Pic de Gabiédou (2809m) par le couloir Nord-Est, et Pic de Bouneu (2726m)

De Gèdre, prendre la direction de Héas et du cirque de Troumouse par la D 922. Se garer sur le parking de l’auberge du Maillet.

• Course d’alpinisme cotée AD inf (probablement moins les années de fort enneigement).
• Les difficultés sont concentrées dans un couloir d’environ cent mètres à 45° au départ, entrecoupé d’un ressaut rocheux d’une dizaine de mètres en mauvais rocher (II+/III) très exposé, et se terminant à 50°.
• De tout le parcours, seul le couloir relève de l’alpinisme. Il est possible de rejoindre le sommet du Pic de Gabiédou sans passer par celui-ci, en rejoignant le Port de la Canau et en longeant ensuite l’arête sommitale versant espagnol. Dans ce cas cette course se décote en randonnée difficile.
• Bien que l’itinéraire soit évident, ce parcours se déroule en terrain de haute montagne et sans aucun balisage, sens de l’orientation nécessaire.

Vers le Pic de Gabiédou :

Du parking de l’auberge du Maillet, poursuivre sur la route jusqu’à arriver à proximité du ravin formé par le ruisseau de Gabiédou. Celui-ci est en forme de parenthèse et est visible dès le départ.

Remonter le ravin dans son intégralité (aucune difficulté grâce à la neige) conduisant à un "étroit" passage entre deux imposantes montagnes rocheuses (pointe 2606 et Tumeu de Bouneu 2597).

La pente se redresse pour franchir un verrou avec possibilité de mixte facile en cas de faible enneigement, et conduit dans le sauvage vallon suspendu du Port de la Canau.

Remonter presque intégralement ce vallon en restant de préférence en rive droite, jusqu’à l’altitude d’environ 2600m.

S’orienter ensuite vers la droite, donc à l’ouest, en direction d’un couloir évident sur la droite du triangle rocheux sommital du Pic de Gabiédou, qui débouche approximativement au niveau du petit col coté 2781 sur IGN.

Remonter la raide pente de neige conduisant à la base du couloir et prendre pied dans celui-ci. Le chenal se redresse à 45° et s’oriente rapidement vers la droite, pour passer par dessus la barre rocheuse qui en formait l’entrée. À partir d’ici la suite devient exposée.

Franchir au mieux un délicat ressaut rocheux d’une dizaine de mètres en mauvais rocher en II+/III.

Il est possible que par très fort enneigement ce ressaut soit recouvert et le couloir plus homogène, la difficulté en serait donc moindre.

La pente de neige située au-dessus du ressaut est à 50° et vient aboutir sur la crête sommitale, à proximité du point IGN 2781.

Longer cette crête entrecoupé de petits ressauts en II vers le Sud, et rejoindre rapidement le sommet.

Vue grandiose sur l’imposante face nord du mont Perdu et la vallée de Pineta !

Vers le Port de la Canau et le Pic de Bouneu :

Du sommet, longer la crête vers l’Est et descendre presque immédiatement dans un petit couloir peu raide en versant espagnol, se terminant par une désescalade facile.

Continuer ensuite à longer la crête vers l’Est en restant toujours en versant espagnol jusqu’au Port de la Canau, et rejoindre ensuite très facilement le Pic de Bouneu.

La vue sur l’intégralité du cirque de Troumouse est à couper le souffle !

Retour :

Retourner au Port de la Canau et descendre en versant nord dans le vallon, à partir duquel l’itinéraire de retour est le même qu’à l’aller.

Notre sortie :

Pour ces vacances de printemps, Mika et moi avions quelques projets pour lesquels nous nous étions préparés tout l’hiver, dans les Écrins et le massif du Mont-Blanc. Hélas la météo de cet fin avril début mai en a décidé autrement... Voyant les jours défiler et lassés d’attendre un temps plus clément, nous y renonçons à contrecœur. Tant pis, ceux-ci seront pour l’année prochaine...

En guise de lot de consolation, nous partons pour un secteur des Pyrénées que j’affectionne particulièrement, la région des grands cirques !

Nous démarrons notre première sortie de l’auberge du Maillet, qui à cette époque de l’année est le terminus de la route pour Troumouse. Dès le départ nous ne pouvons que constater l’important déficit en neige pour la saison...

Après avoir remonté le ravin du ruisseau de Gabiédou, dans lequel subsiste encore une longue bande neigeuse et franchi le petit verrou rocheux, nous prenons pied dans le vallon suspendu conduisant au Port de la Canau. Peu avant celui-ci, nous bifurquons vers l’Est afin de remonter la raide pente conduisant au couloir nord-est du Pic de Gabiédou.

Notre première impression est qu’il semble plus délicat que ce à quoi nous nous attendions.

La première partie à 45° effectue un léger virage vers la droite et conduit très rapidement au-dessus d’une barre, avant de butter sur un ressaut rocheux qu’aucun topo ne mentionnait. Peut-être est-il dû au faible enneigement...

Nous hésitons sur la façon de l’aborder, de plus la déclivité au-dessus semble encore plus prononcée. Mika se lance le premier en grimpant dans la "rimaye" verticale formant un dièdre à droite des rochers. Il progresse pied et piolet main droite dans la neige, et pied et main gauche sur la roche détrempée avant de rejoindre la pente de neige supérieure. Après vérification à l’inclinomètre, il me confirme que celle-ci est à 50°.

C’est maintenant à mon tour de me lancer. Après avoir libéré les prises de la neige sur le bas du ressaut, j’opte pour une autre méthode en passant tout droit. L’escalade n’est pas difficile, c’est à peine du III, mais la roche délitée me reste dans les mains et se déloge sous mes crampons. Je n’ai d’autre choix que de grimper dynamique et ne surtout pas m’arrêter. La transition avec la neige est à nouveau délicate, et c’est avec soulagement que je rejoins Mika sur la belle arête finale.

Tous deux sommes entièrement d’accord, aucun des couloirs que nous avons gravis cet hiver ne nous a mis dans un tel état de tension, et malgré qu’il soit très court, celui-ci est clairement le plus engagé.

Nous terminons les derniers mètres enneigés avant de quitter les crampons et de rejoindre rapidement le sommet. Le panorama est immense et la vue sur l’imposante face nord du mont Perdu est superbe.

Nous descendons ensuite au Port de la Canau en restant légèrement versant espagnol, à partir duquel le Pic de Bouneu s’atteint sans aucune difficulté. De sa cime on embrasse d’un seul coup d’œil l’intégralité du cirque de Troumouse, et la totalité de son parcours de crête qui est une course mythique des Pyrénées.