "mettre les mains" en certains passages
  • A ne pas envisager par temps de pluie

Les infos essentielles

  • Carte IGN : pas indispensable.
  • Altitude minimale : 0 m
  • Altitude maximale : 30 m
  • Distance : 2 ou 3 km
  • Horaires : comptez entre 2 et 3 h au max, selon le créneau de marée
  • Balisage : aucun
Sensibilisation

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Itinéraire

Si l’Ile Milliau, à Trébeurden, attire les visiteurs, c’est, et bien, parce que c’est une île : accessible à pied deux ou trois heures par jour au grand maximum, et encore pas tous les jours, et même pas tous les mois. Alors jugez si c’est romantique.

L’intérieur de l’île n’est pourtant pas exceptionnel dans la mesure où de nombreuses pointes ou presque-îles du littoral peuvent offrir le même genre de paysage : un ancien corps de ferme rénové en gîte, de maigres prés arrachés à la lande, une petite allée couverte ; et des amoncellements de granite surgissant d’une fourrure d’ajoncs, bruyères et pruneliers. Les suggestions de balade sur l’île abondent sur le net, de toutes façons il n’existe guère que deux sentiers.

Mais là où l’Ile Milliau est beaucoup plus exceptionnelle, c’est lorsque l’on s’intéresse aux rochers de sa côte sud-ouest. Il s’est passé là, dans le vieux vieux temps, des choses extraordinaires. Lorsque le magma granitique a rencontré des roches sédimentaires plus anciennes, il les a recuites selon un phénomène appelé "métamorphisme de contact". La roche résultant de ce métamorphisme s’appelle "cornéenne", elle est bien plus résistante que les grès et les argiles originaux, et surtout elle présente un faciès rubané extraordinaire. On pense à des tissus, des code-barres, les dessins d’un graveur fou ; et cela cohabite avec le granite de la manière la plus tranchée qui soit : jamais de mélange, toujours des inclusions, des superpositions, des veines.
Jusqu’à la pointe nord-ouest de l’île, les spectacles de cette cohabitation se succèdent. Puis c’est un retour brutal au granite sur toute la côte nord-est.

Depuis le parking du port, partir dans la direction de l’île. Entre elle et le randonneur, en bout de quai, se dresse un petit tertre boisé : c’est le Castel. Un sentier en fait le tour (les horaires de passage sur l’île sont souvent rappelés sur un panonceau à l’entrée de ce dernier) : je vous propose de le prendre sur la droite, et de réserver l’autre branche pour le retour.
De l’autre côté du Castel vous voyez un premier isthme dégagé par la marée, et un petit amoncellement rocheux ; il faut traverser ce dernier pour accéder au deuxième isthme, qui conduit à l’île. Une fois sur cette dernière, ignorez le départ du sentier et prenez bien franchement à gauche dans les rochers. Presque tout de suite vous allez rencontrer les premières formations noires et déchiquetées, à laquelle des tapis de balanes (minuscule coquillage qui fait penser à un "bébé patelle") donnent souvent un aspect de glaçage au sucre.

Vous allez également rencontrer les premières formations rubanées, souvent sous la forme de galets mais aussi d’incrustations. On est évidemment tenté d’explorer partout, mais gardez toutefois un œil sur la "falaise" à droite. Car c’est dans cette falaise, après quelques minutes, que vous allez rencontrer l’une des formations les plus spectaculaires du site : les "bancs de toile à matelas" (photos 8 et 9), qui ont les proportions d’un véritable canapé (vérifiez cependant l’état du granite passablement altéré qui constitue le "ciel de lit" avant de vous installer pour la photo...)

Après cela ce n’est plus la peine de serrer le bord de l’île. Vous allez contourner une petite pointe après laquelle vous aurez en vue l’extrémité nord-ouest, reconnaissable à son promontoire rocheux détaché comme un petit donjon (photo 17). A vos pieds, la roche forme maintenant des pierriers bicolores, ou encore d’étranges dallages ; le contraste avec les blocs granitiques plus "traditionnels" qui coiffent l’île est saisissant.

Plus on se rapproche de la pointe nord-ouest et plus l’on risque d’avoir à "mettre les mains" car les blocs de granite deviennent de plus en plus massifs (il y a peut-être moyen de passer au plus bas en serrant la mer mais je n’ai jamais essayé). Gardez à l’esprit que même si ces rochers sont débonnaires, il y a tout à fait moyen de se retrouver coincé si on y grimpe avec un peu trop d’enthousiasme.

A la pointe nord-ouest, l’on trouvera de grandes dalles de granite. C’est là que vous avez le choix entre deux options (après un bon coup d’œil à la montre) :

  • remonter sur l’intérieur de l’île, où le sentier (variante centrale sur le tracé) vous ramènera au Castel en un gros quart d’heure, en passant à proximité du gîte et de l’allée couverte. Cela peut être une bonne façon d’avoir le beurre et l’argent du beurre de l’Ile Milliau.
  • continuer par les rochers de la côte nord. Cela se fait en une grosse demi-heure, mais je ne le conseille que si vous êtes préparé à mettre les mains sur du gros granite râpeux, dont le faciès ou les formes n’ont rien de particulièrement exceptionnel ; par contre on a la satisfaction de faire le tour de l’île sans poser le pied sur un sentier (et, avec un peu de chance, dans une solitude étonnante). A noter que si vous choisissez cette option, il faut passer sous les grandes dalles de la pointe pour accéder facilement aux rochers nord.

Une fois repassés les deux isthmes, en été les petites plages sud sous le Castel ont des allures de lagon qui invitent à la baignade. Pour repartir, on prendra cette fois le sentier du côté sud du Castel, qui passe à côté de quelques rochers remarquables, mais tout de granite : les cornéennes de Milliau sont déjà loin...

. Randonnée réalisée le 28 août 2021

. Dernière modification : 31 août 2021 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

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  • Merci pour cette passionnante leçon de géologie...

    Le 31 août 2021 à 08h35
  • Merci. Magnifique et inattendu.

    Le 4 septembre 2021 à 16h08
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